Si elle avait lu cette lettre à haute voix, il y a maintenant près de 40 ans, elle n’en n’aurait pas cru ses oreilles. Elle l’avait retrouvée dans un tiroir secret de sa commode de chambre et la relisait, revivant l’émotion de ces années. C’était une lettre de sa banque dont voici le contenu :
Madame,
Nous sommes au regret de vous faire savoir qu’à la date du 19 mai 1984, votre compte courant est à découvert d’une somme de: 329.525 Francs, soit la somme que vous avez déposée provisoirement sur votre compte, en début d’année, suite à la succession de vos parents.
À partir du mois de février 1984, vous avez effectué des prélèvements successifs assez importants dépassant largement votre autorisation de découvert d’un montant de 1500 francs. En conséquence, nous vous prions de bien vouloir régulariser votre situation financière dans les plus brefs délais, faute de quoi nous nous verrions dans l’obligation de procéder à la clôture de votre compte et de vous rayer de notre listing de fidèles clients…
Sonia se souvient, aujourd’hui, qu’elle avait très mal vécu la mort de ses parents décédés dans un brutal accident de voiture. Elle s’était sentie abandonnée et s’était consolée dans les bras d’un joueur de casino invétéré. Il lui avait donné le goût du jeu, de ces atmosphères tendues et enfiévrées autour du tapis vert. Tous les deux fréquentaient assidûment les casinos de la côte Atlantique durant les week end. C’est ainsi que, très vite, Sonia avait perdu des sommes considérables, espérant toujours « se refaire » d’une fois sur l’autre.
En accord avec sa banque, elle se fit prélever la somme mensuelle de 10.000 Francs sur un salaire de 12.500 Francs pendant 36 mois...Ces années lui furent très difficiles à vivre et elle dut boucler ses fins de mois avec un travail complémentaire.
Toujours accroc au jeu, séparée de son compagnon d’alors, elle se fit interdire définitivement de casino sur tout le territoire national. De temps en temps, il lui arrivait encore d’acheter un billet de grattage. On ne sait jamais, la chance aurait pu tourner !
Pousser le trait jusque dans la police de la machine à écrire de ces années là, c'est du grand art !
RépondreSupprimerBravo.
La fin de ton texte montre à quel point on peut être accro au jeu, même quand ça fait mal...
RépondreSupprimerKeremma
Addiction, addiction, la note est salée.
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