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03 mai 2025

Émancipation / Lothar


 


Émancipation 

Dans ton chemisier bleu-vert céladon
Guêpe appuyée sur le balustre
Jusques aux bouts de tes gants longs
Tu es si fière, tu es si belle
Quand sous ton chapeau paillé citron
Et t’éventant doucement
Entourée d’une cascade vibrante de lys ardents
Toi, Lady Dorothy
Tu reviens à la vie !

Alors, regarde, regarde, contemple Newlyn Harbour
Contemple la danse silencieuse des navires dans le port
Le long du Fish Quay, sur la grande jetée de bois
Pour ton rendez-vous galant
Adultère, et plante fort, fort ton ombrelle dans les lattes du plancher :

La vapeur et le feu surgiront écartant la passerelle
Alors, d’autres femmes, à leur tour
Comme leurs esprits anciens
Revenus, transporteront
Porteront et reporteront des torches enflammées …

Et moi, je vois encore, qu’on me dise leur courage
D’avoir été, d’être, et de celles que seront ces femmes … mais

Pour ce silence millénaire, vous voudrez bien l’entendre :
Celui qui réveille l’âme féminine des Navires et des Hommes

Oui ! Tes pieds nus mon Amour !

Toi la femme éveillée, réveillée ! C’est cette jetée en bois, c’est
Une chose aride qui comme l’étincelle à arroser
Aride comme l’union quand la rosée douce irradie l’amour divin
Des choses dites souples et fluides
Aux yeux grands ouverts

Ô aride, et qui étincelle comme les codes de vérité
Aux cosmiques des cheveux qui flambent
Et des mains qui bougent

Et calmement, éveillée, transparente à ta propre puissance 
Tout comme la Tigresse, tu te glisses dans le décor  
Incognito et intouchable
Tu passes entre tes rayures *

Et ici je vous le demande, n’est-ce pas le bois sur le sol
Le toucher des blessures ?
Et les pieds nus bien plantés au terreau
Aride comme la mélodie des yeux décillés

N’est-ce pas aimer la Terre pour la ramener à la vie ?




________________
This above all: to thine own self be true.(W. S.)
O, let thy spirit, unbound as the lily at dawn, 
Embrace the eternal light of freedom ...

* Cf Manuel de Reisophie pratique de Laurent Albarracin

Je suis là / Ghysou

 


Je suis là  



Je suis là.
Assise sur ce banc qui me fait mal aux fesses !
Pourtant j'en ai des jupons !

Je suis là,
me demandant ce que je fais de ma vie, ce qu'il restera de moi
quand je serai devenue sèche sous le pinceau
de ce peintre qui me dévisage.

Je suis là,
enserrée dans ces vêtements de 1900 alors que je pourrais
porter jupe courte et top sexy si j'étais née 125 ans plus tard !

Je suis là,
l'air triste de celle qui n'a rien à faire !
Mais voyez vous c'est que je pratique la procrastination à outrance !
Et rassurez vous c'est mon seul défaut.

Je suis là
Et d'ailleurs ou prendrais je le temps de faire ce que j'ai à faire !
C'est qu'il me faut subir la cour de ces Messieurs qui se pressent
à mon cou et pas que…

Je suis là,
et voyez vous je ne suis pas dupe de leur cour si assidue !
Ma dot est si importante que même Bill Gates m'aurait approchée
s'il avait vécu de mon temps ! C'est peu dire.

Mais je rêvasse, je rêvasse…
Je vous l'ai dit ! La procrastination me sied à ravir….

LA DAME AU LYS / François

 



La dame au lys est le symbole

En 1900, d’une femme moderne.

Sous un chapeau de paille grise,

L’ombre portée semble mettre le visage en berne,

Une lady devait peut-être garder son contrôle.

 

Entourée d’un décor de fleurs rouges,

Qui se présente comme une frise,

Faisant contraste avec son habit vert,

Dans un ensemble floral où rien ne bouge,

Toute l’œuvre fait penser à un climat d’hiver.

