Ce matin, j’ai soulevé le couvercle du
conteneur réservé aux emballages divers, et un coup de vent plus fort que les
autres a fait s’envoler une page de magazine pour la plaquer contre la paroi en
bois du local extérieur. J’ai vidé mon sac en me retenant de respirer – pas
besoin de nettoyer avant de jeter, qu’ils disent – puis je me suis retournée
pour récupérer la fugitive, toute gondolée de souillures. Et là, j’ai reçu le
choc de cet œil qui semblait me défier de le renvoyer dans la benne.
Etait-ce une publicité pour un produit de
beauté quelconque ? La photo d’une personnalité, d'une princesse ? Un
article de fond sur la vision ? Seul cet œil sur papier déglacé émergeait
d’une couche multicolore et durcie de matières variées et desséchées, et le
tout formait une composition surprenante, improbable, délicate finalement.
Surmontant mon dégoût, j’ai regardé d’un peu
plus près cette œuvre collective d’une micro-société de consommation : des
morceaux bleus de sacs plastiques s’étaient collés sur des traces de ketchup,
des restes de crème plus très fraîche échappés d’un pot qui continuait sûrement
de se répandre dans le bac, des coulures de jus d’orange peut-être, un bout de
papier de soie jaune – je n’osais penser à autre chose –, des traces noires que
je renonçais à analyser…
J’étais tout simplement subjuguée par ce
montage digne d’une œuvre de street art ! Mais ça vraie définition étant
« ordure », il me fallait la récupérer pour la mettre dans le
contenant adéquat, à l’aide d’un petit carton qui traînait par terre. Mais
avant, je l’ai photographiée avec mon téléphone, ça fera un excellent sujet
pour l’atelier d’écriture de ce soir ! Bien sûr, je leur épargnerai les
détails…
Je crois que tu viens d'inventer un concept issu du trash art, les déchets S'upcyclent ;-)
RépondreSupprimerOn pourrait transformer ce local en galerie, il y a de la matière !
Supprimerl'arte povera...
RépondreSupprimerBien joué, je ne connaissais pas l'origine de la photo ;-)
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