Elle m’avait parlé d’une passerelle
Ça je m’en souviens très bien.
Une passerelle qui reliait le passé et le présent
Passer – elle
Du passé il ne me reste rien
Du présent je n’ai qu’elle.
Elle, c’est la psy qui m’aide à avancer dans mon amnésie.
Avancer ou reculer ?
Un pas après l’autre sur cette passerelle, sur ces petites lattes espacées qui laissent voir le vide immense sous mes pieds.
Des filins pour laisser glisser mes mains
Garde-corps : un mot qui en dit long …
Petit à petit je devrais traverser ce long canyon où tout au fond gronde la Rivière, celle qui coule de la source à la mer.
- « Comment écrivez-vous mer » me dit la psy
- « MERE »
M comme montagne
E comme éboulement
R comme rocher
E comme évidence
Je m’entends très bien épeler ce mot ainsi.
J’avance petit à petit
Une roche vient de se détacher de cette falaise ocre
Elle va se fracasser tout au fond
Au fond, se fracasser ça veut dire se briser en éclats et avec violence, se détruire en mille morceaux …
Qui donc l’a poussée pour qu’elle se fracasse ainsi ?
Qui donc l’a brisée avec tant d’éclats ?
Qui donc l’a aidée à se détruire ?
Au fond la roche ne peut pas parler.
Alors je continue à avancer sur cette passerelle mouvante.
J’ai le vertige
Non je n’ai pas le vertige juste une attirance pour ce qui coule au fond.
« Regardez droit devant vous, de l’autre côté, en face, il y a un paysage magnifique fait de couleurs, blanc, ocre, rouge, brun, or, jaune »
Ah la symbolique des couleurs !
Chez les Egyptiens
Brun-rouge : la peau de l’homme
Ocre pâle : la peau de la femme
Le jaune d’or : la couleur des Dieux
Le rouge : le désert le feu le sang la mort
Je continue à avancer droite dans mes baskets sur cette passerelle que j’ai doucement apprivoisée. J’étais à mi-chemin vers mon passé quand je l’ai entendue crier :
- « Avez-vous pensé à compter les lattes qui vous guident vers le bout ? »
- « Non, je ne les ai pas comptées. »
- « Alors reculez, repartez en arrière et comptez-les ! Comment voulez vous savoir votre âge et le temps qui vous reste pour atteindre l’autre côté. Il faut compter et pour compter ces lattes il ne faut compter que sur vous ! »
A suivre…
Un bon suivi avec ce psy qui ne s'en laissera pas compter....
RépondreSupprimercomme je l'ai dit quelque part, le calcul mental est matière importante Jill !!
Supprimerbien vu, bien dit
RépondreSupprimerlaura
Plein de mots que tu tortures et manipules avec brio !
RépondreSupprimerIl ne faut que compter sur toi effectivement... savoir ton âge, est-ce nécessaire, comme celui de connaître celui du capitaine ? La vie n'est qu'un vertige, il faut avancer. La rivière qui gronde au-dessous n'est qu'un bruit de fond qui nous accompagne.
un jour nous nous embarquerons sur l’étang de nos souvenirs
Supprimeret referons pour le plaisir
le voyage doux de la vie
alors tout sera lumineux
Léo Ferré et jama
Un texte de funambule, finalement.
RépondreSupprimerEt la psy, attention elle pourrait bien se prendre un coup de latte !!!!!!