30 décembre 2024

Sujet 120 - les participants

 



Point de vue (Jill Bill) 

La princesse aux couleurs mystérieuses (Marie Sylvie) 

Les yeux (J.Libert) 

Couleur locale ? (K)

L'art retrouvé ( L'Entille)

Parcours (Galet) 

Aujourd'hui moins que demain (L'Entille) 

Regard ( Jak)

Dirty Little Thing (Galet) 

28 décembre 2024

Sujet 120 - semaine du 28 décembre au 4 janvier 2025

 



Réveillon de la Saint Sylvestre/J.Libert

 RÉVEILLON DE LA SAINT SYLVESTRE

Fins prêts pour le réveillon du jour de l’an, ils prirent l’autoroute en début de soirée pour rejoindre leurs amis. Le trafic était fluide. D’humeur joyeuse, le couple et leurs deux jeunes adolescents se remémoraient quelques bons souvenirs des années précédentes.

Déjà, on était à la moitié du trajet quand la circulation sur la file de droite commença à ralentir pour une raison apparemment inconnue ; pour comble, une pluie verglaçante vint frapper durement le pare brise. La buée provoquée par la différence de température envahit bientôt l’habitacle ; l’aération la dissipa rapidement pour se rendre compte que la pluie faisait place à la neige.
La circulation maintenant complètement bloquée, le couple décida de prendre la première bretelle à droite en direction d’une nationale.

Derrière, s’engagèrent d’autres véhicules et tous se retrouvèrent à la queue leu leu dans une immense patouille de neige et de boue envahie par les eaux. Impossible de s’en dégager de peur de s’enfoncer davantage, d’éclabousser robe, pantalon, chaussures à talon.

Dans la nuit noire, les minutes passaient, angoissantes. La peur montait en même temps que la pluie neigeuse qui tombait toujours. On voyait la réverbération des phares allumés sur la mare d’eau, à quelques mètres du véhicule sans savoir si elle était profonde.
Un silence impressionnant succéda aux conversations animées. Chacun retenait son souffle, se penchait plus avant essayant de percer l’obscurité pour ne voir que sa propre image se refléter dans les vitres.
Les gamins perdirent patience et se mirent à sangloter.

Tous attendirent de longues heures avant d’être enfin secourus. Ils retrouvèrent leur chez eux au matin du 1 janvier, gelés, courbatus, affamés mais, heureusement, sains et saufs.

 

L'aurore inondée/Marie Sylvie

 L'AURORE INONDÉE 




Sous l'aube naissant, la ville se réveille,
Des voitures prises au piège, témoins de la veille.
L'eau, liquide doré, drape les rues endormies,
Réfléchissant les premiers rayons doux et infinis. 

Les dégâts sont visibles, une marque de destin
Mais le levé du soleil offre un spectacle divin. 
Les couleurs éclatantes dansent sur l'eau tranquille,
Transformant le chaos en scène sereine et docile. 

Chaque goutte de lumière, chaque reflet doré, 
Habille la scène d'une robe irisée. 
Les voitures, prisonnières, semblent figées par le temps 
Sous la tendre caresse d'un matin éclatant. 

L'inondation, avec ses vagues de tristesse 
S'efface peu à peu sous l'aurore liesse.
La nature reprend ses droits avec grâce et éclat
Et la ville, malgré tout, trouve un instant de paix, là-bas. 

Le soleil se lève, promettant un jour nouveau, 
Les eaux reflètent un espoir et un renouveau.
Dans ce panorama splendide, une leçon se dessine, 
Même dans l'adversité, la beauté s'anime. 

