14 septembre 2024

L'échappée belle / Galet

 


Couper les ponts… Prendre le large et larguer les amarres… Retrouver sa liberté sous un ciel pur dégagé de tous ces nuages qui s’accumulent et ont fini par obscurcir jusqu’au plus petit recoin de son esprit : l’incompréhension de son entourage, la débâcle de sa vie sentimentale et familiale, les peaux de bananes de la concurrence comme ses pots de vin, la haine de ses collègues après le fiasco du marché avec l’Afrique auquel il s’est opposé avant de dénoncer publiquement ce dossier à fric, la compromission refusée, les regards d’abord désolés, puis méfiants et enfin indifférents, la mise au placard.

Et plus personne à qui se confier, aucune main à serrer dans les moments de désespoir.

 Il est temps de mettre les voiles et il a choisi une apothéose solitaire, sur cette plage déserte où il abandonne son costume, sa défroque d’homme « arrivé ».

Il avance vers l’eau, face au soleil couchant, nu comme au premier jour, laisse la mer s’enrouler autour de ses chevilles, caresser ses cuisses, enlacer sa taille, draper ses épaules… Il marche vers cette lumière qui va fulgurer avant de disparaître pour illuminer un ailleurs qui l’appelle.

Il continue de marcher, perd pied, flotte un instant comme pris d’un ultime regret, puis se laisse couler, les yeux grands ouverts.

Et son âme gonflée d’une invisible ardeur cingle vers l’infini.


2 commentaires:

  1. Triste histoire, triste fin.... Souhaitons-lui meilleur au-delà... jill

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  2. Une mer de larmes.... un désespoir sans fond... un infini fini.... Tu tiens bien la fibre dramatique.

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