-Jill Bill
-Fredaine
-Tarval
-Jak
-J.Libert
-Marie-Sylvie
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-Marie-Sylvie
"Sujet 155"
Bonjour tout le monde,
l'Atelier Mil et Une se propose d'évoluer.
Pour éviter la lassitude, il faut savoir se renouveler.
Pour cela nous avons besoin de vous connaître mieux.
Quelles sont vos attentes, vos envies, vos suggestions.
Une synthèse sera faite et nous verrons comment et si
l'aventure se poursuit ! Bien à vous !
Dans un hall somptueusement décoré, deux silhouettes improbables font leur entrée.
C‘est un rendez-vous. Important, paraît-il.
Le nommé Panne, dodu comme un rôti du dimanche, bardé de lard et d’angoisses, s’arrête net devant l’ascenseur.
Claustrophobe notoire, il s’écrie :
-Coincé dans un ascenseur ? Nenni pour moi !
Et les escaliers ? Je vais les rendre glissants, traîtres, périlleux !
Mais motivé par leur rendez-vous, il annonce
- Tant pis pour les suivants, je tente sportivement la montée ! »
Son complice Couenne, cuir tanné par les années, lui rétorque avec un soupir de militant :
-Tu le sais, je suis gréviste dans l’âme. En lutte contre l’effort physique depuis 1952.
Alors j’opte pour l’ascenseur
Pendant ce temps, au cinquième étage les attend Dame Truie, parée de son plus beau sautoir en saucisson de Lyon, trépigne d’impatience.
Elle a mis les petits plats dans les grands : nappe en toile de porc, chandelles en gras de canard.
Elle murmure, en maquillant son groin de rouge groseille :
Ils ont intérêt à se pointer avant que mon rôti refroidisse… ou je les transforme en rillettes !
Impatiente, elle zieute par la porte entrouverte
Nos deux complices arrivent presque ensemble sur le palier du cinquième, mais là consternation .
Sur un brancard Dame Truie git .
Le garçon d’ascenseur, un bon gars de la France profonde, habitué à un rituel, est aussi tueur de cochon en fin de semaine, et il a vu rouge en apercevant la belle par la porte entrebâillée !
Nos deux acolytes en restent cois, comme saucisson trop sec, le regard en tranches, le souffle en charpie.
MORALITE
A gratte-ciel trop haut, préférons les herbes folles et l’odeur du foin.
Un ascenseur pour la potence ?
Ou un escalier vers le paradis ?
Le choix des marches et de l'errance.
Dante à mes côtés dans l'enfer
Où le même cercle se rejoue.
Gauche je monte, droite je descends.
Un ascenseur pour la potence ?
Ou un escalier vers le paradis ?
Le choix de l'étage est une chance ?
Les battants de fer se referment
Mes mains se joignent et là, je prie
Qu'ils se rouvrent sur un jour chaud.
Un ascenseur pour la potence ?
Ou un escalier vers le paradis ?
Votre choix se fait toujours, sur
Un autre que l'on a fait pour vous.
Monsieur Buridan était un homme affable,
Respectueux des interdits,
Et des conseils formidables.
C'est ce que tout le monde dit.
Un jour, n'ayant plus un sou vaillant,
Il alla à son rendez-vous pour avoir un emploi,
Au vingtième étage dans un appartement.
Affamé, il était aux abois.
Quand il arriva, à un dilemme il fut confronté,
Il vit que prendre l’ascenseur nuisait à sa santé.
Et prendre l'escalier mettait à mal sa sécurité.
En panne était sa décision, il était angoissé.
L'absurdité de ce paradoxe,
Allait lui faire perdre son poste,
Ne sachant pas faire le bon choix,
Il ne put obtenir son emploi.
Devant ce double obstacle, il se rongeait,
Ne sachant pas à quel saint se vouer.
Ainsi, au pied des étages, il resta coi,
Pour ne pas mourir de faim, il retourna,
Manger à la gamelle des indigents,
Un bout de pain sec et du gouda,
Pauvre monsieur Buridan.
LA PEUR DE L’ASCENSEUR
Monter l’escalier ou prendre l’ascenseur,
Dilemme, j’habite au 3ème étage,
Et l’ascenseur m’y mène en quelques minutes.
Mais j’ai toujours peur d’une panne,
Et de rester coincée dans le noir,
Piégée comme un rat.
Monter les escaliers jusqu’à mon étage me paraît impossible,
Je suis vite essoufflée et j’ahane comme un phoque.
Pourtant faire cet exercice régulièrement améliorerait mon
souffle,
Ma santé n’en serait que meilleure,
Mais je n’ai pas le courage.
Mon médecin m’encourage à le faire,
Mais je ne l’écoute pas.
Je prends donc l’ascenseur malgré mes peurs,
Et je prie à chaque fois qu’il m’amène chez moi sans
encombre.
Il y a une sonnette d’appel en cas de panne,
Mais le temps que les réparateurs arrivent,
J’aurai une crise d’angoisse et je m’égosillerai en hurlant
au secours.