Furu / Galet

 


Les dimanches à Bamako c'est le jour de mariage, alors aujourd’hui Amadou et Mariam se sont unis. Il avait un sourire radieux et des dents aussi blanches que la robe et le voile brodé de sa nouvelle épouse. Elle, toute fiérote, paradait devant les parentes, les amies, les voisines qui chantaient et dansaient pour célébrer leur bonheur. Bien sûr, le soleil était de la partie, il baignait de sa lumière crue les boubous bariolés des femmes qui s’interpellaient avec de grands rires. Les hommes, un peu en retrait, avaient offert un dableni au djeli venu chanter l’histoire de ces deux familles qui unissaient leurs enfants et souhaiter au nouveau couple une longue vie et une nombreuse descendance. Eux sirotaient leur bière, il y en aurait d’autres, la journée promettait d’être longue.
Bientôt il fallut se mettre en route, il y avait du chemin jusqu’à Ségou, là ou habitent les parents de Mariam qui accueillent la noce pour un grand repas traditionnel et encore d’autres chants, d’autres danses jusqu’au bout de la nuit. Alors tous s’étaient répartis dans les véhicules, des 4x4 poussiéreux habitués des pistes et des nids de poule, et la caravane s’était mis en branle. Le voyage était rythmé par les mélopées et la musique, entre impatience et somnolence, la poussière de la route n’entamant pas la bonne humeur des passagers.
Enfin, alors que le ciel commence à se draper d’orange et que les arbres festonnent la nature de leurs silhouettes noires, les voitures traversent à gué un bras du fleuve. Le but est tout près, tous sont bien réveillés à présent, assoiffés et affamés. Les cris de joie ont remplacé les chants, les enfants qui guettaient dévalent les remblais et se précipitent au-devant du convoi. Là-bas, sur la rive, les plateaux de fruits et de pâtisseries sont prêts, les grandes marmites fument sur les feux de bois, les nattes et les tapis couvrent le sable dur, le dimanche n’est pas terminé, c’est jour de mariage !


 
Furu : mariage en Bambara, langue parlée au Mali

Débordement, pluriel / Jill Bill

 


T'as voulu sortir
Malgré le mauvais temps, chérie,
Qué déluge,
Heureux si on ne s'embourbe pas !!

Compte pas sur moi pour pousser
Avec ma nouvelle robe....

Et pas sur madame ta mère non plus !!!
Elle n'a même pas payé le restaurant...

Enfin, Noë, c'était son anniversaire tout d'même.
Alors fais pas d'vagues hein !!!

A propos de vagues, auto ou bateau,
A l'avenir, achat à réfléchir !!

Pensez à un yacht cher gendre...
Votre voiture, c'est pas Versailles !
Vous auriez pu prendre l'option phares...

Oooh vous belle-maman !!
Fermez... la bien, votre portière !!!!!

23 décembre 2024

Sujet 119 - les participants

                             


Débordement, pluriel par Jill Bill 

Furu par Galet 

L'aurore inondée par Marie Sylvie 

Réveillon de la Saint-Sylvestre par J. Libert


21 décembre 2024

Sujet 119 - semaine du 21 au 28 décembre

 






Aucune interruption pendant les fêtes ! 

On compte sur vous ! 

Amitiés

le concert / Lilousoleil

 

le concert



 

Les spectateurs étaient installés, les oreilles largement déployées, l’attention était à son comble.

Dans la vieille forteresse, ainsi nommée car la vieille église était bâtie avec les pierres du château moyen âge, huit compères sexagénaire au demeurant, amis comme cochon depuis la maternelle avait organisé un concert pour la saint Sylvestre. Ils étaient fins prêts.

L’idée, aussi sotte que grenue, avait germé dans l’esprit de Jean alors qu’il écoutait la fantaisie de Schubert, tandis qu’il tournait la sauce tomate bolognaise avec sa cuillère en bois transformée pour l’occasion en baguette de chef d’orchestre.

Contactés, les sept autres énergumènes avaient de suite souscrit à la proposition de Jean, histoire de s’amuser.

Ou mais quels instruments ? et où ?  Mais bon sang mais c’est bien sûr, la vieille église un vrai palais pour l’acoustique. Et puis cela lui redorerai le blason, la remettrait   au centre du village. On ne va pas se mentir, la messe n’est plus ce qu’elle était ; elle ne fait plus recette. Depuis longtemps les curés sont des baladins itinérants qui colportent la bonne parole de village en village.

Bon le lieu trouvé, quels instruments. Nos compères sont une équipe de bras cassés qui, s’ils entendent la musique ne savent pas l’interpréter. Et puis quelle œuvre ?

