Quand je ne suis pas là par La Licorne
Papotage par Galet
Détail par K
Epilogue par J.Libert
Pour Lily par Larose
L'art du camouflage par L'Entille
Quand je ne suis pas là par La Licorne
Papotage par Galet
Détail par K
Epilogue par J.Libert
Pour Lily par Larose
L'art du camouflage par L'Entille
Assis dans sa grosse berline noire, Marcel fouillait des yeux la nuit de ce coin de campagne désert, juste à la sortie de la ville. Ses gars l’appelaient l’Astrolabe depuis qu’un des leurs, il y a de nombreuses années, l’avait baptisé ainsi parce qu’il n’avait pas son pareil pour tirer des plans sur la comète et faire le point pour monter des coups parfaits. Ça, il lui avait fallu l’expliquer à Marcel avant que le boss, qui se croyait insulté, ne veuille le refroidir. Allons, il y avait au moins un mec intelligent dans la bande ! Un nom comme ça, ça s’invente pas, ça vous pose dans le milieu, et ça impressionne les souris qui courent après toi pour récupérer des miettes ! Il avait débuté tout gosse, avec des trucs qui se passaient sous le manteau, avant des transactions de plus en plus louches et juteuses.
Il se détendit en voyant la lueur des phares d’un camion dans les derniers virages, juste avant le pont. Le Viking, comme d’habitude, était à l’heure. Lui, on l’appelait comme ça parce qu’il était routier entre Oslo et Paris. Rien à voir avec son physique d’Espagnol basané, sec et nerveux, dont on captait rarement les yeux fuyants. Il était l’employé malhonnête d’une entreprise tout à fait ordinaire et donc insoupçonnable, qui lui procurait un calendrier de rotations des semaines à l’avance, ce qui était un gros avantage pour son business parallèle. Le véhicule s’arrêta en douceur en face de la voiture et le chauffeur sauta de sa cabine, sans couper le moteur. Il tenait un sac à dos dont il tira un gros paquet bien ficelé.
- Tiens, l’Astrolabe, voilà tes nounours en pâte de guimauve parfumée au thé noir. Ils viennent directo de Russie. Déguste, parce que mon contact ne sait pas quand il pourra de nouveau en avoir…
- T’es un pote, Viking ! Voilà une invitation pour la prochaine Fashion Week, je sais que tu apprécieras !
Un mot de plus aurait été un mot de trop, chacun repartit de son côté.
Le personnage avait l'air tellement pitoyable au bord de la route dans son manteau gris souris, ployant sous son lourd sac à dos.
D'ordinaire je ne prenais pas
d'auto-stoppeurs mais j'ai pourtant garé mon camion et elle est montée.
Ella a dit s'appeler Freya en
hommage à une femme viking, déesse de la fertilité. Elle a ajouté « déesse
de l'amour et de la luxure ».
J'ai lu dans ses yeux comme
une invitation au voyage.
Elle portait au cou un étrange
bijou en forme de disque que je ne quittais pas du regard.
« C'est un
astrolabe » dit-elle en l'agitant entre ses doigts.
«Ça sert à quoi ? »
ai-je demandé car il fallait bien dire quelque chose.
«Ça mesure le temps
« répondit-elle » un genre de calendrier, si tu veux»
« Du temps, j'en
ai » ai-je dit sans savoir pourquoi et j'ai démarré sans savoir non plus
où on allait vraiment ...
C'est un lundi
ordinaire au CCET (centre continuum espace-temps) situé en plein cœur des
volcans d'Auvergne. Je retrouve l'équipe de scientifiques avec lesquels je
travaille sur l'analyse des changements environnementaux au cours des siècles. Ce
que je préfère dans mon métier, c'est quand je pars en mission sur le terrain
et que je découvre d'autres lieux en d'autres temps.
Le principe
est simple : on règle l'astrolabe sur le calendrier du jour et on entre la date
souhaitée sur l'ordinateur. Jusqu'à présent nous avons pu aller de – 250 000
avant notre ère à 3000 après J.C. Nous avons beaucoup d’époques à explorer !
Pas le droit
d'interférer, c'est le maître mot, il faut uniquement collecter des données et
rester discrets. La dernière fois, chez les Vikings en 950 de notre ère, Matt
mon binôme avait failli se faire remarquer en récoltant des échantillons de
végétaux. Heureusement qu'il a su courir plus vite qu'eux !
