Dans la galerie du coin
de la rue, je flâne. J’aime remonter le temps au travers du quotidien ou de
l’exceptionnel parfois. Rarement. C’est une balade au fil du passé, au fil
d’autres vies. Des vies à inventer, à improviser.
Il y a là, dans les bacs,
des photos de famille, mariage, baptême, communion, etc.., des moments de
réunion, de liesse oubliés. Ces gens ne sont plus là depuis longtemps mais leur
image a perduré. Leurs descendants ne les reconnaîtraient sans doute pas. Des
photos de voyage cohabitent allègrement aussi avec des œuvres très
personnelles.
Il y a aussi des objets
qui ont eu une vie avant d’arriver dans ce capharnaüm. Ils ont été choisis,
achetés, offerts. Ils ont orné des étagères, des buffets, embelli des
intérieurs, réjoui des yeux. Ils ont suivi chaque instant de d’une existence.
Dans ce méli-mélo de
genre, Molière donne la réplique à Don Quichotte. L’art ethnique lointain
côtoie l’art de la table bourgeois. Un chat me surveille de son perchoir.
« Pas touche ! » a-t-il l’air de me dire lorsque je m’approche
d’une table dressée, prête à recevoir les invités attendus. Une médaille posée
dans une assiette comme un gage de lien indéfectible. Et cet indéfectible se
retrouve là, exposé, évalué, estimé, prêt à voler vers un autre gage d’amour,
un autre engagement.
Lorsqu’un homme
s’approche de moi d’un air un peu excédé : « Vous cherchez quelque
chose en particulier ? » me demande-t-il. Ça doit bien faire une
heure que je traîne entre les meubles, objets, que je scrute chacun d’eux avec
sérieux et un brin de suspicion. « En ai-je envie ? Me fait-il de
l’œil ? L’achèterais-je ? Où le mettrais-je ? » J’aime
bien me poser ces questions. Rares sont les fois où j’atteins l’achat pourtant.
Je crois que j’aime surtout la déambulation dans des histoires poussiéreuses.
Imaginer les pérégrinations des choses ici exposées. Je lui fais mon plus beau
sourire avant de lui répondre : « Vous avez un très beau magasin,
mais je n’ai pas trouvé mon bonheur». Et lorsque je m’en vais, la
clochette de la porte émet le son guilleret avec lequel elle m’a
accueillie.
La fin légère tire la langue à l'atmosphère poussiéreuse, j'aime beaucoup.
RépondreSupprimeril y a une boutique du genre qui vient de s'ouvrir près de chez moi, on s'y croirait ;-) jill
RépondreSupprimerBen au moins tu as tiré le bonhomme de sa léthargie !
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