Me voilà ergotant / Laura Vanel-Coytte

 

Me voilà ergotant depuis quelques jours sur le choix d'une visite du doigt de Dieu. Il s'agit bien -sûr du jugement dernier, fresque de Michel-Ange de la célèbre chapelle Sixtine. Certains se demanderont pourquoi j'hésite à aller à Rome, lieu de pélérinage artistique (et religieux).

En fait, j'hésite à aller à Lyon  qui possède maintenant, comme Les Baux de Provence, Bordeaux et Paris des lieux d'exposition immersive. Vous connaissez ma curiosité; alors je suis allée aux Carrières de Lumière avec enthousiasme et j'ai aimée. Et comme j'aime Klimt, j'ai filé avec entrain aux Ateliers de Lumière mais j'ai été déçue.

Et me voilà ergotant: non que ce soit mal fait, bien au contraire et malheureusement. Trop bien fait. Peut-être est-ce parce que j'aime l'art et que je vais aux expositions "normales." Peut-être et sûrement ne suis-je pas la clientèle visée?

Me revoilà ergotant ....mais Rome! où je ne suis jamais allée et où(au vue de mes actuels moyens) je n'irais peut-être jamais... sauf en film, livre, exposition d'art... ou immersive. Alors pourquoi pas?

Parce qu'un juge avec son marteau me menace de son jugement... dernier. Ergotant, il me dit que qu'on n'a pas besoin dans la vie de voyages, d'expositions, qu'il faut se satisfaire du nécessaire. Et je sais que je peux le faire. Je l'ai fait, je le fais et je le ferais s'il le faut.

Ergotant, ce juge au marteau me dit que cette expo immersive est trop populaire et que je dois m'élever. Et j'ai aimé, j'aime et j'aimerais le faire.

Ergotant, face au juge sur le voyage, le coût, le temps que je n'ai pas, les choses urgentes à faire, j'attends le dernier moment pour partir, réserver... et je me retrouve à payer plein pot ou à rater des événements. Heureusement que parfois, je me lance, tout en culpabilisant, m'effrayant d'un possible avenir sans moyen.

N'ergotant pas, le temps file, inéluctable, emporte mes hésitations

 et le doigt d'un dieu vengeur pourrait me donner en plus des douleurs qui  m rongent, une maladie qui emporterait Rome dans un ailleurs inaccessible. Alors il me resterait Lyon, les expo immersives et les livres.

Alors pourquoi partir, pourquoi rester?