Il s'est retiré là où les chemins cessent de parler,
Là où les arbres ne demandent rien,
Où le vent ne cherche pas à convaincre,
Où le silence n'est pas vide mais plein de ce qui ne s'écrit pas.
Chaque matin, il écoute le souffle du monde,
Non pas celui des hommes ... trop bruyant, trop pressé,
Mais celui des mousses qui s'étendent,
Des pierres qui patientent,
Des nuages qui passent sans vouloir rester.
Il ne parle plus ou si peu.
Ses mots sont devenus des gestes,
Ses gestes des prières,
Et ses prières des souffles.
Il sait que le souffle est ce qui précède le mot,
Ce qui le suit,
Ce qui le traverse sans jamais s'y attacher.
Il vit dans l'entre-deux :
Entre le jour et la nuit,
Entre le visible et l'invisible,
Entre le battement du cœur et le silence qui l'entoure.
Et parfois, dans le creux d'une pierre tiède,
Il croit entendre Dieu
Non pas comme une voix
Mais comme un souffle qui ne demande rien
Et qui pourtant emplit tout.
Le souffle ne fait pas de bruit
Mais il déplace le monde en silence
Serait-ce l'échouage de l'Arche ?
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