J'ai hâte de
savoir quelle sera la prochaine destination et si j'y serai associée. Je reçois
enfin l'invitation pour la réunion hebdomadaire de la direction. Celle-ci donne
les objectifs et les équipes qui partiront cette semaine.
Terry, le chef
du laboratoire me regarde dans les yeux et me souris : « Prends ton
sac à dos McGillis, c'est toi qui pars ! ».
Destination :
les dinosaures. Ce n'est pas la période la plus facile car elle recèle de
nombreux pièges mais c'est la plus dépaysante. L’air y est plus respirable, la
végétation toujours surprenante.
J'enfile mon
manteau et cours vers le camion militaire qui m'amène au laboratoire pour
récupérer le nécessaire de survie. Il est indispensable au cas où je resterai
coincée en – 200 000, le temps qu'une équipe vienne me récupérer. Pour
l'instant, ça n'est arrivé qu'une seule fois. Nous n'avons jamais retrouvé le
pauvre Steven qui a sans doute péri en 2200. Il n’y a pas de risque zéro malgré
nos entraînements. Je balaie bien vite ces pensées sombres et me prépare pour un
nouveau retour en arrière.
Nous allons contempler Vénus, sans astrolabe de marque
, sur invitation de ma sœur ,qui prétend que le calendrier s’y prête.
Je lui souris , Allons-y !
Il fait frais, endossons notre manteau et notre sac
à dos , les yeux brillants comme des aventuriers vikings.
Le camion n’est pas loin.
Partons affronter la montagne.
Zut, j’ai perdu ma boussole , mon astrolabe
est resté dans le camion !
Rien
d’extra-ordinaire à cela , je suis très étourdie, c’est ma marque de fabrique
Pour lors, les yeux
perdus dans le vide , j’arpente la montagne,
Au chaud sous mon manteau
, sac à dos bien calé, pour atteindre le sommet
Si je m’égare sans
mon instrument , arrivée là-haut, j'apercevrai peut-être un astéroïde !
Mais que nenni, le mauvais temps s’est installé et je ne
vois rien .
En courant je dévale
le chemin des Vikings qui mène plus directement à la vallée .
Je retrouve là, le camion et ma boussole.
Ma déconvenue sera
vite oubliée !
Avec mon
ordinateur, et ma souris, je vais
essayer de parcourir le ciel
Quand ? me direz-vous
.
C’est une question de
calendrier car les comètes
sont volatiles, et ne
se distinguent pas toujours
Cette attente est un
signe : l’invitation à la patience !
- En 10 lettres : recevoir
un carton.
- T’as pas un indice à donner
pour me mettre sur la voie ?
- Si, si, ça va t’aider. Un I en
1, un I en 4, un I en 7.
- Ah oui ! …. Infini? non
pas assez de lettres.
- J’ai aussi en 10 lettres
toujours : Indispensable tout au long de l’année. Je peux te donner un E
en 4 et un E en 9.
- Tu le fais exprès !
Comment veux-tu que je trouve avec des indices aussi maigres ?
- Je t’aide avec ce que j’ai.
Tiens, un autre mot. En 6 lettres : Vieux navigateur avec un un N en 5 et
un G en 6
- Et là évidemment tu n’as ni E
ni I !
- Peut-être que si mais à ce
stade je ne les ai pas positionnés. On continue ?
- Allons-y même si j’ai
l’impression d’être totalement nul.
- En 9 lettres : Boussole
astronomiquement parlant. Un A en 1 et un A en 7.
- Tu le fais exprès ! Soit
tu as les voyelles, soit les consonnes. La parité tu connais ?
- Pas d’idée là non plus ?
J’ai encore en 9 lettres : On s’en contente chaque jour. Un D en 3 et un N
en 5.
- Pfuuut, j’aurais du m’en
douter !
- C’est vrai que tu es plutôt
nul ! Mais je crois en toi. Cette fois en 3 mots et 7 lettres :
pratique en voyage.
- Consonne ? Voyelle ?
Qu’est-ce que tu as sous la main ?
- Un S en 1 et un S en 7.
- Ben voyons ! J’adore les
mots croisés !
- En 6 lettres : Interdit de
sortie le dimanche. Un M en 3.
- Ils sont de quelle force tes
mots croisés ? Jamais vu d’aussi alambiqués.
- Celui-là tu vas aimer.
