Dans un hall somptueusement décoré, deux silhouettes improbables font leur entrée.
C‘est un rendez-vous. Important, paraît-il.
Le nommé Panne, dodu comme un rôti du dimanche, bardé de lard et d’angoisses, s’arrête net devant l’ascenseur.
Claustrophobe notoire, il s’écrie :
-Coincé dans un ascenseur ? Nenni pour moi !
Et les escaliers ? Je vais les rendre glissants, traîtres, périlleux !
Mais motivé par leur rendez-vous, il annonce
- Tant pis pour les suivants, je tente sportivement la montée ! »
Son complice Couenne, cuir tanné par les années, lui rétorque avec un soupir de militant :
-Tu le sais, je suis gréviste dans l’âme. En lutte contre l’effort physique depuis 1952.
Alors j’opte pour l’ascenseur
Pendant ce temps, au cinquième étage les attend Dame Truie, parée de son plus beau sautoir en saucisson de Lyon, trépigne d’impatience.
Elle a mis les petits plats dans les grands : nappe en toile de porc, chandelles en gras de canard.
Elle murmure, en maquillant son groin de rouge groseille :
Ils ont intérêt à se pointer avant que mon rôti refroidisse… ou je les transforme en rillettes !
Impatiente, elle zieute par la porte entrouverte
Nos deux complices arrivent presque ensemble sur le palier du cinquième, mais là consternation .
Sur un brancard Dame Truie git .
Le garçon d’ascenseur, un bon gars de la France profonde, habitué à un rituel, est aussi tueur de cochon en fin de semaine, et il a vu rouge en apercevant la belle par la porte entrebâillée !
Nos deux acolytes en restent cois, comme saucisson trop sec, le regard en tranches, le souffle en charpie.
MORALITE
A gratte-ciel trop haut, préférons les herbes folles et l’odeur du foin.
Jolie histoire, quand ça charcute, ça charcute !
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