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22 octobre 2022

Parallèles / K


 

 

Je ne sais pas comment je suis arrivé là, ni pourquoi je suis ici.

On m’a montré cette photo.

On dirait un selfie raté.

On m’a donné un stylo.

J’écris ce que je vois, ils m'ont dit.

On m’a trouvé (ou retrouvé ?) là, ils m'ont dit.

Je ne sais pas comment je suis arrivé là.

Tout juste pourquoi je suis ici.

J’écris ce que je vois.

Cela semble être dans un canyon. 

Pourvu que je ne fasse pas tomber le stylo en bas.

Je ne sais pas qui m’a trouvé.

Je ne vois pas le wagon.

J’écris ce que je remarque, aussi.

Je ne sais pas s'il y a avait un wagon.

Je ne sais pas comment je suis arrivé là, ni pourquoi je suis ici.

Pourtant ça secoue.

J’y pense, c’est bien que les rails soient parallèles.

C’est le minimum sur le grand huit, je pense.

J’ai de la chance il faisait beau.

Je ne suis plus très sûr pour le grand huit.

Je ne sais pas comment je suis arrivé ici, ni pourquoi j’étais là.

J’écris, tout petit.

Ils vont sûrement s’en apercevoir.

Je ne me souviens pas non plus de ma dernière amnésie.

C’était quand déjà ?

 

Au début / margi


 

Au début, j'ai cru que c'était la fin. La fin du début, c'est déjà rebutant quand on est au milieu de nulle part. Il fallait bien trouver la sortie pour rentrer.

J'avais l'air un peu con sur le bord, même au milieu de nulle part... C'est ainsi que la Voie du Milieu m'est apparue... Zen me dit une petite voix étroite, c'est pas encore gagné.

amenez-y qui vous voulez, moi, je ne passe pas !

La psy / Jama

 


Elle m’avait parlé d’une passerelle

Ça je m’en souviens très bien.

Une passerelle qui reliait le passé et le présent

Passer – elle

Du passé il ne me reste rien

Du présent je n’ai qu’elle.

Elle, c’est la psy qui m’aide à avancer dans mon amnésie.

Avancer ou reculer ?

Un pas après l’autre sur cette passerelle, sur ces petites lattes espacées qui laissent voir le vide immense sous mes pieds.

Des filins pour laisser glisser mes mains

Garde-corps : un mot qui en dit long …

Petit à petit je devrais traverser ce long canyon où tout au fond gronde la Rivière, celle qui coule de la source à la mer.

-          « Comment écrivez-vous mer » me dit la psy

-          « MERE »

M comme montagne

E comme éboulement

R comme rocher

E comme évidence

Je m’entends très bien épeler ce mot ainsi.

J’avance petit à petit

Une roche vient de se détacher de cette falaise ocre

Elle va se fracasser tout au fond

Au fond, se fracasser ça veut dire se briser en éclats et avec violence, se détruire en mille morceaux …

Qui donc l’a poussée pour qu’elle se fracasse ainsi ?

Qui donc l’a brisée avec tant d’éclats ?

Qui donc l’a aidée à se détruire ?

Au fond la roche ne peut pas parler.

Alors je continue à avancer sur cette passerelle mouvante.

J’ai le vertige

Non je n’ai pas le vertige juste une attirance pour ce qui coule au fond.

« Regardez droit devant vous, de l’autre côté, en face, il y a un paysage magnifique fait de couleurs, blanc, ocre, rouge, brun, or, jaune »

Ah la symbolique des couleurs !

Chez les Egyptiens

Brun-rouge : la peau de l’homme

Ocre pâle : la peau de la femme

Le jaune d’or : la couleur des Dieux

Le rouge : le désert le feu le sang la mort

Je continue à avancer droite dans mes baskets sur cette passerelle que j’ai doucement apprivoisée. J’étais à mi-chemin vers mon passé quand je l’ai entendue crier :

-          « Avez-vous pensé à compter les lattes qui vous guident vers le bout ? »

-          « Non, je ne les ai pas comptées. »

-          « Alors reculez, repartez en arrière et comptez-les ! Comment voulez vous savoir votre âge et le temps qui vous reste pour atteindre l’autre côté. Il faut compter et pour compter ces lattes il ne faut compter que sur vous ! »

 

 

A suivre…

Amnésie du vertige / Laura VANEL-COYTTE



Cannelle avait (entre autres) le vertige en commun avec son père. Sauf que la fille s’y était souvent
confronté et l’avait vaincu. Ils étaient allés séparément dans un même lieu : le château de Tarascon
sur Rhône 1 sauf qu’elle avait pris le temps de le visiter et de monter à son sommet alors que son père
n’avait jamais osé le faire. Pour parvenir à l’amnésie du vertige, elle avait mobilisé toute sa curiosité
du monde à voir autrement d’en haut et son envie de faire ça… avant sa mort : ne pas attendre de ne
plus pouvoir. Avant ce château, elle avait pris des passerelles vertigineuses qui lui semblaient
trembler sous ses pas. Elle avait aussi grimpé en tongs des collines très abruptes en oubliant qu’il lui
faudrait redescendre, la partie du trajet qui l’angoissait. Elle s’était paralysée un monde et comme
son homme ne pouvait la porter et qu’elle n’avait pas d’hélicoptère à disposition. Alors elle était
redescendue en serrant les fesses. Il y avait eu ce moment terrible dans un beffroi du nord où la
lumière s’était éteinte alors qu’elle redescendait l’escalier en colimaçon. Lors de toutes ces occasions
d’oublier le vertige, l’attirance du vide, la peur, c’est bel et bien toujours l’envie de monter, voir,
observer, découvrir qui avait permis l’amnésie alors que la peur avait dominé la vie de son père et
ses envies.

La passerelle / Tarval

 

Quelle est inquiétante cette passerelle,

Reliant deux montagnes à une hauteur vertigineuse,

J’ai déjà traversé ce genre d’ouvrage,

Mais j’ai eu tellement peur

Que j’ai fait une amnésie partielle,

Mon cerveau a disjoncté face au danger,

Et là de nouveau il me faut trouver du courage,

Pour traverser sans paniquer,

Moi qui de plus ai le vertige,

Ce qui n’arrange rien,

En attendant mon tour,

Je contemple le paysage merveilleux qui m’entoure,

Et j’aimerai garder en tête tous ces souvenirs,

Mais voilà, j’espère que cette fois-ci je vais assurer,

Et ne pas me dégonfler face à ce défi de taille,

Je respire l’air pur qui nous entoure,

Je regarde le soleil au zénith,

Et je prie le ciel de ne pas me laisser tomber.

Allez go, c’est parti,

Je m’accroche au cordage et ne regarde pas en bas,

La traversée est longue, mais j’ai réussi et j’en suis fière,

Des larmes coulent sur mon visage,

La peur était intense, mais me voilà maintenant de l’autre côté,

Prête à poursuivre l’aventure.