17 février 2024

tempête sous un crâne/Lilousoleil

 Tempête sous un crâne



La pauvre elle avait pris le train sur un coup de tête dès qu’elle avait reçu la réponse. Elle n’avait pas de bagage, juste un minuscule sac dans lequel, elle avait glissé ses papiers au cas où elle devrait s’identifier et la carte postale laissée à son intention. Maintenant elle était là assise, peu lui importait que sa jupe était relevée sur ses cuisses et laissait entrevoir… Bref la tête dans les mains, elle se demandait bien si elle avait eu raison ;

Iris avait le cœur serré. Elle attendait depuis si longtemps le moment où enfin elle la rencontrerait ; sa mère. Elle avait donc une mère ! Pas celles d’accueil. Il y en avait eu tant. Dès qu’elle s’attachait aux femmes que l’on s’obstinait à dénommer Nounou ou mieux Tata, hop, elle partait dans une nouvelle famille et le cycle infernal recommençait. Pourtant une fois, une fois seulement une tata avait laissé échapper une phrase : » je ne comprends pas pourquoi cette petite n’est pas adoptable. Nous pourrions la garder au moins elle retrouverait le sourire ».

Elle avait quinze ans et dans sa tête l’idée germa ; peut-être pouvait-elle retrouver ses origines. Elle s’inscrivit dans les clubs de généalogie, fit les démarches dans les services sociaux mais on lui opposa un refus. Elle était mineure ! Finalement se disait-elle, est-ce que j’existe pour quelqu’un, ne suis – je qu’un dossier avec un numéro rouge de non adoptable ! Si je retrouve ma mère comment l’aborder ? comment la recevra-t-elle ?

Toutes les recherches entreprises à sa majorité aboutirent ; il lui a fallu dix ans ! Plus encore deux avant d’oser prendre contact.

Aujourd’hui c’est le grand jour ; elle a pris ce train, encore deux heures de voyage à ruminer sa peur, passant de la phase euphorique, à la phase dépressive. Pourtant, cette femme avait accepté la rencontre. Et si elle n’était pas là. Le train ralentit ; puis s’arrêta.  Elle scrute à travers ses larmes ce quai tout enveloppé de nuit au bout duquel une silhouette se détache.

 

 

6 commentaires:

  1. elle a réussi...à elle de jouer le premier rôle de sa vie

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  2. L'espoir est au bout du quai ... pour un nouveau départ ?

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  3. Beaucoup d’émotions et oui, peut-être un nouveau début … Tu nous as plongés dans le cœur d’Iris avec tendresse.

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  4. Une belle histoire.
    Une rencontre. Des centaines d'incertitudes.

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  5. Difficile à imaginer quand on n'a pas vécu ce genre d'épreuve ! Et la joie au bout je l'espère !

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  6. Une quête essentielle...Tu la racontes bien.
    La Licorne

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