Le Boléro ? La fantaisie de Schubert ? Ah non sécrièrent en choeur Anastase, Fuschia et Zozine. Le 31 décembre, c'est le "Beau  Danube bleu" ou la Marche de Radetzky".

Protestation d’Urbain et Timoléon qui préféraient le concerto pour violoncelle de Saint Saëns ! Finalement c’est Jean qui en chef d’orchestre eu le dernier mot. Il choisit un œuvre de Poulenc en hommage au petit poulain  né la nuit dernière et baptisé Francis.

Dans la sacristie, on dégotta une vieille harpe bien désaccordée mais qui ferait l’affaire.

A vingt heures pétantes : Jean, baguette en main accueillit les musiciens en son palais musical

Procule lui ne sachant que siffler avait attrapé le sifflet ultrason ce qui fit venir le chien Dodo qui aboya joyeusement.

Fuchsia arriva avec une casserole et une louche en cuivre et tapa généreusement imaginant la tête de son époux volage.

Eubiote égrena quelques notes aigrelettes à la harpe qui eut envie de sortir de ses gonds (harpe à gonds) bien sûr.

Quant à Zozine, elle étala sa collection de verres plus ou moins rempli d’eau actionnée de quelques goutte eau de Javel pour imaginer qu’elle était bénite et tapotait sur le faux cristal avec fourchette et couteau.

Timoléon se déclara ténor e fut accompagné d’Anastase en chœur.

 

Sans aucun doute un orchestre naquit cette nuit là !

SOLITUDE / Galet

 


 

- Ah, c’est vous la nouvelle infirmière ! Entrez, entrez mon petit, bienvenue dans mon palais !
 
Celle qui m’accueille a plus d’une tête de moins que moi, et son grand sourire fait presque disparaître ses yeux dans les rides de ses joues. Elle m’invite à la suivre dans la salle à manger et à poser ma sacoche sur une chaise. Au-dessus est accrochée une vieille gravure joliment encadrée d’une forteresse imposante.
 
- C’est la citadelle de Bitche, en Lorraine, précise-t-elle sans que j’aie rien demandé. C’est là-bas que je suis née.
 
Elle enchaîne, visiblement heureuse d’avoir de la visite, fusse la mienne :
 
- Il faudra me parler un peu fort, parce que je ne mets plus mes appareils, ils ne sont pas bien réglés et j’entends des bruits aigus, des ultrasons a dit le docteur.
 
Chez elle, ça sent la cire d’abeille, le vieux papier des livres sur les étagères et une discrète odeur d’eau de Javel venant de la cuisine témoigne d’un intérieur bien tenu et confortable. Il manque pourtant la touche de gaité, la pointe de désordre d’un endroit « vivant ». Je prends sa  tension et prépare son injection, pendant que la bavarde me liste les personnes qui viennent rompre sa solitude : l’aide-ménagère deux fois par semaine, le facteur pour sa pension chaque mois, l’agent communal qui lui apporte son repas à onze heures et l’infirmière bien sûr, tous les jours. Une vie terne et réglée, sans fantaisie, probablement sans autre imprévu qu’un ennui de santé. Je remplis son pilulier et range mes affaires. Alors mon regard se pose sur un petit bibelot dans l’angle du buffet. C’est un poulain en biscuit, sur lequel subsiste des traces de rose et de bleu pâle mouchetées de paillettes d’argent terni. Ma grand-mère avait un objet semblable, censé changer de couleur selon le temps. A celui-ci il manque une patte et pourtant il trône fièrement au centre d’un napperon au crochet. Elle a suivi mon regard et dit :
 
- C’est mon Roland qui l’avait gagné pour moi au tir à la carabine. Il m’avait emmenée à la fête foraine. Nous n’étions pas encore mariés…
 
Par petites touches elle me dessine sa vie. Elle n’a pas besoin que je parle, juste que je l’écoute. Alors pourquoi ne pas mentir, dire que j’ai le temps et en voler à cette journée pourtant loin d’être finie, accepter un café trop clair dans un verre en pyrex et la voir ravie de disposer huit madeleines sur une assiette en porcelaine ? Oui, demain, c’est encore moi qui reviendrai. Elle sera là, bien sûr, plaisante-t-elle en me raccompagnant.
Dans ma voiture qui m’emmène vers le prochain patient, je mets un CD de harpe pour me détendre et essayer d’avaler cette drôle de boule que j’ai dans la gorge.
 

