Le petit témoin muet - Maïmouna Grünewald

 

Au plus loin que je me souvienne j'ai toujours voulu être archéologue. Est-ce le film Indiana Jones de Steven Spielberg, le livre Prisonniers du temps de Michael Crichton ou encore le mythe de la machine à remonter le temps qui m'a influencé ? Je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c'est que j'ai toujours été curieuse de savoir comment vivaient nos ancêtres, de découvrir leurs habitudes, leurs aspirations et leurs histoires  …

Lorsque je travaille sur un chantier archéologique où se trouvent des objets hétéroclites, j'ai toujours la même idée : est-ce un vrai lieu de vie du passé ou une déchetterie du Moyen-Âge ? Si dans 1000 ans, des archéologues du futur tombaient sur une décharge à ciel ouvert du 21ème siècle, j'espère qu'ils n'en tireront pas de conclusions trop hâtives !

Aujourd'hui pas de doutes, nous avons découvert une nécropole ou plus précisément un aître comme on appelait les cimetières au Moyen-âge. Outre les sépultures classiques d'une femme d'une trentaine d'années et de quelques hommes de différents âges, je suis attirée par celle d'un jeune garçon dont le corps est gravé dans la pierre en guise de couvercle de sarcophage. Il est représenté recroquevillé en position de fœtus qui me fait penser au cliché d'une mammographie. Pourquoi cette représentation ? Son entourage souhaitait sans doute se souvenir de lui bien avant l'invention de la photographie.

Les habitudes n'ont pas tant changé à travers les siècles. Quand on se promène dans les cimetières italiens par exemple, il n'est pas rare de retrouver sur les tombes de magnifiques représentations du défunt statufiées dans la pierre ou le marbre. Le cimetière ornemental de Milan en est un bel exemple. Comme me disait ma grand-mère originaire de Lombardie, les cimetières sont des lieux de souvenirs et de recueillement mais aussi des lieux de vie et de joie où l'on vient régulièrement en famille s’asseoir, se promener, papoter et même pique-niquer pour partager des moments avec ceux qui nous ont quittés et leur faire sentir qu'ils font toujours parties de ces moments familiers.

J'aime cette idée que la mort soit juste une partie de la vie et non pas sa fin !