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04 février 2023

C'est étudié pour .../ Vegas sur Sarthe

 

Quand j'ai découvert que quelqu'un avait sans mon accord résilié mon abonnement au minitel et qu'autour de moi les gens ne parlaient plus que de « sans fil » et de GSM, j'ai compris qu'une révolution était en marche.
J'ai réalisé que le dernier refuge pour me préserver des portables restait la cabine téléphonique. Il fallait que je contacte ce quelqu'un qui me privait brutalement de mon 3615 !
Au grenier j'avais déjà dû remiser la TSF au côté du poste à galène de mon arrière grand père … le monde devenait fou.

A Asnières au coin de ma rue il y avait encore quatre de ces merveilleuses boîtes rouges et c'était bien le diable si je n'arrivais pas à joindre le sagouin qui venait de débrancher ma messagerie rose.
Par malchance la première cabine était occupée par deux jeunes gens en proie à un charivari indescriptible que je me gardai bien d'interrompre d'autant plus que leurs regards courroucés et une forte odeur d'herbe exotique n'incitaient pas à la négociation.

La deuxième cabine était vide, déserte et dévastée ; son mécanisme éventré témoignait de la violence avec laquelle un sinistre individu l'avait étripée pour quelques maigres pièces de monnaie !

 La troisième me parut exigue au point que je ne pus glisser que deux doigts par la petite porte ! J'ai toujours pensé que la miniaturisation nous perdrait et qu'à vouloir faire toujours plus petit, on n'en sort pas grandi.

 Bref, j'avisai la dernière cabine et m'y précipitai avant qu'on ne me grille la politesse.
Un hurluberlu y avait entreposé sa bibliothèque. Un panonceau indiquait « Cabine à livres », vantait l'économie circulaire et demandait qu'on laisse le lieu en bon état.
Vous me croirez si vous voulez mais j'eus beau retourner chaque étagère, je n'y trouvai aucun bottin.

J'allais rentrer chez moi pour écrire une lettre de réclamations aux PTT quand une jeune femme me heurta au seuil de la cabine à livres.
Découvrant le désordre que j'y avais mis en cherchant, elle s'écria « Quel sauvage a fait ça ? »
Je pris une mine contrite : «Ils n'ont même pas de bottin »

Elle fronça les sourcils : «Le quoi ? »

« Le bottin … l'annuaire téléphonique » insistai-je.

Elle éclata de rire : «Vous venez de quelle planète ? »

J'ai dit « J'habite ici à Asnières … au 22 ».

Je la trouvais bien indiscrète, alors j'ai demandé à mon tour : « C'est quoi votre petit nom ? »

« Ulla » a t-elle répondu.

« C'est vous la Ulla du 3615 ? »

Elle a froncé les sourcils.

« Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous avez marqué mon imaginaire » ai-je bafouillé sur le ton de la confidence.

Elle a dû me prendre pour un pervers ou un demeuré ; elle a pris un livre au hasard dans la cabine à livres et elle est sortie précipitamment.
J'ai eu le temps de lire le titre «Heureux … L'intégrale des sketches de Fernand Raynaud ».

J'ai pensé que cette Ulla n'avait pas assez d'humour pour goûter pleinement ces histoires.
J'ai repris la route du 22 … j'avais une lettre urgente à écrire aux PTT.

CHARIVARI d’une intruse / Lilousoleil

 

Il était un fois trois ravissantes cabines téléphoniques so british ; d’un rouge flamboyant. Elles avaient été placées là par leur chef contre un mur de pierres sèches et elles s’ennuyaient. C’est alors qu’un manager de cabines venant relever les compteurs, monnaie is monnaie, installa entre elles un intruse toute ronde.

Cette intruse portait sur son ventre un panneau blanc sur lequel était inscrit quelque chose d’illisible. Impossible pour nos trois cabines de mener une enquête. Cette chose regarda autour d’elle et commença à rosir puis à rougir de colère et de jalousie. Pourquoi n’était-elle point carrée et puis si haute et si large. Alors elle se mit à vouloir grossir et grandir. Elle voulait elle aussi des vitres dans lesquelles on pouvait se mirer, avoir un plancher où se tenaient des individus qui entraient et sortaient.