Sérénade / Vegas sur sarthe



Ce matin, Germaine chante du Souchon ...

 

Est-ce qu'on peut ravoir à l'eau de Javel
Des sentiments
La blancheur qu'on croyait éternelle
Avant ?

 

Je n'aime pas quand elle chante Souchon, ça finit toujours par monter dans les tours, dans les aigües.

Je fais souvent ce rêve fou qu'elle parle en ultrasons !

Certes ça fait aboyer son caniche et ça casse quelques verres en cristal – cadeau de mariage d'oncle Hubert... au siècle dernier  – mais j'ai une paix royale.

Germaine continue, la gredine …

Pour retrouver le rose initial
De ta joue devenue pâle

Le bleu de nos baisers du début
Tant d'azur perdu

 

Question baisers je me souviens qu'au début elle m'avait donné Huit … sur vingt, alors pensez-donc aujourd'hui je suis hors catégorie.

Pourtant à l'époque j'y mettais de la fantaisie … je lui jouais de la harpe avec ma guitare sèche (cadeau de mariage de tante Anastasia... au siècle dernier ; Germaine se pâmait du haut d'une forteresse improvisée avec deux chaises Ikea, des EKEDALEN en hêtre massif (depuis l'âge de bronze y'a pas mieux que les suédois pour les forteresses)

Entre deux grands soupirs de pâmoison, elle m'invitait dans son palais – encore du Ikea, un SKÖNABÄCK en polyester acheté à crédit en 72 mensualités  – pour la ranimer.
A défaut de sels de carbonate d'ammonium je lui offrais une barre chocolatée Poulain car on n'était pas riches à l'époque.  

Sans mentir, ça la requinquait illico alors elle me … mince, elle est en train de conclure

 

Allez ! À la machine !!!

 

Pourvu qu'elle n'enchaîne pas sur Ultra moderne solitude !

Non, elle ajoute à mon intention « Tu mettras ta couette dans la machine ! Je suis pas ta bonne »


Le stagiaire / K

 


J’ai un stagiaire, sans mentir, je suis son mentor, c’est comme un poulain tu vois, depuis huit mois, et c’est une forteresse, y a rien qui rentre, le palais de la découverte il s’en contrefout, je vais m’en séparer, il est du genre ultrason mais sans cédille, j’arrive pas à le décontaminer, même à l’eau de javel, pas possible un sortilège lui a été joué à la harpe, non mais là la fantaisie ou la comédie a assez duré, là c’est plafond de verre, dehors ! 


QUOI, POURQUOI ? / Galet

 


 

Dans cette forteresse son existence manquait singulièrement de fantaisie. Pourquoi, de ses huit palais, avoir choisi celui-ci, dont les murs épais ruisselaient tant d’humidité que même les lessivages à l’eau de Javel ne parvenaient pas à éliminer l’odeur de moisi ?

Parce qu’il voulait oublier les jours d’avant, les rires, les bulles dans un verre, les arpèges d’une harpe, les caresses échangées. Tous ces gens qui l’entouraient ne faisaient que mentir. Son seul plaisir désormais était ses longues galopades sur le cheval qu’il avait emmené avec lui dans son exil, ce poulain qu’on lui avait offert il y a longtemps… Il rentrait exténué sans jamais pouvoir chasser ce souvenir qui l’obsédait, ultrason qui vrillait son cerveau.

 



Le défi / Laurence B

 




A huit heures ce soir-là, nous n’étions plus que deux candidats masqués et enfermés dans la forteresse. Soudain le défi télévisé fut lancé, l’objectif : être le premier à trouver une harpe (fantaisie de musicien !) dans ce dédale où un poulain ne trouverait pas sa mère. Je commençai à arpenter les couloirs, les salles vides et les étages, m’appliquant à faire, sans vous mentir, moins de bruit qu’un sifflet ultrason quand soudain je flairais son odeur d’eau de javel répugnante. J’avalais alors une gorgée de whisky en collant ma langue à mon palais avec délectation, et sortant de ma cachette, je lui tranchais la gorge avec un morceau de verre, le même qui lui avait servi à empoisonner ma chère maman à la maison de retraite.



Rendez-vous / L'Entille

 


Il était une fois, un pays qu’on appelait le pays dont on ne revient jamais. Tout le monde le fantasmait mais personne ne le connaissait.

Certaines imaginations débordantes le voyaient comme un havre de paix où tout était riche, verdoyant, où tout poussait en toute saison. La paix régnait et le seigneur de ce pays était bienveillant et juste. D’autres l’imaginaient comme un territoire sombre, inhospitalier où la peur distillait son venin. La méchanceté, l’injustice, la malveillance étaient le quotidien de ses habitants.

Il y en avait enfin, pour croire qu’au-delà de la forteresse qui emmurait cette contrée, il n’y avait rien.

Mais pour ceux qui avaient franchi ce mur et atteint le pays, l’histoire commençait.

Dans les prairies alentour, des animaux de toutes sortes paissaient paisiblement. Il y avait là des vaches et leur veau, des brebis et leur agneau, des juments et leur poulain, etc. Une harmonie coulait comme l’eau de sa source sur le paysage dans une clarté rayonnante.

Et puis un bruit, une fantaisie musicale vibrait à l’oreille du visiteur, un son de harpe en ultrasons. Happé par les notes, il entrait dans un palais de verre et d’acier.

Huit marches à monter et un hall immense, en arrondi au sol pavé de dalles en marbre blanc à peine strié de veinules rosées accueillait le visiteur dans sa froideur et sa solennité avec une odeur de souffre. Euh ! Non, veuillez m’excuser, je me suis laissée emportée ! Une odeur d’eau de javel plutôt incongrue dans ce lieu irritait les narines. Au rez-de-chaussée, de nombreuses portes fermées sans indication. Un escalier grandiose à double révolution desservait les niveaux à perte de vue de l’édifice. Il avait son exacte réplique qui descendait vers les tréfonds de la terre. Autant d’étages vers les hauteurs que vers les profondeurs. Une porte s’ouvrait et le voyageur était invité à entrer. Derrière celle-ci il avait rendez-vous avec son destin. Et vous savez comme moi qu’on ne peut se défaire de son destin. Il est écrit dans le grand livre.

Ce qu’il advenait ensuite, n’est pas dit dans l’histoire puisque personne n’en est revenu. Cette partie du voyage nous a été racontée par certains qui ont fait demi-tour avant d’ouvrir la porte. À moins que leur destin n’avait pas prévu ce rendez-vous !! Allez savoir !


MADAME PROPRETTE / J.Libert

 



    Le désir de propreté et de nettoyage de Madame Proprette confine à l’obsession. Sans mentir, huit fois par jour, elle a le chiffon en main pour essuyer, astiquer les meubles, le sol, les vitres. Avec une énergie digne d’une sportive de haut niveau, elle court d’une pièce à l’autre pour traquer le moindre grain de poussière. Chez elle, c’est le palais des glaces d’où est exclue toute fantaisie. Elle ne s’accorde de répit qu’à la soirée pour déguster son carré de chocolat Poulain, écouter son morceau de harpe favori tout en lorgnant les traces laissées sur son miroir ou ses vitres… Demain, elle s’y attaquera avec le nouvel appareil lave vitres acheté sur télé shopping payable en  trois fois sans frais.


    Plusieurs jours par semaine, elle se rend dans la grande surface située à l’autre extrémité de la ville pour faire ses courses alimentaires. Madame Proprette préfère les acheter en petites quantités. Ainsi, elle se donne l’excuse de retourner dans sa forteresse, dans les rayons spécial lessives ou spécial entretien. Là, elle savoure son plaisir entre : les lingettes dépoussiérantes, les gants de ménage,les carrés en micro fibres, les rouleaux d’essuie tout, les éponges, les berlingots d’eau de javel, les bidons de savon noir, les balais, les brosses etc. Elle aime l’odeur plastifiée qui se dégage toujours un peu de ces rayonnages dans lesquels les articles sont impeccablement rangés. Elle compare les prix, les quantités, achète des produits au flaconnage différent mais qui font doublon avec  ce qu’elle utilise déjà, mais qu’importe ? Elle est sécurisée de pouvoir compter sur une réserve qui augmente de semaine en semaine.


Cependant, il lui est déjà arrivé  plusieurs mésaventures qui auraient pu coûter la santé d’une tante âgée. Madame Proprette l’hébergeait chez elle en attendant de la placer dans une maison de retraite.

La tante dût être hospitalisée à deux reprises pour avoir bu une première fois de l’eau de javel versée dans une bouteille en verre non étiquetée , une deuxième fois  un bout de savonnette qu’elle avait pris pour un gâteau sec ; heureusement des ultra sons permirent de diagnostiquer la cause des empoisonnements…


Il est pourtant bien dit  qu’il est toujours dangereux de laisser des produits d’entretien à portée de main !

LE DÉBORDEMENT DU CHOCOLAT POULAIN / Marie Sylvie

 



C'était un jour de fantaisie où l'enfant insouciant
Abusa du chocolat Poulain en avalant goulûment .
Mais son plaisir fut de courte durée 
Car un malaise arriva, tout fut chamboulé. 

Il vomit et le désordre s'installa. 
Il fallait nettoyer à l'eau de Javel, voilà ! 
Son palais brûle, il avale un grand verre d'eau
Mais la douleur persiste, oh , quel fardeau ! 

Il devait aller à son cours de harpe ce jour-là
Mais il ne put s'y rendre, trop malade, hélas !
Dans son esprit encore confus, il entendait 
Le son des ultrasons d'un rêve désuet. 

Au loin, une forteresse imaginaire
Où Sylvestre le chat jouait de sa manière. 
Les mensonges de ses aventures enfantines 
Racontaient des histoires de princesses divines.

Mais l'enfant ne peut plus jouer, ne peut plus mentir 
Car ce jour-là, il apprend à ne plus s'enfuir.
Il pense à ses huit erreurs de gourmandises 
Et promet de ne plus céder à cette idiosyncrasie,  quelle surprise ! 
           

Déboires amoureux / Jill Bill

 




Il m'a servi de l'eau, de Javel,
Heureusement que j'ai du palais !!!

Et pourquoi pas un bain à ultrason...

Rencontré sur internet
Je me suis laissée aller à ce rendez-vous, chez lui,
Rien qu'un verre, il m'avait dit, plus si......

Il était bien mélodieux dans ses mots
Ce joueur de harpe, prétendu.... !

Il est à enfermer dans une forteresse, pour moi
Pas catholique du tout.....
Je lui donne même pas un huit sur dix !!

Pour m'en échapper, plus qu'à lui mentir, voyons voir....
Avec quelle fantaisie... !?

Je vais le faire chocolat, comme avec Poulain...
Ah celui-là, un autre spécimen,
Du bide, du gras, pas de tablettes !!!

15 décembre 2024

Sujet 118 - les participants

 



Déboires amoureux par Jill Bill

Le débordement du chocolat Poulain par Marie Sylvie 

Madame Proprette par J.Libert 

Rendez-vous par L'Entille 

Le défi par Laurence B

Quoi, pourquoi ? par Galet  

Le stagiaire par K

Sérénade par Vegas sur sarthe 

Solitude par Galet 

Le concert par Lilousoleil 

14 décembre 2024

Sujet n°118 - semaine du 14 au 21 décembre

 





L'amour de rêve / L'Entille

 





Le soleil est devenu bien pâle lorsque tu es apparue.

Tu rayonnais au-delà de l’espace.

Ma mâchoire est tombée sur mon menton.

