Has been ! /L’Entille

 

L’heure est venue ! Trop de secondes ont retenti à nos tympans. Ahora a commencé à perdre le rythme. Au début, elle sautait une seconde de temps en temps. Personne ne s’en est aperçu ou bien de loin en loin quelqu’un avançait Ahora, ma grande sœur sans que quiconque ne s’en inquiète. Et puis c’est devenu chronique. Après quelques mois, chaque jour une ou deux heures manquaient à l’appel. Ils ont essayé le changement de pile, mais rien n’y a fait. Ahora n’avait plus la foi ! Le temps n’avait plus de sens si elle devait rester posée sur une table de nuit où personne ne la regardait jamais hormis le soir pour vérifier notre exactitude et le matin pour nous taper dessus alors même que nous remplissions notre devoir et parfois nous insulter. Jamais un mot gentil, un geste tendre, une attention délicate ! Seulement des rebuffades quand ce n’était pas carrément une claque qui nous faisait valdinguer sur le parquet ! C’est ainsi que notre prison s’est lézardée.

Et puis est arrivé cet espion. Ce brouilleur de vie qui occupait notre espace que la nuit. Dès le matin, on le glissait dans la poche et à lui les sorties, les conversations, la vie quoi !

Nous n’allions pas vers des jours meilleurs alors autant choisir notre destin ! Ahora m’a dit un soir :

-          Whatime, il est temps de déguerpir, de se faire la belle sinon on finira comme Stunde le coucou suisse, au rebut !

-          J’y pensais aussi. Je crois que j’ai la solution. La fente du cadran est fragile. Il suffit de pousser et à nous la liberté !

Aussitôt dit, aussitôt fait, les aiguilles poussent sur la paroi de verre qui n’attendait que ça pour céder. Elle aussi en avait assez des sauts dans le vide. Elles s’échappent vers la liberté où le temps n’est plus une question d’heure.