- Je m’attends au pire.
- En 6 lettres encore : Font
grimper au rideau avec un S en début et un autre en fin.
- Que la fête continue !
- C’est vrai que les définitions
sont un peu tordues, je te l’accorde. Mais c’est bon de secouer ses méninges.
- Tu dois avoir raison, j’ai un
mal de tête, t’imagines même pas ! Alors y en a d’autres ?
- Oui, en lettres avec un M en
1 : Blanc ou vert, il recouvre.
- Je sais, je sais !
Manteau.
- Mais oui, ça va. C’est pas
vrai, t’as trouvé ! Tu vois j’avais raison.
- Bon maintenant je suis chaud.
Allez on y va.
- Et le dernier, en 4 lettres
avec un U en 3 : organe de sens.
- J’abandonne. Dém….-toi tout
seul. C’est même pas drôle !
- Tu ne veux pas voir les
résultats ?
- J’sais pas. Je crois que tu
m ‘as perdu !
- Tiens je te donne la solution.
La livraison ne mobilise aucun camion.
Et lorsque, conformément au calendrier, l’invitation
arrive, il faut ouvrir les yeux.
Cela n’a pas été calculé par astrolabe, c’est inutile et aucun viking n’a été sollicité, c’est une possibilité qui n’a pas été envisagée, sans plus.
On aimerait être une petite souris pour observer les réactions.
Peut-être qu’il y en a qui se précipitent rentrés chez eux,
à peine enlevé le manteau et posé le sac à dos.
Est-ce bien ordinaire pour un samedi ?
Sans doute, pour certains ici, lorsqu’ils découvrent la consigne de la nouvelle semaine de Mil et Une !
Demain si cette canette est
encore là je ramasse, promis !
Demain j’emporte mes gants et un
sac pour ma promenade quotidienne.
Demain je réquisitionne les
copains du club de gym pour nettoyer le chemin pédestre. Au moins ce sera
un exercice profitable à tous.
Demain j’alerte la mairie sur les
incivilités des jeunes. Des poubelles voilà ce qu’il faut !
Demain ………… Pfuttt, il pleut, je
ne vais pas sortir !
On verra ça demain !
Ah non, personne ne fait pas rien !
On le sut plus tard, environ deux ans après, lorsque cinq commissions se furent réunies successivement, ayant commandé cinq études qui furent rendues publiques.
C’est la cinquième étude qui fut déterminante, les quatre
précédentes n’étant parvenues à aucune conclusion. A la lecture du document de deux pages, les
résultats étaient édifiants, on se demandait pourquoi on n’avait pas interrogé spontanément
un enfant de quatre ans.
Une association locale « Pour la conservation du bon
sens » et « Halte au gaspillage » mena sur les lieux une action
de protestation, toute une journée.
Car ce truc marron au sol, cette chose, n’était pas une marque,
un repère, une balise, non cela n’aidait personne, ce n’était d’aucune utilité.
C’était un déchet.
la fable des promeneurs
Dans un bois verdoyant, un sentier serpentant
invitait à la promenade. Un premier promeneur, l'air soucieux, avançait
lentement. Ses yeux, habitués à la beauté de la nature, remarquèrent un déchet indéfinissable,
une canette ? une crotte de chien fossilisée ? jonchant le sol, un
triste témoin de l'indifférence humaine. Il ne prit pas la peine de se baisser ;
ce n’est pas à moi et je ne suis pas éboueur ! Il passa son chemin, reprenant
le cours de ses idées, sa femme le quittait pour sa meilleure amie alors l'esprit
ailleurs, il laissa derrière lui un petit bout de monde souillé.
Peu après, un jeune garçon, vif et curieux,
empruntait le même sentier. Ses yeux pétillaient d'une joie enfantine. Soudain,
son regard fut attiré par un objet brillant au sol. C'était le déchet délaissé
par le premier promeneur. Avec un sourire espiègle, le garçon se pencha et le
ramassa. « Tiens, un trésor ! », s'exclama-t-il. Voilà de quoi enrichir ma
collection d’art contemporain ! Il déposa son précieux butin dans un sac
qu'il portait sur le dos, destiné à recueillir les trésors de la nature qu'il
trouvait au cours de ses balades.
