06 septembre 2025
L’usuelle désillusion / Pierre Lpc
L'usuelle désillusion :
En grand amateur de jazz, je m'abandonne à l'improvisation.
Quelle soit musicale ou littéraire, j'aime laisser l'invisible potion
En une fine bruine, me nimber de son fin halo, chargé d'émotions.
Quel que soit le lieu où je me trouve, elle peut m'emplir les tripes.
Ici, un buisson roux, un rideau fendu sur un sourire plus pourpre encore.
Là, un sphinx qui miaule, proclamant siens les lieux à ornements d'or.
Sur un meuble empire, un buste d’artiste rappelant la grandeur qu'étripe
Nos maigres aspirations d'aujourd'hui, nos envolées lyriques sans cuisson.
Du passé, nous n'avons pas la flamboyance
De sa légende, même pas la patine.
Alors je continue à suer l'encre qui peut-être dans l'histoire gardera une poésie fine.
la femme en rouge/Lilou
La femme en rouge
Il était une fois, au bout du monde, une île gardée par de grands visages de
pierre ; les moaïs de l'île de Pâques dont on connait si peu l’histoire. Ils semblaient
endormis, mais en réalité, ils écoutaient. Le vent leur racontait les histoires
du temps, les vagues leur murmuraient les secrets des voyageurs.
Un jour, une femme en robe rouge arriva au
rivage. Elle portait un livre qu’elle n’avait pas encore lu. Elle s’assit dans
l’eau, ouvrit une page au hasard et découvrit qu’il n’y avait aucun mot.
Seulement une injonction : improviser.
Alors, elle leva les yeux et vit apparaître
autour d’elle un monde inattendu. Molière était là , cheveux longs, qui lui fit un clin d’œil. Près de lui, une table,
des serviettes jaunes pliées ombelliformes, un guerrier de fer ressemblant fort
à un Don Quichotte bricolé de pièces anciennes, battait du pied comme une marionnette
impatiente de danser sous le regard ému d’une petite fille coiffée d’un bandeau
orné d’une fleur de soleil. Au centre, un vase antique dessinait sur sa peau
d’argile des éclairs et des montagnes. Près de lui brillait une médaille d’or
gravée d’initiales, vestige d’un empire oublié, mais qui continuait de
chuchoter son éclat. Et, comme pour rappeler que toute improvisation a besoin
de douceur, un chat, perché sur une table, observait la scène, immobile mais
présent, gardien silencieux de cette fantaisie.
INSTANTS / Galets
INSTANTS
C’était bientôt Pâques et déjà il faisait chaud. Elle avait repéré dans son guide l’adresse d’une brasserie qui lui avait parue sympa, « le Molière », place du Théâtre bien sûr. Être seule pour son anniversaire n’allait quand même pas l’empêcher de se taper la cloche ! Elle était trop tôt pour le premier service et s’était assise sur un banc à l’ombre d’un platane, face à l’établissement. En regardant les serviettes jaunes artistiquement pliées sur les assiettes, elle eut un flash : celui du bandeau avec une grosse fleur que sa mère lui avait mis un jour d’été pour retenir les bouclettes qui s’échappaient de son petit chignon. Son copain Pierrot lui avait dit qu’elle était belle et lui avait claqué une bise collante de bonbon sur la joue. Pierrot ! Il était sec comme un coucou. Tiens un peu comme ce serveur emballé dans son grand tablier noir, qui venait d’apparaître avec un plateau vide qu’il avait posé au coin d’une table, avant de se saisir d’une longue manivelle pour dérouler le store au nom du restaurant. Elle allait demander à déjeuner dehors. Puisqu’elle n’aurait personne avec qui faire la conversation, elle pourrait se divertir du spectacle de ses congénères. Elle engrangerait sûrement de nouvelles situations cocasses, des réflexions, des attitudes, qu’elle restituerait un jour ou l’autre dans l’un de ses textes… Elle sursauta en sentant un frôlement contre sa jambe et sourit en voyant le beau chat gris qui avait décidé de lui présenter ses hommages avec un roulement de gorge, en arrondissant le dos. Allons, il était temps de célébrer ce jour qui n’avait d’importance que pour elle. Elle se leva en tirant sur le bas de sa robe rouge qui était un peu remontée sur ses cuisses, et fit le geste machinal de vérifier que sa médaille de baptême était toujours à son cou. Avant de poser le pied sur la marche de la terrasse en bois elle glissa un billet dans la jarre du joueur de flûte de pan qui semait au vent des notes que les pigeons semblaient emporter dans le ciel bleu.
