18 juillet 2025

ÉCHOS DES JOURS OUBLIÉS - Marie Sylvie

 


Toutes les photos, tous les mots ! 


ÉCHOS DES JOURS OUBLIÉS



Chaque matin c'est le même rituel. Le  bourdonnement familier du moulin à café, une mélodie discrète qui précédait toujours le tintement  fatidique du réveil à clochettes. 


Une fois le café infusé, je me glissais dans la coquille protectrice du train, la même place, le même wagon. Dehors, le paysage défilait, une symphonie de verts et de jaunes aperçus à travers la vitre encadrée de rouge. Je ne voyais pas vraiment. Mon esprit était déjà ailleurs, dans le  tumultueux courant des pensées des jours à venir. Les champs, les collines, les arbres solitaires  ... tout cela n'était qu'un flou, une toile de fond à peine enregistrée. 

Pourtant, la nuit, le monde se recomposait. Dans la pénombre de mes rêves, les détails oubliés du jour prenaient vie, se magnifiaient. Une fois, j'ai rêvé de la toile d'araignée que j'avais croisée sans y prêter attention, peut-être au détour d'un chemin ou dans le jardin de la gare. Dans mon rêve, elle était parée de milliers de perles de rosée, chaque gouttelette un miroir parfait. C'était une véritable éclipse de la réalité banale, un moment où la beauté minuscule du monde s'imposait avec une clarté éblouissante, révélant la perfection d'une ingénierie naturelle que mon œil éveillé avait ignoré. 

Ces images oniriques se mêlaient parfois à des visions plus abstraites comme cette illustration publicitaire d'une femme dont le profil était nimbé de taches d'aquarelle, un mélange de jaune et d'ocre, reflétant les pensées et les émotions. C'était le reflet de mon propre esprit, transformant les impressions fugaces du jour en une tapisserie intérieure, où le vu et le ressenti fusionnaient. 

Et puis, il y a ce banc. Je ne sais pas si je l'ai vu un jour réellement ou si c'est un pur produit de mes songes.  Un banc solitaire dans la brume matinale, baigné de rayons de lumière qui transperçaient l'obscurité, illuminaient l'herbe perlée de rosée. 

C'est là, dans ce lieu hors du temps, que tous ces fragments du quotidien, les champs verts, l'odeur du café, la perfection d'une toile, la douceur d'une pensée, se rejoignent. 
C'est là que le monde que je ne vois pas consciemment le jour vient me chuchoter ses secrets, me rappelant que la vie est une somme de détails, certains perçus, d'autres rêvés, mais tous essentiels à la richesse de l'âme. 


Dans le silence des nuits, des rives du passé se dessinent, perles d'un vécu que l'éveil voile. L'âme rêve alors les lumières lointaines, ces échos doux des jours oubliés. 

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