L’ENFANT DO
Do, l’enfant do ! Lové dans le médaillon de ce coussin en forme de dernier quartier de lune, le nouveau né dort paisiblement. Comment la fusion de deux minuscules cellules a t’elle crée un être aussi parfait ? La jeune maman n’a de cesse de contempler sa merveille et de caresser ses petits pieds mignons.
Pour le moment, il émet de légers bruits de succion. A t’il encore soif ? Se demande t’elle en s’approchant doucement. Mais non, il dort en souriant aux anges.
La jeune Léonie vient d’accoucher de son premier enfant. Elle a encore le souvenir de la douleur de ses dernières contractions. Mais le chant de Mabaka, la sage femme noire, a joué le rôle d’un puissant anesthésiant. Elle est entrée dans la chambre, s’est approchée de son lit. Elle lui a pris doucement la main, lui a effleuré la joue de ses longs doigts de jais. Elle a entamé une complainte de sa voix rauque, pleine et grave. Son chant, d’abord murmuré, s’est amplifié, s’est rythmé à son souffle et, toutes les deux,ont inspiré et poussé, poussé encore dans un même effort. Le don magique de Mabaka a opéré. Léonie s’est laissée aller à sa déchirure.
L’enfant est né. Il a crié. Mabaka a poursuivi sa complainte sous ses yeux grands ouverts. Il s’est arrêté de pleurer et l’a regardée, étonné, puis il a refermé les paupières.
Que Léonie profite de ce moment suspendu, les nuits seront peut-être longues !...
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