 

Le lys blanc absent suggère la condition,

De cette femme qui exprime un déclassement,

Comme un manque à être, chargé d’émotions,

Tout est retenu, figé dans ses agissements.

 

La peinture est peut-être un auto -portrait de l’auteur,

Toutefois l’éclairage défaillant de cette peinture,

Fait naitre un sentiment de torpeur,

Comme un acte en suspension qui dure,

Une retenue qui enferme l’être dans l’ombre,

Où la volonté d’agir semble se perdre dans des coins d’ombres.

 

Avec des éléments qui suggèrent une telle situation,

N’est-ce pas là la considération de la procrastination ?



Dis-moi / K

 



Procrastines-tu
Rêveuse réfugiée au sein d’une   
Ombre soyeuse et tamisée ?
Cherches-tu
Rêveuse rarement endormie
A dessiller leurs yeux qui ne voient plus ?
Songes-tu
Tête penchée sous ton chapeau, à cueillir la fleur
Imperceptible à la vue ?
Nais-tu
Alors immobile nageuse
Tapie dans l’ombre des secrets ?
Imagines-tu
Où pourrait demain se nicher une
Nébuleuse fraîcheur retrouvée ?  

UN MATIN DE PRINTEMPS / J.Libert

 




UN MATIN DE PRINTEMPS
 
 
    De son lit, Armand ne se lasse pas de regarder son tableau peint à l’huile, voilà plusieurs décennies. Après le décès de sa compagne, il l’a accroché sur le mur clair de sa chambre et, à l’heure du soleil couchant, il est du plus bel effet. Chaque fois qu’il attarde son regard sur la toile, son histoire s’impose à sa mémoire.
 
    Jeune étudiant à l’école des Beaux Arts, dans ses temps de loisirs, Armand s’entraînait aux peintures de portraits, soucieux de capter la profondeur de l’être derrière une apparence, un physique.
 
    Aux beaux jours, il s’installait souvent dans les jardins publics avec son chevalet. Quand il les traversait, il observait les visages des promeneurs autour de lui, guettait celui qui lui parlerait le mieux.
 
    C’est ainsi, qu’un matin de printemps, dans un jardin public, il aperçut une très jeune femme assise sur un banc, face au cours d’eau sur lequel nageaient trois colverts aux plumes moirées de vert sombre. Élégamment vêtue d’un joli chemisier vert tendre à collerette volantée bleu pâle, elle portait un chapeau de paille blonde sur des cheveux très noirs, maintenu par un ruban  autour de son cou. Elle restait là, songeuse, suivait le déplacement sur l’eau de ces oiseaux colorés. Attendait-elle quelqu’un ?… Armand la trouvait si jolie, si expressive qu’il eut, aussitôt, envie de la peindre mais fallait-il encore qu’elle lui en donne l’autorisation et qu’elle pose pendant un certain temps.
 
    En pleine confusion d’émotion esthétique, Armand hésitait  à aborder la jeune femme. Après de longues minutes de tergiversations confinant à la procrastination, il se dirigea vers le banc. Elle accepta sa proposition.
 
    Armand, très inspiré, peignit une huile des plus flatteuses mais des plus ressemblantes de son portrait harmonisant les touches de couleurs rouge orangé des lys en contraste avec sa chevelure d’un noir de jais.
 
    Elle le remercia de l’œuvre qu’il lui offrit. Ce fut le début d’une magnifique histoire d’amour. Aujourd’hui, Armand ne possède plus que le tableau de sa bien aimée, peint d’une main émue et juvénile, un matin de printemps.
 

PROCRASTINATION FLEURIE / Marie Sylvie

 



PROCRASTINATION FLEURIE


Le lys rougeoyant me captive l'esprit, 
Ses courbes dansent dans mon esprit. 
Le vert tendre appelle, la toile attend son heure 
Mais mes doigts hésitent, pris d'une douce langueur. 