Scénario burlesque / JAK line
j'ai pris toutes les images et Don quichotte m'a inspirée
scénario burlesque
Dans le SUPERU d’ El Toboso , Don Quichotte fait irruption, armure grinçante,
Le bout de sa cape coince les portes automatiques.
Un morceau reste, il tire, et sort la tête haute, mais la porte est figée
Un chat le fixe du regard : c’est un robot livreur, le chat-robot tout en courbes lisses et lumières clignotantes, qui attend stoïquement que la porte tournante s’active enfin.
Un panneau “porte en panne” clignote comme un avertissement divin.
Don Quichotte y voit un présage.
Il lève son épée rouillée, tente en vain, en un geste héroïque, d’ouvrir les battants
Tout reste coincé
Don Quichotte abandonne ses efforts
Il demande au chat-robot où est l’étage , rayon quincaillerie ;
en effet il a besoin d’un produit sûr pour déverrouiller son armure qui grince de plus en plus
le chat-robot , imperturbable, pivote sur lui-même et commence à monter les escaliers, ,
Don Quichotte le suit, chaque marche devenant une épopée.
Son armure fait un vacarme de casseroles en chute libre, et à chaque palier, il s’arrête pour haranguer les extincteurs, qu’il prend pour des sentinelles silencieuses.
Derrière lui, Sancho Penza, haletant, soufflant, porte un sac de courses qui fuit
des tomates roulent dans les escaliers,
poursuivies par Don Quichotte convaincu qu’il s’agit de projectiles ennemis.
Au 6e étage, le chat-robot, la batterie en panne, s’immobilise.
Problème du probablement à une surutilisation
Don Quichotte lui lance son gant à la figure pour le réanimer
Mais que nenni !
Don Quichotte ne sait plus que faire
Une poterie trône sur le palier, en compagnie d’une statue de l’iles de Pâques
Celles-ci prennent en pitié notre héros et lui propose d’emprunter l’escalier de service
C’est là, lui murmurent elles, qu’il rencontrera une belle inconnue, dont le médaillon cache les secrets d’un cœur aimant
Il s’empresse, l’amour en tête, il en oublie le produit dégraissant,
Son fidèle Sancho, le suit derechef
Chemin faisant, par une porte ouverte il entrevoit la statue de Molière qui médite
Don Quichotte s’approche, trébuche puis se redresse avec panache, et déclare à voix haute :
Toi maître du verbe, je suis venu chercher la vérité ! »
La statue ne bouge pas.
Évidemment.
Don Quichotte, blasé, sort un Cantabrie de ses cuissardes, et le pose sur le socle :
Sur un post-it il gribouille :
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Penza, commence à avoir le sang chaud il rouspète
Son maitre se redresse, gonfle le torse, et dans un souffle sonore, mi- verdict , mi- déclaration,
lâche d’un ton impérieux :
« Bah mon pote, laisse moi aller trouver la dulciné annoncée ! »
Ils arrivent enfin aux rez-de-chaussée la porte tournante est toujours coincée,
Mais point de dulcinée !
Seule une fillette enturbannée sourit, sa mère (la dulcinée) est allée lui chercher des friandises…
Dans ce SUPERU d’ El Toboso
L' ÉCHO DES CŒURS DE PIERRE / Marie Sylvie
Poussière du temps / L'Entille
Dans la galerie du coin
de la rue, je flâne. J’aime remonter le temps au travers du quotidien ou de
l’exceptionnel parfois. Rarement. C’est une balade au fil du passé, au fil
d’autres vies. Des vies à inventer, à improviser.
Il y a là, dans les bacs,
des photos de famille, mariage, baptême, communion, etc.., des moments de
réunion, de liesse oubliés. Ces gens ne sont plus là depuis longtemps mais leur
image a perduré. Leurs descendants ne les reconnaîtraient sans doute pas. Des
photos de voyage cohabitent allègrement aussi avec des œuvres très
personnelles.
Il y a aussi des objets
qui ont eu une vie avant d’arriver dans ce capharnaüm. Ils ont été choisis,
achetés, offerts. Ils ont orné des étagères, des buffets, embelli des
intérieurs, réjoui des yeux. Ils ont suivi chaque instant de d’une existence.
Dans ce méli-mélo de
genre, Molière donne la réplique à Don Quichotte. L’art ethnique lointain
côtoie l’art de la table bourgeois. Un chat me surveille de son perchoir.
« Pas touche ! » a-t-il l’air de me dire lorsque je m’approche
d’une table dressée, prête à recevoir les invités attendus. Une médaille posée
dans une assiette comme un gage de lien indéfectible. Et cet indéfectible se
retrouve là, exposé, évalué, estimé, prêt à voler vers un autre gage d’amour,
un autre engagement.
