MARQUES DÉPOSÉES
C’était un dimanche de novembre gris et pluvieux et toute la famille était rassemblée pour l’anniversaire de l’aïeule. Cinq enfants et leurs conjoints et conjointes, plus leurs enfants, certains accompagnés et les petits enfants, cela faisait pas mal de monde et de bruit. Grand-mamy ayant déclaré vouloir se reposer un peu dans sa chambre, les adultes avaient investi la salle à manger pour jouer au scrabble ou aux cartes, quelques uns préférant le salon pour discuter de tout, de rien en sirotant un café ou un digestif. Comme le temps ne se prêtait pas aux jeux d’extérieur et que les enfants, excités d’être ensemble commençaient à s’énerver mutuellement, Benjamin eut une idée : il les fit assoir en cercle sur le tapis du bureau, prit sur une étagère un gros album photos qu’il feuilleta quelques secondes avant d’en sortir un grand cliché qu’il fit circuler en proposant : « Trouvez ce que cela représente ».
- Ben, c’est des lettres, dit Alan avec un haussement d’épaules, en passant la photo à sa voisine, même qu’y a les lettres de mon nom, mais elles sont pas ensemble.
Il était très fier de son savoir fraîchement acquis depuis son entrée au CP en septembre et apposait sa « signature » en lettres bâtons sur les cartes d’anniversaire.
- Bien sûr, bon début de réponse, dit son oncle, mais ce n’est pas celle que j'attends.
- C’est écrit dans la pierre, dit Jeanne – « gravé » la reprit son cousin Jules qui était tout de même en cinquième – mais c’est quelqu’un qui savait pas bien pasque y en a plein à l’envers.
- Exact ! valida Benjamin, mais pourtant tout est correct.
- Je sais ! Je sais ! cria Nicolas, y z’ont presque raison, Alan et Jeanne, c’est un jeu que j’aime bien, y en a un chaque fois dans le programme télé, y faut trouver le mot qui reste quand t’as barré toutes les lettres qui forment d’autres mots qui sont écrits dans tous les sens, en hauteur, à l’envers, même en travers ! Tiens, j’ai déjà trouvé : TOME, CAPE, AN…
Tous étaient maintenant têtes contre têtes au-dessus du rectangle de papier glacé.
- Et moi : TON, AME, BOOM, TOY… renchérit Virginie.
- Ça peut pas, c’est de l’anglais ! contesta Maxime.
- Moi, z’ai trouvé PINGOUIN, zozota la petite Line qui ne savait ni lire ni écrire, mais ne voulait pas être en reste.
Leur oncle s’amusait autant qu’eux à les voir si concentrés, mais encore une fois, ce n’était pas la bonne réponse.
- Et si c’était un message d’un pirate pour indiquer où il a caché un trésor ? suggéra Timothée.
- Non, plutôt un message codé comme pendant la guerre, pour dire quand les Américains vont débarquer par exemple. Il faut remplacer chaque fois une lettre par une autre pour pouvoir le déchiffrer, dit Sonia, l’aînée du groupe. Mais le problème, c’est de trouver si c’est la lettre d’avant, ou d’après, ou de plus loin… C’est pas fastoche !
- Et p’têt bien que c’est une liste de courses, ou une recette de cuisine ! gouailla Steph qui ne pouvait pas rester longtemps sérieux. Allez, Tonton, dis-nous !
Comme tous acquiesçaient, Benjamin expliqua qu’en fait c’était une inscription en grec très ancien, trouvée en Crète, avec d’autres blocs gravés semblables et complémentaires et que l’ensemble n’avait encore pas été complètement déchiffré. Le texte était rédigé en boustrophédon, c’est-à-dire en zig-zag, donc une ligne sur deux était écrite à l’envers, c’est pour cela que Jeanne avait repéré les caractères à l’envers. Si c’était une écriture moderne, ils pourraient lire ces lignes avec un miroir ! Et il leur montra un exemple trouvé sur internet. Les enfants trépignaient, tous voulaient essayer. Les adultes venus jeter un œil dans le bureau s’étaient aussi pris au jeu.
