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08 octobre 2022

La théière / Emma

 


 

Sempiternelle histoire d'héritiers indignes qui dilapident leur patrimoine au fil des saisons, des années, des siècles. Les châteaux, les terres, les trésors accumulés depuis les croisades par l'épée, la ruse, ou en soudoyant hommes de loi ou d'église s'étaient effilochés dans la consanguinité et  la décadence.

De toute cette opulence passée, ne restait que la légende d'un trésor enterré qui excitait l'imagination des touristes en bermuda depuis que Dan Brown en avait évoqué la possible existence; cette légende faisait vivre Jean Eudes, le seul descendant légitime qui tenait un food truck devant les ruines du château, et une vieille théière vaguement orientale, qui échut à Léa, petite fille adultérine de Jean Fulbert qui avait tenu jusqu'au bout à maintenir  la tradition du droit de cuissage (qui s'est d'ailleurs répandue hors de la planète Gotha).

Pour marquer son mépris, Léa convoqua la presse locale et balança solennellement par la fenêtre la dite théière qui émit un son musical en se fracassant sur le trottoir en contre-bas, là où Marcel, le sans abri du village tenait ses quartiers, et profitait des sandwiches invendus de Jean Eudes.

On vit alors une sorte de fumée bleue s'élever des débris, et une voix fatiguée par des millénaires de confinement posa à Marcel la question : mon maître fais trois vœux, ils seront exaucés. Avant que Léa puisse se précipiter, Marcel avait dit : un sauciflard, une salade de pommes de terre, et un kil de rouge.

Eric était un solitaire / Tarval

 

Éric était un solitaire,

Qui voyait sa vie s’effilocher par bribes,

Il avait sa théière à la main,

Prêt à se servir son thé à la menthe,

La veille il avait été voir un spectacle,

Et il avait soudoyé le contrôleur pour pouvoir entrer, vu qu’il n’avait pas de ticket

Il avait encore dans les oreilles le bruit fracassant des enceintes du spectacle,

Il avait un hobby, les planètes,

Il avait dilapidé beaucoup d’argent pour ce loisir,

Même si c’était le sempiternel rythme des saisons,

Mais pour l’instant après son thé,

Il avait acheté des pommes de terre sur le marché,

Pour se faire un  gratin dauphinois,

Et il était heureux ainsi.

Perette et la théière / Lilousoleil

 


Légère et un peu court vêtue pour la saison, Perette allait bon train calée sur sa bicyclette, sa jupe voletant autour de ses cuisses bien bronzées sans se soucier du tissu qui s’effilochait à chaque tour
de pédale. Elle se rendait à « Affaire Conclue ». Elle avait l’intention de vendre, cette théière en porcelaine de Chine du temps jadis qu’elle avait soudoyé à sa marâtre ; celle-ci s’étant empressée de dilapider l’héritage de feu son époux, grossiste en pomme de terre. Il avait fait fortune d’ailleurs dans ce négoce à croire qu’il était le seul marchand de patates sur cette planète. Notre Perette, en chemin voyait déjà les éclats de ce solitaire aperçu dans la vitrine du bijoutier. Mais l’histoire ne change pas. C'est la sempiternelle rengaine, une pierre pointue, placée au mauvais endroit vit
Perette choir dans les graviers, fracassant la précieuse théière dont les débris se mêlèrent aux cailloux.
Bah peu importe l’objet n’avait que peu de valeur finalement, une simple céramique colorée.