Lorsqu’un homme
s’approche de moi d’un air un peu excédé : « Vous cherchez quelque
chose en particulier ? » me demande-t-il. Ça doit bien faire une
heure que je traîne entre les meubles, objets, que je scrute chacun d’eux avec
sérieux et un brin de suspicion. « En ai-je envie ? Me fait-il de
l’œil ? L’achèterais-je ? Où le mettrais-je ? » J’aime
bien me poser ces questions. Rares sont les fois où j’atteins l’achat pourtant.
Je crois que j’aime surtout la déambulation dans des histoires poussiéreuses.
Imaginer les pérégrinations des choses ici exposées. Je lui fais mon plus beau
sourire avant de lui répondre : « Vous avez un très beau magasin,
mais je n’ai pas trouvé mon bonheur». Et lorsque je m’en vais, la
clochette de la porte émet le son guilleret avec lequel elle m’a
accueillie.
Pour la postérité / J.Libert
Le départ / Fredaine
Le départ
Ça y est, elle l’avait fait et la dernière page noircie, il
était temps de refermer ce cahier que sans doute elle ne rouvrirait jamais. Il
lui avait été nécessaire de tout déposer sur le papier pour pouvoir,
maintenant, avancer. Improviserait-elle une nouvelle vie ? Peut-on
vraiment d’un geste, tout effacer et tout recommencer ? Non, elle
n’oublierait rien, ne repartirait pas à zéro, elle continuerait mais autrement.
Elle n’était plus depuis longtemps cette petite fille au
regard noir, indomptable mais si fragile. Son chat, compagnon de la première
heure, son alter ego, était parti depuis bien longtemps. C’est à lui qu’elle
confiait tout. Le cahier l’avait remplacé dans ce rôle de confident. C’est là
qu’elle avait noté ces impressions de voyage que ce soit à travers le monde ou
les allées d’un musée, toujours accompagnée de son père.
Aujourd’hui, bac en poche, elle quittait la maison familiale,
toute seule, bien décidée à croquer la vie. Elle avait été accepté dans l’école
d’art dont elle rêvait depuis si longtemps et elle comptait bien faire honneur
à son illustre grand-mère, Giula Grapino, qui lui avait appris le plaisir de
créer.
Ses souvenirs - François
Assise dès l’aurore,
Elle écrivait ses souvenirs,
Toujours confus encore,
Mais, elle va les trier à l'avenir.
Elle pensait à l'île de Pâques,
Avec ses alignements de statues,
À cette heure, son esprit était opaque,
Et parfois même un peu confus.
Elle n'avait pas la plume de Molière,
Ou de l'auteur de Don Quichotte,
Pour parler du vase de Gansu à sa manière,
Ou de son chat qui lui faisait escorte.
Serrant son médaillon de Gucci.
Aujourd'hui, elle pense à son invité,
Qui viendra manger, c'est une femme maorie.
Avec qui tous ses souvenirs, elle va évoquer.
SOUVENIRS DE VOYAGES - Tarval
SOUVENIRS DE VOYAGES
Lors de mes précédents voyages,
J’ai pu observer des choses magnifiques.
Sur l’ile de Pâques, j’ai pu découvrir les Moai,
Statues monumentales qui défient tous les records,
Et devant lesquelles on fait preuve d’humilité.
Dans divers pays, j’ai visité plusieurs musées,
Où j’ai découvert des objets qui ont attisé ma curiosité,
Un vase antique, un guerrier en plomb,
Un tableau d’une jeune fille qui laisse penseur,
Un médaillon qui a du appartenir à un homme important,
Et en France une statue de Molière devant laquelle je me
suis recueillie.
En Amérique latine, j’ai pu aller à la rencontre des locaux,
Foisonnement de couleurs, de sons, d’odeurs qui ne laissent
pas indifférent.
Certaines fleurs m’étaient inconnues,
Et les guides m’ont fait découvrir ces espèces et leurs
vertus.
Ce qui me manque lors de mes voyages,
C’est mon chat Fripouille, qu’une voisine me garde
gentiment.
Quand je rentre, c’est ronronnements et câlins à toute
heure,
C’est un ami fidèle, et je l’aime beaucoup.
Il m’apporte bonheur et sérénité, et je suis toujours
heureux de le retrouver.
Ces voyages m’ont laissé des souvenirs impérissables,
Et j’ai hâte de repartir à l’aventure.
Rupture - Jill Bill