Séraphine, l’oie du père Mathias, l’accompagnait dans tous ses déplacements. En commère bien grasse, elle colportait les rumeurs, les divers potins du bourg.
C’est au seul café du village que se réunissaient le père Mathias et ses copains.
On était en fin d’année et, comme tous les ans, à cette époque, il y régnait une certaine fébrilité. Au milieu des fumées et des vapeurs d’alcool se jouait, aux dés, le gros lot : l’oie de Noël.
De son petit œil rond, étonné, qui s’ouvrait sans bien comprendre, Séraphine observait le spectacle désolant d’une congénère captive, aux mains d’ogres voraces et redoutables desquelles elle ne pourrait s’échapper. Plumée, les pattes liées, dodue à point, ses moelleuses rondeurs et ses plis de graisse sous sa peau lisse et tendue éveillaient chez les joueurs de cupides fringales.
Le gagnant paya sa tournée et, ligotée, l’oie fut portée en triomphe avant de terminer farcie et rôtie au four à 210 degrés pendant de longues heures.
Pressentant un danger imminent et ne voulant pas subir le même sort, Séraphine s’employa à prévenir ses amies. S’amassèrent alors des troupeaux inquiets et, c’est ainsi que 1500 oies du Périgord entamèrent une grève de la faim à quelques jours de Noël. Se dandinant à la queue leu leu, sur leurs pancartes on pouvait lire : « Vous n’aurez pas notre peau » ou « stop au gavage » ou encore « Rien que la peau et les os ».
manifestation ne vaut pas réussite...attention les oies Noël c'est demain
RépondreSupprimerUne tranche de vie bien racontée, comme toujours !
RépondreSupprimerJoyeuses fêtes !
Une vieille contre 1500 révoltées, le match est mal engagé.
RépondreSupprimerJ'aurais du refuser la dernière tournée. Faut dire que l'invitation était tentante, une rafale de comptoir contre une manif de volaille. J'ai rien raté ;-). Merci.
Supprimer« Noël sans souffrance animale, c'est un vrai régal ! »
RépondreSupprimerKeremma