Malgré cette peur, je continuerai à prendre l’ascenseur,
Et laisserai les escaliers aux plus courageux.
Maman Micheline a, aujourd’hui, un peu plus de quatre vingts ans, mais elle en a eu vingt, trente ans et plus. Depuis sa jeunesse, elle habite au sixième étage d’un immeuble, à la périphérie de la ville. C’est là qu’elle a crée et vécu avec sa petite famille.
Veuve depuis une bonne dizaine d’années, elle est encore assez autonome pour vivre chez elle. Sa seule difficulté, c’est de monter et de descendre ses six étages ; les descendre pour vider ses poubelles, le vide ordures ayant été condamné pour raison d’insalubrité ; les monter avec son sac à provisions ou même son caddy à roulettes à bout de bras.
Sa phobie serait de prendre l’ascenseur et d’y rester coincée. Elle sait qu’il est trop souvent en panne et que le dépannage prend parfois un certain temps.
Elle se souvient comment, à vingt ou trente ans, elle grimpait les escaliers quatre à quatre avec une rapidité étonnante.
Là, elle prend tout son temps, s’arrête quelques minutes sur le palier de chaque étage pour reprendre souffle. Souvent, elle croise des jeunes qui la connaissent bien et proposent de l’aider si elle est chargée. Cela lui donne l’occasion de bavarder avec les uns ou les autres et de se sentir moins isolée.
Mais elle commence à s’inquiéter, se demande si, dans quelques années, elle pourra encore monter les escaliers de ses six étages. Alors, Maman Micheline essaie de vaincre sa phobie de l’ascenseur, profite d’y monter en présence des autres habitants de l‘immeuble.
Ces dernières semaines, il vient d’être réparé. « Il est comme neuf ! » à t-on dit.
Ainsi, à la prochaine course, elle se promet de réaliser, seule, ce qu’elle a toujours redouté.
L’ascenseur était en panne d’inspiration, il était las de
ses montées et de ses descentes automatiques, comme de ses arrêts, ça lui donnait des boutons.
Il se disait pour changer je vais prendre l’escalier.
L’escalier, qui voulait monter le niveau, se dit :
pourquoi pas ?
Le problème c’est que l’ascenseur ne rentrait pas dans l’escalier.
Normal. Il y avait déjà le concierge.
On n’a jamais su si l’ascenseur avait tenté de passer par la
fenêtre.
Et si ?
Et si l’ascenseur avait
été une idée de génie ?
Et si l’ascenseur une
fois installé avait vu le monde s’émanciper ?
Et si l’ascenseur
desservant chaque étage avait créé du lien entre voisins?
Et si l’ascenseur qui au
départ devait être une avancée était devenu au fil du temps un moyen de
diviser ?
Et si les escaliers
n’étant plus un problème, les appartements en hauteur pouvaient devenir des
logements haut de gamme ?
Et si l’ascenseur avait
fait des chambres de bonne, des duplex d’exception avec rooftop ?
Et si l’ascenseur,
invention géniale, avait été le repoussoir des « petites gens » vers
d’autres horizons ?
Et si l’ascenseur était
devenu un vecteur de l’entre-soi ?
Et si l’ascenseur tombait
en panne ?
Et si les escaliers
étaient devenus l’incontournable pour rejoindre les sommets ?
Et si ces
« biens » devenaient obsolètes du fait de l’effort à fournir ?
Rassurons-nous, ça
n’arrivera pas.
Les livreurs et autres
« première ligne » relégués aux banlieues sont une manne inépuisable.
C’est un beau calligramme à double voile
Je souffle sur le livre, mais rien ne se dévoile.
Il existe des appeaux pour volatiles de toile
Moi, mon appeau-llinaire n’appelle pas l’étoile.
Perdu en mer.
Un cap dépassé,
Un phare perdu,
Une boussole déboussolée,
Une navigation erratique,
Une vague désespérée,
Un souffle attendu,
Un marin déprimé,
Un quai hypothétique,
Une bouée inadaptée,
Une annexe oubliée,
Les mots s’envolent, et vogue la galère.
Les p'tits bateaux
Maman, les p'tits bateaux
qui vont sur l'eau
font-ils des phrases ?
Mais non, mon grand nigaud,
s'ils en faisaient
ils parleraient !
Maman, les p'tits bateaux
qui vont sur l'eau
ont-ils des vers ?
Mais non, mon grand benêt
s'ils en avaient
ils couleraient !
Les flots de l'amer
J'ai souvent navigué
Sur les flots de l'amer
Mon esquif malmené
En a beaucoup souffert
Le souffle des grands vents
L'a tant fragilisé
Que sa coque se fend,
Que son mât est brisé
Et sa voile autrefois
Si joliment gonflée,
Giflée par le noroît,
S'affale, déchirée.
Sur la toile les mots
Par les embruns trempés,
S'effaceront bientôt
Ou seront oubliés.
A l'angoisse enchaînée
Comme au banc de galère
Je rame fatiguée
Sur les vagues amères.