La Rumeur / Maïmouna Grünewald




Nous sommes installés l'un en face de l'autre dans le salon jaune pour prendre le thé. Le thé, ou
plutôt un ersatz de thé, car pour en avoir un qui ressemble à de l'Earl Grey, je dois soudoyer la
bonne pour qu'elle nous en donne de sa propre consommation. J'en ai honte mais je dois sauver les
apparences. Je ne sais pas sur quelle planète vit Jean-Louis mais il ne voit pas que la théière est
ébréchée, les tapis qui s'effilochent, que l'on mange la plupart des repas des pommes terre glanées
chez le fermier voisin et que l'héritage de sa tante est dilapidé. On ne chauffe plus que deux pièces
dans le château et plus personne ne vient nous voir.
Pourtant cela n'a pas toujours été comme cela. La décoration de mon intérieur a toujours été du
dernier cri, rendant malade de jalousie les ladies des alentours. Je faisais venir les tapisseries et les
tissus de Paris au moins deux fois par an. Pour la belle saison, j'organisais la plus grande Garden
party du comté avec des petits-fours à profusion et du champagne à volonté. Les grands de Wall
Street se battaient pour avoir une invitation et être vus à cet événement.
Jusqu'à cette rumeur fracassante qui du jour au lendemain nous envoya dans un quotidien solitaire
et morne. Nous avons eu beau nous défendre, embaucher un détective privé rien n'y fit. L'opinion
publique était faite avec cette sempiternelle rengaine : « Vous seuls aviez accès au coffre. ». Quelle
idée avait eu Jean-Louis de proposer à la Comtesse de Fribourg de mettre son collier de diamants
verts de Dresde en sécurité dans notre coffre fort ! Quand elle a voulu le récupérer le soir de la fête,
il n'y était plus ! Envolé !
Cela fait des mois que je réfléchis à ce qui a bien pu se produire. Nous avons interrogé tous les
domestiques et la police a dû intervenir, ce qui a mis mal à l'aise l'ensemble de nos invités, cités
dans la presse le lendemain. Je ne dors plus. Je ne sais pas comment nous allons nous sortir de cette
situation. Devrons-nous vendre le château ?
S'il y a bien une personne qui ne se pose pas toutes ces questions c'est Jean-Louis. Depuis cet
incident, il revit. Il a l'air plus détendu, plus rayonnant, il sourit même. Comme si cela l'arrangeait
d'être isolé, sans obligations, à s'occuper toute la journée de ses plantes, sa seule préoccupation
maintenant. C'est louche !
Soudain, j'ai un doute … Cet après-midi, lorsqu'il ira prendre soin de ses roses, je fouillerai dans ses
affaires. On ne sait jamais, si je tombe sur des pierres précieuses. Je retournerai le château et le
jardin d'hiver s'il le faut, mais j'en aurai le cœur net !

 

 

RATTRAPAGE / Cloclo

 


 

Le sempiternel conseil de ma mère : arrête de tenir la théière  de la main gauche, puisque tu n’es pas gauchère ! Moi j’ai répondu en rigolant : mais je suis bien gauchère du pied gauche, et  je me sers aussi de mon pied droit ! Du coup ça l’a fait rire, j’ai lâché la théière, ça a fait un bruit fracassant. Là elle n’a plus ri du tout et m’a lancé que je dilapidais le bien de la famille, que la théière venait de sa grand-mère, et qu’elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Elle a ajouté : on a besoin de se réchauffer en cette saison, et toi tu me prives d’une bonne boisson chaude . Je me suis excusée comme j’ai pu, je l’ai un peu soudoyée et lui ai promis d’éplucher vite les pommes de terre pour rattraper ma maladresse. Le jour s’effilochait doucement, j’ai vu les premières lueurs du soir apparaître, je me suis dit que la planète avait encore de beaux restes, ça m’a donné une idée de poème, j’ai décidé d’en écrire un joli pour rattraper ma bêtise et de le  dédier rien qu’à  ma mère.  Je l’écrirai tout-à-l ’heure dans ma chambre, car je ne peux composer que lorsque je suis solitaire. Je pense m’être bien rattrapée n’est-ce pas ? 

Une histoire à dormir debout / margimond

 

 

 


 

Solitaire, je regardais la théière soudoyer la pomme de terre durant la sempiternelle saison d'été. C'était fracassant de voir ainsi la planète s'effilocher et dilapider ses ressources.