Et puis tous les
deux sont repartis avec leur instrument de musique sur les chemins de leurs
premières amours car la société musicale a mis la clé sous la porte.
Carlita, violoniste
et Georgio, violoncelliste ou plutôt le contraire, inséparable duo depuis près
de 40 ans, arpente à nouveau les couloirs du métro Parisien. En souvenir de ces
longues décennies musicales, ils conservent leur habit de soirée, et tant pis
si le public y voit quelque chose qui cloche.
Ils se sont
installés à l’un des croisements des grandes artères du métro. À cette heure de
la matinée, tel un peuple de fourmis vaquant chacune à une tâche bien
déterminée, les habitués se pressent dans les couloirs, peu enclins à la
flânerie. Ils ont hâte, semble t-il, de se rendre au bureau ou d’honorer, sans
retard, un rendez-vous urgent. En tous les cas, ils veulent être les premiers à
sortir de ces longs tunnels où circule un microcosme de toute condition.
Pourtant, la
musique mélodieuse et puissante de leurs instruments retient certains. Elle
s’élève et s’éteint telle une voix humaine traversant l’air surchauffé des
sous-sols. Nos musiciens ne sont plus tout jeunes mais leurs archets valsent
sur les cordes, envoient des sons troublants ou des grondements menaçants, des
éclats lyriques ou des envolées de virtuose. Les accents langoureux ou
dansants, pleins d’élans et d’ornements sont à la fois séducteurs et endiablés.
À ce moment de leur interprétation,
ils sont entièrement centrés sur des vibratos poignants. Leurs instruments
expriment, à leur façon, leurs peines et leurs bonheurs. Ils y mettent tant
d’ardeur et d’amour qu’ils émeuvent et ne laissent pas insensibles les moins
mélomanes de leur éphémère auditoire.
Dans le tumulte et la routine urbaine, la beauté trouve aussi sa place !
RépondreSupprimerKeremma
parfois on entend des notes magiques dans les couloirs du métro...ça devait être ce couple là ...
RépondreSupprimerQuelques musiques souterraines viennent renouveler l'air...
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