« Souviens
toi ! Comme nous étions une magnifique paire de double rideaux, au début
de notre installation, accrochée à la fenêtre de l’appartement de ce nouveau
propriétaire.
Tu trouvais qu’on
nous avait trop éloignés l’un de l’autre. Tu aurais voulu constamment
t’envelopper dans mes plis dont tu louais le tomber si gracieux. Tu me
complimentais sur la texture soyeuse de mon textile, sur mes coutures
invisibles, sur mes finitions délicates, sur mes anneaux fantaisie ornant si
joliment ma tête.
La nuit, on nous
rapprochait pour faire l’ombre de la pièce, alors, nous nous frôlions, nous
nous caressions sous la complicité du vent de la rue.
Cela dura plusieurs
années, souviens toi ! Moi, j’y croyais vraiment. Nous deux, c’était pour
l’éternité !
Et puis, avec le
temps, le soleil et l’humidité, nos couleurs se sont affadies, même toi, ton
tissu s’était relâché, on en voyait la trame, mais peu importait. Tu étais
tellement pris par la préparation de tes plaidoiries que tu ne voyais rien
venir.
Les choses se sont
vraiment dégradées quand tu as voulu défendre ce courtier en Bourse qui
travaillait sans carte et qui avait fait perdre de belles sommes à de nombreux
clients naïfs et mal renseignés. Tu consultais et reconsultais les livres de
droit pénal de la bibliothèque paternelle du propriétaire. Tu ne me voyais
plus.
Alors, j’ai pris à
témoin le chat à l’air si paisible. La nuit, avec ses griffes, il me découpait,
petit à petit, en lambeaux. J’avais mon plan. J’ai fait en sorte de disparaître
discrètement par la fenêtre et me suis envolé aux vents d’automne.
Aujourd’hui, je ne
doute pas que tu aies réussi le plaidoyer de ton client véreux. Nous étions si
ressemblants, trop, peut-être. »
Dommage ... vous formiez pourtant une belle paire
RépondreSupprimerPlaidoyer pour un amour déçu...
RépondreSupprimerAvec le temps, va, tout s'en va...
Supprimer(même les rideaux)
l'usure du temps..;et de l'amour !
RépondreSupprimerIl faut se méfier des baveux et garder une option "sortie"
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