Pauvre Mathilde
Là dans le fond, près de la porte entrebâillée du salon,
une mince silhouette se découpait !
Il est des journées qui commencent par un clin d’œil mais
pas vraiment bienveillant ; on n’y prend pas garde mais après réflexion…
c’est ce que se disait Mathilde engoncée dans les plumes de sa couette fleurie
de petites violettes. Elle éternua plusieurs fois et toussa fortement ; une
main douce lui tendit un mouchoir parfumé à l’eucalyptus et lui fit boire une
cuillerée de sirop pour calmer ses quintes de toux. Peu à peu, Mathilde sombra
dans un sommeil léger puis fut emportée dans ses souvenirs.
Hier, la journée avait mal commencé ; d’abord le réveil
avait pris la liberté de sonner avec une heure de retard et il avait atterri en
morceau sur la carpette. Puis Mathilde avait dû se contenter d’avaler un breuvage
brun, froid et amer qui portait par erreur le nom de café, accompagné d’un
vilain quignon de pain rassis. Evidemment du liquide, la moitié fut renversée
sur le courrier qu’elle n’avait pas pris le temps d’ouvrir. Depuis quand
n’avait-elle pas eu une vraie nuit de sommeil…une vraie avec un oreiller
douillet sous sa tête ? Elle avait enchaîné garde sur garde puis encore
des gardes ; manque d’effectifs ! Son téléphone de service la sortit
de son humeur chagrine et elle répondit mollement à son collègue
Guillaume. Elle grimaça ; elle devait se rendre dare-dare au château du Comte
Jérôme de La Trémouille du Schmoll, victime dans la nuit d’un important
cambriolage.
Machinalement, elle attrapa les clefs de la Citroën 007 de
service et maudissant le GPS qui bien sûr ne fonctionnait pas démarra en
cahotant. Après des errements et quelques erreurs d’itinéraires, elle rejoignit
Guillaume, sur place depuis deux heures qui inventoriait les objets volés.
Outre quelques diamants et émeraudes, on comptait des tableaux célèbres :
deux Picasso, un Dali, un Pollock, un Manet, un Renoir et même une tenture
ancienne au point compté. Mathilde, étouffa un bâillement en pensant que
c’étaient beaucoup d’histoires et de billevesées pour des petits cailloux
brillants et de vulgaires copies. Un café, un vrai aurait été le bienvenu. Soudain
elle sursauta : une tenture ! Non une tapisserie de la reine
Mathilde, un ouvrage prêté par le musée de Bayeux ! Un cadeau de la Reine
à son mari Guillaume le Conquérant, une valeur inestimable…
Porter le prénom d’une reine valait bien un effort !
Elle oublia le café et se concentra sur l’enquête, rassembla les témoignages et
ne négligea aucune piste. Au bout d’une heure, laissant la police scientifique
finir leur examen, les deux collègues montèrent chacun dans leur Citroën 1313
de service. Mathilde, partie la première, s’engagea sur la route qui longeait
le lac. Elle récapitulait tous les éléments de cette nouvelle enquête quand, d’un
petit chemin de terre, déboucha un coupé cabriolet rutilant. Au volant, Arsène
Lupin lui fit un petit signe amical ; Trop fort c’était trop
fort ! Elle avait le coupable à
portée de main. Alors sans tenir compte du danger, elle fit un demi-tour digne
de Fangio mais hélas elle dérapa fit une embardée et la voiture s’enfonça lentement dans l’eau…
L'apparition d'Arsène Lupin, c'est un peu comme si le mystère avait choisi un chemin de traverse nous laissant curieux de découvrir ce qui se trame pour la suite ...
RépondreSupprimeret au fond du lac elle verra briller les petits cailloux volés !
RépondreSupprimerJoli ! Bien campé.
RépondreSupprimerOn s'attendrait presque à voir sortir Houdini à la fin.