Alors se mit alors à faire un tel charivari, en se tortillant, à faire des efforts rougissant un peu plus se panadait, pour arriver à ressembler à ses voisines. Elle demanda même à l’une d’elle si elle commençait à lui ressembler. Mais la cabine se moqua d’elle : « tu es loin d’être aussi belle que moi » tu as encore du taf avant d’y arriver.

Vexée, l’intruse se mit alors à gigoter, danser dans tous les sens, donner des coups de poings, des coups de pieds sous les regards goguenards des passants. Elle ruait des tout son corps. Rien n’y fit. Elle souffla alors et souffla si fort que d’un coup, une fente se creusa dans son ventre gonflé et tous ses efforts s’échappèrent par ce trou d’air. Elle diminua d’un coup comme un ballon de baudruche et devient toute riquiqui. Un croquant passant par-là glissa une enveloppe dans la fente. L’intruse vira au rouge coquelicot de plaisir et finit par se ranger contre le mur avec un large sourire.

Charivari au téléphone / Laura

 

Qui se souvient des cabines téléphoniques ?
De l’attente qu’une des trois se libère ?
Qui se souvient de la monnaie qu’il fallait avoir ?
De la dernière pièce qui tombait
Et coupait la commission ?
Qui se souvient des cartes de téléphone ?
Comme j’ai poireauté pour parler à ma famille
Lorsque j’étais étudiante !
Puis j’entendais le charivari à l’autre bout du fil
Avant de retrouver ma solitude.
Combien de cartes ai-je passées
Pour appeler la France et ainsi me limiter
Car les appels de la maison duraient trop
Et on ne m’appelait jamais…là-bas
Comme avant et après… ailleurs.
Le charivari extérieur me gênait
Dans ma bulle de conversation
Avec mes grand-mère.
Quand mes interlocutrices privilégiées
Sont mortes, je me suis mise
A détester le charivari du téléphone.
Qui se souvient lorsque les conversations
Privées restaient dans la cabine ?
Qui n’a pas téléphoné à quelqu’un
En public ? Qui n’a pas subi un appel
Dans un lieu non privé ?

Moi , j’en assez du charivari des voix fortes
Des vidéos et musiques sans écouteurs !
Qui se souvient du respect des autres
Et de soi-même ?

SONNERIES / K

 


-     

-Allo, ici cabine 1

-Oui, c’est pour quoi ?

-La boîte aux lettres est en panne.

Bip

-Ne quittez pas, allons bon…allo oui ? 

-Ici cabine 2

-Je vous écoute

-Je me suis présenté pour la rançon, toujours personne, le ravisseur ne me rappelle pas.

Bip

-Allo oui, ne coupez pas, allo ?

-Ici cabine 3.

-Que puis-je pour vous ?

-J’ai un problème la cabine d’essayage ne redescend pas, je suis bloqué au 3e.

Bip

-Ne quittez pas, trop tard… Allo oui, bonjour !

-Ici cabine 4.

-Oui, je vous écoute.

-Je n’arrive pas à prendre ma douche dans la cabine téléphonique et pourtant j’ai décroché.

Bip

-Ne quittez… (…) allo oui, j’écoute !

-Ici cabine 3.

-Alors ?

-Oui, je suis au deuxième ça va mieux mais ça a rebloqué et j’arrive pas à poster ma lettre.

Bip

-Ne quittez pas, encore ! Allo oui allo...

-Ici cabine 5.

-J’écoute, de quoi s’agit-il ?

-C’est le ravisseur de la cabine 2, je suis coincé dans la cabine de bain et on m’a piqué mon maillot. Vous pourriez me passer ma victime ? C'est pour la ...

Bip

-Coupé. Allo ?

-Ici cabine 6.

-Que se passe-t-il ?

-Allo c’est la…

-Ne quittez pas, allo oui ? Allo, plus fort je ne vous entends pas, on ne m’a pas pété mes lunettes mais il y a comme un charivari au centre d’appels…

-Allo, c’est la boîte aux lettres, devant la gare, j’ai trois cabines téléphoniques autour de moi, mais c’est des loups déguisés, je le sais, j’en suis sûre, elles veulent me bouffer, elles me prennent pour le vilain petit canard rouge. Aaah...

 

Biiiip    biiiip    biiiip …