Procrastination fleurie, parfum énivrant, 
Le temps s'étire doucement en ce moment. 
L'idée est là, fragile, un bourgeon qui sommeille, 
Pourquoi la cueillir quand le rêve est si merveille ?

Le chapeau de paille ombre son doux visage
Perdu dans la rêverie, tournant chaque page
D'un livre invisible aux chapitres lents
Où l'action s'efface au profit des instants. 

Procrastination fleurie, parfum énivrant,
Le temps s'étire doucement en ce moment.
L'idée est là, fragile, un bourgeon qui sommeille, 
Pourquoi la cueillir quand le rêve est si merveille ?


Peut-être qu'attendre affine le trait, 
Que laisser mûrir est un secret. 
Cette pause enchantée, volée au temps qui court,
N'est-elle pas la sève d'un futur discours ?

Procrastination fleurie, parfum énivrant,
Le temps s'étire doucement en ce moment. 
L'idée est là, fragile, un bourgeon qui sommeille, 
Pourquoi la cueillir quand le rêve est si merveille  ? 


Alors je m'attarde, dans cette douce inaction 
Où la beauté du monde est ma seule ambition. 
Le pinceau patiente, l'encre retient son flot, 
Demain peut attendre, le lys est si beau.

Sous se traction ... / Lothar

 





Sous se traction ... / Lothar

... on n’est jamais si bien servi que par soi-même

Quand ma Lady blette, Chaîne curvy – c’est un peu dire … si, si c’est ainsi ! me balança tous mes livres, puis me délivrant, s’enfuyant même par la même fenêtre.

Et Elle, ma Lady, je l’avais connue – tendre et tête de bois, coiffée de son grand chapeau plat – dès son plus jeune âge, me servant à table durant nos premières années, partageant mes nombreux secrets, mes voyages en stop aussi. Quoique un peu hippie sur les bords … des routes. Et, même pour nos ébats, se passant tout à fait de témoins.

Mais moi, aujourd’hui, même toute encadrée de lys, sa présence m’incommode …

Ce n’est pas tant à cause de sa vilaine carcasse usée, ni de sa vue si faible, au contraire, c’est qu’au fil des ans notre appartement est devenu bien trop petit pour nous deux. Je m’y sens tellement insignifiant à présent.

J’ai soudoyé un ami, un ancien voleur, un taulard, pour l’enlever. Par la fenêtre. Quoique aussi rat d’hôtel, c’est un robuste compagnon.

« C’est, dit-Elle, l’endroit : me voilà bien surprise ;
J’ai passé par ici depuis cinq ou six ans. »

L’autre, affable, qui la voyait en peine, près de la fontaine à vin, lui dit :

« Vous aviez lors la panse un peu moins pleine.
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir. »

Pfff ! « La Lady blette, le rat noir la porte, le vin, la fenêtre, les lys orangés, le chapeau plat paillé, le chemisier bleu-vert, les livres » ... Pas commode ! Que dire ? Non. Un. De deux choses, l’autre : car les choses ne parlent pas, elles sont juste des oreilles qui voient*. C’est dit.


_______________
* Cf Manuel de Reisophie pratique de Laurent Albarracin


Dorothy / Jill Bill

 


Dorothy

Adepte de la procrastination
Voilà combien de temps
Que Dorothy ne fait, plus rien...
Juste perdue dans ses pensées
Sombre, comme, une veuve, qu'elle est devenue...

Fidèle au delà de la mort,
L'image est respectueuse
Mais vivez Dorothy, vivez que diable... !

Elle ne veut rien entendre
Même de sa meilleure amie
Qui lui propose mille choses ;
Même de son meilleur ami
Qui lui propose un voyage, de noces...

La veuve lui fait envie
Il avait laissé la jeune femme à un autre
Aujourd'hui, il retente sa chance
Auprès d'une femme mûre...

Il a apporté des fleurs, et des bonbons
Une bague, le vieux beau Jacques...

Soupir ;
Elle reste enfermée dans son mutisme
Comme la Joconde dans son tableau...