06 septembre 2025

la femme en rouge/Lilou

La femme en rouge 





Il était une fois, au bout du monde, une île gardée par de grands visages de pierre ; les moaïs de l'île de Pâques dont on connait si peu l’histoire. Ils semblaient endormis, mais en réalité, ils écoutaient. Le vent leur racontait les histoires du temps, les vagues leur murmuraient les secrets des voyageurs.

Un jour, une femme en robe rouge arriva au rivage. Elle portait un livre qu’elle n’avait pas encore lu. Elle s’assit dans l’eau, ouvrit une page au hasard et découvrit qu’il n’y avait aucun mot. Seulement une injonction : improviser.

Alors, elle leva les yeux et vit apparaître autour d’elle un monde inattendu. Molière était là , cheveux longs, qui  lui fit un clin d’œil. Près de lui, une table, des serviettes jaunes pliées ombelliformes, un guerrier de fer ressemblant fort à un Don Quichotte bricolé de pièces anciennes, battait du pied comme une marionnette impatiente de danser sous le regard ému d’une petite fille coiffée d’un bandeau orné d’une fleur de soleil. Au centre, un vase antique dessinait sur sa peau d’argile des éclairs et des montagnes. Près de lui brillait une médaille d’or gravée d’initiales, vestige d’un empire oublié, mais qui continuait de chuchoter son éclat. Et, comme pour rappeler que toute improvisation a besoin de douceur, un chat, perché sur une table, observait la scène, immobile mais présent, gardien silencieux de cette fantaisie.

La femme referma son livre vide. Elle comprit alors que le monde ne demandait pas toujours des mots écrits, mais des gestes simples, des rires et des instants saisis.
Ainsi naquit sa leçon : la vie est une grande improvisation, et c’est ce qui la rend belle.

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