21 décembre 2024

MADAME PROPRETTE / J.Libert

 



    Le désir de propreté et de nettoyage de Madame Proprette confine à l’obsession. Sans mentir, huit fois par jour, elle a le chiffon en main pour essuyer, astiquer les meubles, le sol, les vitres. Avec une énergie digne d’une sportive de haut niveau, elle court d’une pièce à l’autre pour traquer le moindre grain de poussière. Chez elle, c’est le palais des glaces d’où est exclue toute fantaisie. Elle ne s’accorde de répit qu’à la soirée pour déguster son carré de chocolat Poulain, écouter son morceau de harpe favori tout en lorgnant les traces laissées sur son miroir ou ses vitres… Demain, elle s’y attaquera avec le nouvel appareil lave vitres acheté sur télé shopping payable en  trois fois sans frais.


    Plusieurs jours par semaine, elle se rend dans la grande surface située à l’autre extrémité de la ville pour faire ses courses alimentaires. Madame Proprette préfère les acheter en petites quantités. Ainsi, elle se donne l’excuse de retourner dans sa forteresse, dans les rayons spécial lessives ou spécial entretien. Là, elle savoure son plaisir entre : les lingettes dépoussiérantes, les gants de ménage,les carrés en micro fibres, les rouleaux d’essuie tout, les éponges, les berlingots d’eau de javel, les bidons de savon noir, les balais, les brosses etc. Elle aime l’odeur plastifiée qui se dégage toujours un peu de ces rayonnages dans lesquels les articles sont impeccablement rangés. Elle compare les prix, les quantités, achète des produits au flaconnage différent mais qui font doublon avec  ce qu’elle utilise déjà, mais qu’importe ? Elle est sécurisée de pouvoir compter sur une réserve qui augmente de semaine en semaine.


Cependant, il lui est déjà arrivé  plusieurs mésaventures qui auraient pu coûter la santé d’une tante âgée. Madame Proprette l’hébergeait chez elle en attendant de la placer dans une maison de retraite.

La tante dût être hospitalisée à deux reprises pour avoir bu une première fois de l’eau de javel versée dans une bouteille en verre non étiquetée , une deuxième fois  un bout de savonnette qu’elle avait pris pour un gâteau sec ; heureusement des ultra sons permirent de diagnostiquer la cause des empoisonnements…


Il est pourtant bien dit  qu’il est toujours dangereux de laisser des produits d’entretien à portée de main !

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