Morale de la fable :
Le début du recyclage en somme. Ce que l'un
considère comme un déchet, un autre peut le voir comme un trésor. La beauté est
dans l'œil de celui qui regarde, et la valeur d'une chose ne se mesure pas
seulement à son utilité, mais aussi à l'importance que l'on lui accorde.
Courir après les déchets
Je suis invité samedi matin, par mon amie Rosa, à un écojogging ou plogging comme disent les suédois. J'avoue ne pas être un grand exemple d'écocitoyen mais je suis curieux de cette nouvelle activité ! Le tri de mes déchets, par exemple, n'est pas mon fort mais ce n'est pas par je-m'enfoutisme plutôt par méconnaissance. Je sais, c'est une mauvaise excuse car il y a les pubs à la télé qui répètent les consignes en boucle, les dépliants de CITEO glissés dans ma boîte aux lettres, les ateliers proposés par les associations qui expliquent les bonnes manières de le faire. En fait, je ne cherche pas à m'améliorer prétextant que je n'ai pas le temps ou que je fais de mon mieux par rapport à d'autres. Bref, je me cherche toujours des excuses pour ne pas sortir de ma zone de confort. Mais aujourd'hui, je vais tout faire pour être proactif sur un parcours de 7 kilomètres à petites foulées.
Je rejoins le groupe à 9h pile et déjà une vingtaine de personnes sont rassemblées pour écouter les
consignes. Les membres de l'association qui encadrent cet événement nous donnent un sac, des gants et des pinces pour les plus aguerris. A vos marques, prêts, c'est parti !
Au bout d'à peine 2 kilomètres mon sac est bien rempli : bouteilles plastiques en veux- tu en voilà, des emballages de toutes sortes, des mégots bien évidemment, des canettes toute boisson confondue … On trouve de tout, c'est effarant ! Quand je pense que des centaines de personnes passent tous les jours devant ces déchets sans rien faire. En même temps, je réalise que moi-même je fais parti de cette catégorie qui ne fait pas attention à son environnement et qui compte le plus souvent sur les autres pour ramasser leur poubelle. Il va falloir que ça change.
Au bout de 2h30 je suis fourbu ! Courir tout en se baissant pour ramasser les détritus et porter un sac de plus en plus lourd : c'est du sport! Mais je suis heureux que ce butin de plus de cent kilos récolté par l'ensemble des volontaires de ce matin parte au tri sélectif au lieu de rester dans la nature.
Déjà Rosa me propose de participer à la prochaine session et j'accepte spontanément en me disant que je ne détournerai plus le regard et assumerai mes responsabilités dorénavant.
Maïmouna
Pas touche eh.......
Le Petit Poucet ne retrouvera plus son chemin, sinon,
C'est sa marque pour se faire, les croûtons d'pain,
Son père a coutume de l'abandonner au bois... !
Oooh moi et les histoires hein.......
Faut s'instruire mon vieux, faut s'instruire !!!
Trêve de plaisanterie ;
Les déchets, une bien vieille histoire, aussi,
Les déchets, dans sa poubelle,
Et plus belle serait notre planète !!
D épôt sauvage
E chantillon de l'incivisme
C 'est du propre... !
H ypocrisie de mise
E t passer à côté, auréole du saint,
T rouver à redire, mais faire......
Les ponts
Ponts de bois
Ponts de pierre
De métal
Ou de brique.
Simple corde
Ou branchages.
Passerelle,
Viaduc ou aqueduc.
Pont levis
Ou pont suspendu.
Le pont relie les peuples,
Relie les cultures.
Pont arc en ciel,
De l’Orient à l’Occident,
De l’Afrique à l’Amérique,
Du pôle Nord au pôle Sud,
« Arc encielise » des mondes
Uniques et différents
Mais, pourtant, si semblables
40
jours sans voir la terre. Seule sur mon radeau qui ne s’appelle pas
« Méduse », je scrute l’horizon. Rien depuis des jours. Parfois un
pélican, un fou, du moins c’est ce que je crois. Je ne suis plus sûre de rien.
Ma raison vacille. J’ai soif, j’ai faim. Est-ce la fin ?
Soudain
le ciel s’ouvre. Sous mes yeux un trois-mâts. J’y crois pas ! J’y crois
pas ! Je lui fais des signes, je crie. Il ne me voit pas. Il ne m’entend
pas. Le Belém passe devant moi tranquillement. Il me snobe avec la flamme
olympique. C’est la fête à bord, la musique à fond, ça danse, ça boit mais ça
ne m’entend pas., ça ne me voit pas non plus.