Pourtant l’heure tournait et chaque famille devait regagner son domicile, mais les enfants s’étaient juré d’échanger une lettre par semaine en boustrophédon ! En montant dans sa voiture, Ben souriait, content de son initiative mais très dubitatif quant à ce serment enfantin !
- Ben, c’est des lettres, dit Alan avec un haussement d’épaules, en passant la photo à sa voisine, même qu’y a les lettres de mon nom, mais elles sont pas ensemble.
Il était très fier de son savoir fraîchement acquis depuis son entrée au CP en septembre et apposait sa « signature » en lettres bâtons sur les cartes d’anniversaire.
- Bien sûr, bon début de réponse, dit son oncle, mais ce n’est pas celle que j'attends.
- C’est écrit dans la pierre, dit Jeanne – « gravé » la reprit son cousin Jules qui était tout de même en cinquième – mais c’est quelqu’un qui savait pas bien pasque y en a plein à l’envers.
- Exact ! valida Benjamin, mais pourtant tout est correct.
- Je sais ! Je sais ! cria Nicolas, y z’ont presque raison, Alan et Jeanne, c’est un jeu que j’aime bien, y en a un chaque fois dans le programme télé, y faut trouver le mot qui reste quand t’as barré toutes les lettres qui forment d’autres mots qui sont écrits dans tous les sens, en hauteur, à l’envers, même en travers ! Tiens, j’ai déjà trouvé : TOME, CAPE, AN…
Tous étaient maintenant têtes contre têtes au-dessus du rectangle de papier glacé.
- Et moi : TON, AME, BOOM, TOY… renchérit Virginie.
- Ça peut pas, c’est de l’anglais ! contesta Maxime.
- Moi, z’ai trouvé PINGOUIN, zozota la petite Line qui ne savait ni lire ni écrire, mais ne voulait pas être en reste.
Leur oncle s’amusait autant qu’eux à les voir si concentrés, mais encore une fois, ce n’était pas la bonne réponse.
- Et si c’était un message d’un pirate pour indiquer où il a caché un trésor ? suggéra Timothée.
- Non, plutôt un message codé comme pendant la guerre, pour dire quand les Américains vont débarquer par exemple. Il faut remplacer chaque fois une lettre par une autre pour pouvoir le déchiffrer, dit Sonia, l’aînée du groupe. Mais le problème, c’est de trouver si c’est la lettre d’avant, ou d’après, ou de plus loin… C’est pas fastoche !
- Et p’têt bien que c’est une liste de courses, ou une recette de cuisine ! gouailla Steph qui ne pouvait pas rester longtemps sérieux. Allez, Tonton, dis-nous !
Comme tous acquiesçaient, Benjamin expliqua qu’en fait c’était une inscription en grec très ancien, trouvée en Crète, avec d’autres blocs gravés semblables et complémentaires et que l’ensemble n’avait encore pas été complètement déchiffré. Le texte était rédigé en boustrophédon, c’est-à-dire en zig-zag, donc une ligne sur deux était écrite à l’envers, c’est pour cela que Jeanne avait repéré les caractères à l’envers. Si c’était une écriture moderne, ils pourraient lire ces lignes avec un miroir ! Et il leur montra un exemple trouvé sur internet. Les enfants trépignaient, tous voulaient essayer. Les adultes venus jeter un œil dans le bureau s’étaient aussi pris au jeu.
Pourtant l’heure tournait et chaque famille devait regagner son domicile, mais les enfants s’étaient juré d’échanger une lettre par semaine en boustrophédon ! En montant dans sa voiture, Ben souriait, content de son initiative mais très dubitatif quant à ce serment enfantin !
Un joyeux moment passé ensemble, après, les promesses.... ;-) jill
RépondreSupprimerun texte découvert près d'un fameux platane à Gortyne
RépondreSupprimerVoilà une bonne idée pour relancer les activités de la poste. Une petite précision tout de même, l'adresse ne devra pas être rédigée en boustrophédon.
RépondreSupprimerC'est le parcours du courrier qui est sinueux, entre l'expéditeur et le destinataire !
SupprimerAvec un peu de chance, l'un des jeunes voudra faire facteur !
RépondreSupprimerPeut-être encore un métier en voie de disparition ?
Supprimertrès intéressant, et instructif en plus d'une belle scene de famille (d'avant le portable ?)
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