Tempête sous un crâne
La pauvre elle avait pris le train sur un coup de tête dès qu’elle
avait reçu la réponse. Elle n’avait pas de bagage, juste un minuscule sac dans
lequel, elle avait glissé ses papiers au cas où elle devrait s’identifier
et la carte postale laissée à son intention. Maintenant elle était là
assise, peu lui importait que sa jupe était relevée sur ses cuisses et laissait
entrevoir… Bref la tête dans les mains, elle se demandait bien si elle avait eu
raison ;
Iris
avait le cœur serré. Elle attendait depuis si longtemps le moment où enfin elle
la rencontrerait ; sa mère. Elle avait donc une mère ! Pas celles d’accueil. Il
y en avait eu tant. Dès qu’elle s’attachait aux femmes que l’on s’obstinait à
dénommer Nounou ou mieux Tata, hop, elle partait dans une nouvelle famille et
le cycle infernal recommençait. Pourtant une fois, une fois seulement une tata
avait laissé échapper une phrase : » je ne comprends pas pourquoi cette petite
n’est pas adoptable. Nous pourrions la garder au moins elle retrouverait le
sourire ».
Elle
avait quinze ans et dans sa tête l’idée germa ; peut-être pouvait-elle
retrouver ses origines. Elle s’inscrivit dans les clubs de généalogie, fit les
démarches dans les services sociaux mais on lui opposa un refus. Elle était
mineure ! Finalement se disait-elle, est-ce que j’existe pour quelqu’un, ne
suis – je qu’un dossier avec un numéro rouge de non adoptable ! Si je retrouve
ma mère comment l’aborder ? comment la recevra-t-elle ?
Toutes les recherches entreprises à sa majorité
aboutirent ; il lui a fallu dix ans ! Plus encore deux avant d’oser prendre
contact.
Aujourd’hui c’est le grand jour ; elle a pris ce
train, encore deux heures de voyage à ruminer sa peur, passant de la phase
euphorique, à la phase dépressive. Pourtant, cette femme avait accepté la
rencontre. Et si elle n’était pas là. Le train ralentit ; puis s’arrêta. Elle scrute à travers ses larmes ce quai tout enveloppé
de nuit au bout duquel une silhouette se détache.
elle a réussi...à elle de jouer le premier rôle de sa vie
RépondreSupprimerL'espoir est au bout du quai ... pour un nouveau départ ?
RépondreSupprimerBeaucoup d’émotions et oui, peut-être un nouveau début … Tu nous as plongés dans le cœur d’Iris avec tendresse.
RépondreSupprimerUne belle histoire.
RépondreSupprimerUne rencontre. Des centaines d'incertitudes.
Difficile à imaginer quand on n'a pas vécu ce genre d'épreuve ! Et la joie au bout je l'espère !
RépondreSupprimerUne quête essentielle...Tu la racontes bien.
RépondreSupprimerLa Licorne