16 août 2025

Charpente d'un souffle / Marie Sylvie

 



CHARPENTE D'UN SOUFFLE 


   Écrire encore. Écrire toujours. Jusqu'à ce que les mots deviennent des  * cellules minuscules et vivantes qui palpitent sous la peau du silence. 
Le poème n'est pas un jeu, il est une *charpente fragile que l'on tente de redresser à chaque souffle, à chaque rime qui refuse de se plier.
Il faut *faciliter l'émergence de l'inattendu, ouvrir les fenêtres du langage même si le vent y entre avec ses griffes. 

Sur le sommet d'une colline, une lignée d'arbres se dresse, droite, fière tels les vers que l'on voudrait écrire sans trembler. Ils regardent le monde sans fléchir, eux. Le poète, lui, vacille. Il court après les images tel un chien berger sur une plage, frôlant la mer, poursuivant une idée qui s'efface à chaque vague. 
Il se souvient d'une cassette audio, vintage et usée, où les mots s'enregistraient sans effort comme s'ils savaient déjà où aller. 
Aujourd'hui, chaque rime est une plongée, un corps dans l'eau sombre, un plongeur en quête de lumière dans les profondeurs. Le poème est un océan, et parfois il ne reste que le sel sur les lèvres. 

Un bébé dort paisiblement sur un coussin en forme de lune, *souriant dans son sommeil, ignorant la complexité du monde, des mots et des rythmes. Le poète l'envie. Il voudrait retrouver cette paix, ce souffle simple, ce *médaillon d'innocence accroché au cou du silence.

Et dans la forêt, un pont en bois traverse une rivière. Il relie deux rives tout comme le poème tente de relier le réel à l'invisible. Mais parfois, le bois craque. Parfois la rivière déborde. Et pourtant, il faut rester  *ouvert. Continuer à écrire.  Même si les rimes se dérobent. Même si le poème devient labyrinthe. 


        "  Le poème n'est jamais fini : Il est ce chien qui court, ces plongeurs qui cherchent, ce bébé qui rêve  ... Et le poète, toujours, recommence. "

1 commentaire:

  1. Les mots du poète sont comme les galets : certains sont immédiatement noyés, d'autres ricochent.

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