Pendant 5 ans, Armand a compté les jours, les semaines, les mois, les années vécus séparé de sa famille et loin de son pays.
Aujourd’hui, le voici de retour prenant en sens inverse le petit chemin qui longe son hameau. De ces instants, il en a longuement rêvé, surtout quand la réalité de la guerre se faisait oppressante ou trop cruelle. Bien sûr, il y avait les lettres de Pauline pour lui redonner courage, lui dire qu’elle l’aimait et que tous pensaient à lui, mais, avec le temps, les difficultés d’acheminement, celles ci devenaient de plus en plus rares ou parfois censurées.
À cet instant, il n’a plus qu’une seule idée en tête : retrouver les siens, son foyer, ses occupations.
Pendant son voyage de retour dans un train de marchandises ramenant avec lui d’autres prisonniers de guerre, il a traversé des villes Françaises marquées par les misères de la guerre, des villes détruites, encore fumantes et noircies de l’explosion des dernières bombes. Il a croisé des regards perdus de rescapés cherchant on ne sait quoi dans les décombres.
Armand se demande, avec angoisse, s’il est toujours attendu par les siens. Il prend un temps d’arrêt devant la barrière qui ferme l’entrée du chemin le menant chez lui, dans sa maison. Trompette, son chien bâtard de 10 ans, toujours aussi bon gardien, prévient de toute intrusion. Il semble l’avoir reconnu.
En ce début d’été 1945, à l’heure de midi, le temps est chaud, lumineux. Armand a déposé à terre son sac de voyage. Son ombre dessine un tache sombre sur le sol de sable orangé.
À 31 ans, d’une belle et longue stature, il est en pleine force de l’âge. À cause des restrictions, il a bien un peu maigri mais il a la chance rare de rentrer, indemne, sans aucune blessure.
Dans la campagne, à cette heure, c’est le grand calme. Au loin, on entend sonner les cloches de la petite église et les hirondelles vriller l’air chaud à longs bruits d’ailes.
Armand n’a pas encore franchi la barrière. Il reste là, figé entre l’espoir et la crainte, le regard dirigé vers le lieu où chacun a continué, si longtemps, à vivre sans lui.
Revenir comme un étranger sur les terres qui l'ont vu naître !!! Pas simple.
RépondreSupprimerIl va devoir s'immiscer dans une vie où son absence était devenue une habitude.
RépondreSupprimerretrouver sa place et son rang quand on a vécu loin et dramatiquement n'est pas chose aisée
RépondreSupprimerSouhaitons que ce ne soit pas le plus dur qui commence.
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