Tu t’es approchée et tu l’as remonté d’un geste ferme.

Tu m’as invité à danser .

J’ai pris ta main tendue et tu m’as entraîné sur la piste.

Jusqu’au bout de la nuit nous ne nous sommes pas lâchés.

Ton corps contre le mien au rythme de la musique.

Et quand le matin est venu, tu m’as entraîné vers un lieu mystérieux.

Ta bouche sur la mienne, tes mains sur mon corps,

J’étais dans un état de bonheur au-delà du réel.

Et ta main a glissé vers ma ceinture,

C’est là que je me suis réveillé, dépité, malheureux.

Mon rêve m’a offert ma moitié d’orange et me l’a repris.

Et ce matin je suis là devant mon pti’dèj, l’autre moitié devant moi.

Je veux y retourner !!!!!!!!!

Cavale / Cathy

 




Je fuis, je fuis, cette orange qui m’oppresse

J’ai beau me serrer la ceinture 

Clandestin, je ne peux résister à l’envie de la revoir ma compagne de tous les jours

Derrière cette fenêtre aux barreaux rouillés.

 

Je vole, je vole, et pourtant cette orange m’oppresse

J’ai beau être en cavale, je n’ai qu’une envie la retrouver

Pulpeuse et juteuse, riche en vitamine qui me donne l’énergie d’exister

Derrière cette fenêtre aux barreaux rouillés.

 

Je cours, je cours, et mon manque de silence et de plénitude se fait sentir

Malgré le bon air de liberté que l’on respire

A l’extérieur de cette vie emmurée

 

Cependant…..

 

Je  file, je file, et suffoque de ces atrocités sous mes yeux

Oui, je suis en déroute et vois les horreurs de l’humanité.

 

Que l’on m’apporte mes oranges

Et je retourne derrière ma fenêtre aux barreaux rouillés

Dans mon insouciance tant aimée.

 

Promesse avérée.

 

 

 


Procès / Galet

 


- Madame Navel, racontez-nous ce qui s’est passé le samedi 7 décembre.

- Nous étions dans l’atelier de mon mari. Je posais, comme chaque jour depuis plus d’un mois. J’étais fatiguée de rester assise de longues heures par terre, avec seulement un tapis blanc et rond pour m’isoler du froid du carrelage. Clément est très exigeant quand il peint, il m’accorde très peu de pauses et se met en colère au moindre mouvement. Il se chargeait lui-même de lisser les plis du peignoir orange qu’il me faisait porter sans ceinture. Quand je lui posais une question sur l’avancée de son travail, il répondait qu’il n’était pas encore satisfait du résultat, qu’il n’avait pas réussi à saisir parfaitement l’éclat de ma peau, la douceur juteuse de ma personnalité, et tout un tas d’autres balivernes qui finissaient par m’agacer. Chaque soir il fermait la porte de l’atelier, je n’avais pas l’autorisation de voir l’évolution de la toile. Jusqu’à ce samedi où il m’a annoncé qu’il avait terminé. J’ai eu de la peine à me relever tant j’étais ankylosée, et là j’ai vu... ça ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Des heures au ras du sol, à grelotter, pour ÇA ?

- Vous étiez en colère ?

- Il y avait de quoi, non ? M’imposer ces séances pour que je me découvre transformée en orange ? Une demi-orange même. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi avait-il fait ça ? Quel était le rapport ?

- Et là vous êtes devenue violente !

- Je me suis dit qu’il était devenu fou et moi j’étais folle de rage ! Il m’a affirmé que c’est ainsi qu’il m’avait toujours considérée, comme sa moitié d’orange, qu’à nous deux nous représentions la rondeur parfaite de ce fruit du soleil, et qu’en me représentant ainsi il avait réalisé sa toile la plus parfaite, j’étais sa muse. J’ai eu brusquement envie de lui faire du mal et j’ai saisi le vieux couteau dont il se sert pour gratter sa palette.

- Et vous avez frappé. Vous lui avez tranché l’oreille gauche !

- S’il avait sa moitié d’orange, aucune raison pour que je n’aie pas mon Van Gogh !