25 février 2023

Sujet n°35 - du 25 février au 4 mars

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  • Au plaisir de vous lire, bonne semaine,  merci.


 

Les yeux fermés / Jama

 


 

 

Quand les deux yeux fermés en un soir doux d'hiver 
Je respire l'odeur de ton vieux recueil de poésies
Je vois se dérouler ta vie de rêves écrits
Qu'illuminaient les feux de ton inspiration

Je respire et souffle pour tourner les pages
Je te sens vibrer sous la caresse des mots
Je te vois toi île paresseuse en ta nature
Et tant d' arbres singuliers aux fruits savoureux.


Guidé par ton odeur vers de doux souvenirs
Je me souviens de ce grand coup de vent du sort
Qui t'emporta toi et tes feuilles poésies
Au pied de la falaise aux vagues scélérates

Voilà que le parfum des verts tamariniers
Qui circule dans l'air et m'enfle les narines
Se mêle au chant de tes écrits que j'ai ici réimprimés
Mon cœur bat en d'immenses amours éternelles.

Ce livret aux yeux fermés n'a pas de titre, son autrice est morte avant de l'avoir trouvé
mais ne pleurez pas vous savez bien que je mens comme un arracheur de dent !

 

L’HOMME SANS VISAGE / Tarval

 

 


 


Mais quel est donc cet homme,

Qui ne fait qu’un avec son livre,

Et qui ment comme un arracheur de dents,

Quand on lui demande s’il a aimé le roman,

En fait, il ne l’a pas aimé,

Il l’a dévoré au sens propre du terme,

Ne laissant que la couverture,

Qui forme un masque du visage.

On ne voit rien de lui,

On ne sait pas qui il est,

Ce qui est sûr,

C’est une énigme à déchiffrer.

 

Le bonimenteur / Daniel Bercheux

 


 

 

L'homme  dont j'ai envie de vous parler, sévissait dans les villages de montagne, là où en hiver personne ne pouvait aller tant la neige était tombée en abondance depuis des mois.
 C'était un raconteur d'histoires, un bonimenteur disaient les gens.
 
Chaque hiver, tous les mômes du village l'attendaient. Au détour d'une ruelle, il surgissait tout de noir vêtu, emmitouflé dans un long manteau troué. Un feutre élimé aux larges bords couvrait sa tête. Pour se protéger du froid, il cachait son visage derrière la couverture sans titre d'un livre. Deux yeux y étaient crayonnés. L'illusion était parfaite. Chaque hiver, une semaine après Noël, je guettais sa venue assis sur le banc du belvédère. La mère Moustache ouvrait alors sa fenêtre pour me dire : « Tu attends celui qui ment comme un arracheur de dents ! »
-Ça ne vous regarde pas vieille commère, je fais ce que je veux quand je veux ! »
Elle refermait ses volets en rouspétant. J'en avais rien à fiche de son manège. J'attendais le raconteur d'histoires, celui qui mettrait de la joie dans ma vie monotone, celui qui me ferait voyager dans des contrées mystérieuses ; et dans la salle communale comme tous les autres enfants blottis les uns contre les autres pour se réchauffer, je sursauterai de peur quand il ferait surgir au détour d'une phrase, des géants, des sorcières, des elfes...
Je savais que ce soir-là, bien au chaud au fond de mon lit, je repenserai à toutes ces créatures et qu'un jour, j'écrirai aussi de belles histoires pour éblouir les enfants. Je serai  le centre du monde, un livre à la main, sans titre, mais avec deux yeux crayonnés sur la couverture. En entrant dans la salle des fêtes, je déposerai sur le porte-manteau mon long paletot usé et mon chapeau. Je me posterai au milieu de la scène et comme le vieux colporteur de mon enfance, j'inventerai des contes pour faire rêver les enfants agglutinés devant moi. Au fond de la salle j'entendrai une vieille bigote s'exclamer : «  il ment comme un arracheur de dents celui-là ».
 
Aujourd'hui, ce rêve est devenu réalité, je suis le porteur d'histoires qui chaque hiver sévit dans les plus petits hameaux de haute montagne.

 

"Lettre de Cannelle à ceux qui mentent comme des arracheurs de dents" / Laura

 

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