Elle a déjà
consulté la veille carte routière de France des années 60 rangée depuis des lustres dans le tiroir du bas de
la commode du salon. Elle a bien situé la ville de Menton, si près de Gênes, à
vol d’oiseaux.
Menton, le nom
résonne dans la tête de Viviane comme une obsession, mais un nom recouvert d’un
voile, d’un mystère. Menton où sa très jeune mère, encore une adolescente, l’a
portée, a accouché sous x et l’a livrée à des mains étrangères sans un regard, sans une caresse sur son
petit front de nouveau- né.
Viviane a appris le
secret de sa naissance après le décès de sa mère en retrouvant un mince carnet
de velours vert caché derrière une
étagère. De son écriture d’écolière, celle ci relatait quelques bribes de sa
jeune vie. Le temps qui avait effacé certains mots ne nuisait en rien à la compréhension de sa
situation. Tout indiquait que, sous la pression familiale, de sa mère en
particulier, elle avait dû se séparer « de l’enfant de la faute »
Viviane, une
exilée ; et comme si l’histoire se répétait, elle aussi porte,
aujourd’hui, « l’enfant de la faute » qui l’exclue de son foyer et de
Gênes, sa ville d’accueil.
Un maigre sac à dos
pour tout bagage, elle monte dans le train en direction de Menton, s’assoit
dans un compartiment vide aux fauteuils vides, couleur de soleil. Elle a le
cœur lourd en s’éloignant de Gênes, mais elle sait qu’elle ne reviendra jamais et
fera tout pour retrouver ceux et celles qui ne l’ont pas reconnue.
C'est prendre un grand risque après tout ce temps de rechercher ceux qui vous ont rejeté ...
RépondreSupprimerLa vieille carte routière des années 60 devient le premier guide d'une quête intérieure. J’adore cette image !!
RépondreSupprimerQuand les situations se répètent. Pas simple du tout.
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