Assise stoïque devant l'entrée des mares, veille la
grenouille-mère.
Le monde peut tourner à l'envers, ses yeux globuleux restent
grand ouvert.
Qu'il vente, grêle, neige ou que le soleil grille sa peau
aux reflets verts,
Personne ne la dérangera de sa position de gardienne, pas
même l'hiver.
Les autres se moquent, mais elle n'a que faire de toutes les
commères.
Toujours immuable, elle garde la tête bien haute et le port
fier.
Elle gobe les mouches imprudentes, et d'autres insectes de
l'air.
Il ne faudrait pas fléchir. Alors elle maintient sa forme
d'enfer,
Un peu d'exercices chaque jour à l'ombre du majestueux
filaire
Qui se dresse depuis des lustres au milieu de ces terres
millénaires.
Le temps passe. La pluie manque. Plus d'insectes ni de vers.
Plus de mares à garder. Toutes les grenouilles sont en
colère :
A quoi bon être gardienne si elle ne peut rien y
faire ?
Elles partent vers d'autres horizons la laissant loin
derrière.
Peu importe, même fossilisée, elle restera la
grenouille-mère !
Le blog de Maryse