Le regard tourné vers la fenêtre de sa chambre d’hôtel, elle
s’imagine au bord de la piscine dans son nouveau maillot de bain, les hanches
et la poitrine parfaitement moulées. Des regards se tournent à son passage.
Elle se sent belle, désirable et s’arrange pour prolonger cette sensation de bien être et de plaisir.
Toute jeune, Nadia vient d’avoir 20 ans et prépare une licence d’Anglais.
On pourrait croire
qu’elle est venue à Londres pour parfaire ses études. Mais non! En ce matin
d’automne, elle se réveille dans une petite chambre d’hôtel Londonien à
proximité de l’établissement hospitalier dans lequel elle doit rencontrer le
chirurgien obstétricien qu’on lui a recommandé. Nadia est enceinte de 6
semaines.
On est en1975 et,
en France, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse n’a pas encore été
votée, encore moins adoptée.
En d’autres
circonstances, Nadia aurait volontiers gardé cet enfant à naître mais son ami
de l’époque, déjà marié, refuse cette grossesse adultérine. Ils se séparent
alors, lui laissant en héritage cette promesse de vie qui tourne bientôt
au cauchemar. Elle sait qu’elle n’aura pas le courage d’affronter les regards
de son entourage.
La libération des
mœurs n’est pas totale en ce dernier quart du vingtième siècle et, surtout, la
morale doit rester sauve.
Il n’est plus temps
de tergiverser. En 15 jours, il lui faut prendre des décisions matérielles pour
le voyage et entrer en clinique
La veille de son
intervention, elle est descendue au bar de l’hôtel. Elle s’est accordée un jus
de fruits. Longtemps, elle est restée les yeux fixés sur son verre au liquide
coloré, l’a tourné, l’a retourné entre ses doigts graciles au rythme de sa
rumination intérieure, terriblement angoissée mais déterminée.
Et ce matin, Nadia
n’a pas beaucoup dormi. Elle a essayé de lire mais n’a pas pu se concentrer.
Derrière la fenêtre, les lampadaires éclairent une aube grise et brumeuse.
Dans la rue, en
contrebas, les poubelles claquent sur les trottoirs manipulées par des éboueurs
pas encore bien réveillés.
Toute jeune, Nadia vient d’avoir 20 ans et prépare une licence d’Anglais.
une époque pas si facile pour les filles...on a toutes connu et soutenu une amie dans ce cas !
RépondreSupprimerLa solitude à son plus haut point. Hélas.
RépondreSupprimerAux Nadia et à toutes les femmes confrontées à des choix douloureux …
RépondreSupprimerKeremma