Les
jeux olympiques ! Je m’entraînais en Méditerranée pour les épreuves de
voile et j’ai perdu le cap. Va falloir revoir les fondamentaux.
Et
soudain, les fesses mouillées, mon radeau prend l’eau. Je hurle si fort que je
me réveille en nage dans mon lit.
Ouf !
C’est fini. Plus de JO à la télé. Pliés, bâchés, fermés, la flamme éteinte, on
se revoit dans 4 ans.…
Au
revoir dans toutes les langues.
Couper les ponts… Prendre le
large et larguer les amarres… Retrouver sa liberté sous un ciel pur dégagé de
tous ces nuages qui s’accumulent et ont fini par obscurcir jusqu’au plus petit
recoin de son esprit : l’incompréhension de son entourage, la débâcle de
sa vie sentimentale et familiale, les peaux de bananes de la concurrence comme
ses pots de vin, la haine de ses collègues après le fiasco du marché avec
l’Afrique auquel il s’est opposé avant de dénoncer publiquement ce dossier à
fric, la compromission refusée, les regards d’abord désolés, puis méfiants et
enfin indifférents, la mise au placard.
Et plus personne à qui se
confier, aucune main à serrer dans les moments de désespoir.
Il avance vers l’eau, face au
soleil couchant, nu comme au premier jour, laisse la mer s’enrouler autour de
ses chevilles, caresser ses cuisses, enlacer sa taille, draper ses épaules… Il
marche vers cette lumière qui va fulgurer avant de disparaître pour illuminer
un ailleurs qui l’appelle.
Il continue de marcher, perd
pied, flotte un instant comme pris d’un ultime regret, puis se laisse couler,
les yeux grands ouverts.
Et son âme gonflée d’une
invisible ardeur cingle vers l’infini.
Je sais que cela ne sera pas de
tout repos. D'autres avant moi en ont fait l'expérience sans grand succès. Mais
c'est plus fort que tout, je rêve de prendre le large et de m'extirper de cette
vie sans horizons. Je fais donc avec les moyens du bord, et pour cela, rien de
mieux que de devenir mousse sur un navire en partance pour l'Afrique.
Le capitaine, un vieux loup de
mer, n'a pas l'air commode mais il m'a à la bonne. Il a compris que je suis
motivé malgré mon peu d'expérience et que je serai sur le pont pour veiller au
grain de jour comme de nuit. Il ne me promet pas mer et monde, mais trois mois
de navigation, ce n'est pas la mer à boire en comparaison de ce qui m'attend si
je reste ici.
Je n'ai pas l'intention de me
faire mener en bateau comme mon défunt père ou mes frères qui triment sans
presque rien en retour. J'ai essayé au début pour ne pas être à contre courant
des autres, et j'ai très vite viré de bord quand j'ai réalisé que cela ne
mènerai à rien d'autre que de rester entre les quatre murs de cette ville
portuaire.
Moi je veux avoir le vent en
poupe et parcourir les forêts luxuriantes, descendre dans les mines de
diamants, marcher dans le désert mystérieux du Sahara et que sais-je encore.
Sorti de mon faubourg crasseux je ne connais rien du monde et mon but est d'arriver
à bon port afin de jeter définitivement l'encre pour créer mon propre commerce
fleurissant.
Ce qui me préoccupe depuis deux
jours, c'est le mal de mer typique d'un marin d'eau douce. Je vais très vite
savoir si j'ai le pied marin car deux moussaillons viennent de retirer la
passerelle nous reliant à la terre. Nous sommes fins prêts pour le grand
départ. Mettons les voiles, larguons les amarres et cap sur de nouvelles
aventures !
Quitter la terre ferme, pour l'océan,
Un autre continent
A toujours fait partie de mes Rêves
l'Afrique... Ah je serai bon élève
Sur le premier navire en partance
Sans rouspétance
Qu'importe le poste, pont au soute,
Et en avant toutes....
En avant pour l'aventure
Et tout se qu'elle procure
Nez au vent du large...
Ô on me dit barge
Qu'importe, m'en fous,
J'veux devenir un zoulou
Marre de la civilisation soit disant bonne,
Avoir pour amie une lionne... !
Et disparaître, comme un rêve
Au petit matin, comme un rêve, comme un rêve...