LE VIEUX CHÊNE N° 706
Comme tous ceux qui
bordent cette route de campagne, ils l’ont numéroté : chêne n°706.
Sylviane n’est pas
au courant du projet communal qui consiste à élargir la route pour en faire un
contournement destiné à faciliter le trafic, à dégager des artères plus
encombrées.
Le n° 706 est un
chêne de plusieurs centaines d’années. Il parade sur un talus surplombant une
allée gravillonnée qui débouche sur un imposant manoir. Il est le premier d’une
série plantée en rang d’oignons de part et d’autre du chemin.
L’été, leur parure,
d’un feuillage vigoureux, ombrage agréablement de l’ardeur du soleil. Leurs
branchages supérieurs s’entremêlent harmonieusement à quelques mètres au dessus
des têtes, formant un parasol de verdure.
À l’automne, cette
chevelure prend des teintes d’or roussi pour craquer doucement sous les pas du
du visiteur ou les roues d’engins motorisés quand déclinent les jours.
Mais déjà les scies
entrent en action. Les branches et les troncs s’abattent lourdement sur le sol
dans un bruit mat. Il ne reste plus qu’à les charger sur les camions et à les
envoyer dans les entreprises qui les débiteront en bois de charpente et
de chauffage, poutres, planches et meubles en bois.
Le vieux chêne n°
706 est encore debout mais plus pour très longtemps. Ses feuilles tremblent
dans l’air printanier et son tronc résonne douloureusement du massacre sonore
de ses congénères.
Une dernière fois, sentir le vent rafraîchir sa
cime. Une dernière fois entendre le doux chant des oiseaux qui s’éveillent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire