Le flop / J.Libert

 

Ce soir Freddy est déprimé. Vautré sur son lit, il n’a plus que sa énième canette de bière et sa commande de télé pour le soutenir et lui faire oublier sa dernière perte d’argent au poker.

Freddy a 28 ans. Tout jeune, il faisait la fierté de ses parents. Enfant unique, intelligent et studieux, jusqu’à l’adolescence, il ne leur posa aucun problème et son père envisageait déjà pour lui un brillant avenir.

Quand Freddy eut 18 ans, celui ci l’emmena, à plusieurs reprises, jouer avec lui au casino comme il lui aurait proposé une partie de pêche à la ligne. Est ce à ce moment que le virus s’infiltra dans ses veines attendant son heure pour se développer et l’obséder au point de lui faire perdre tout contrôle sur sa vie matérielle ?

Son père, décédé peu de temps après cette initiation, il revint s’asseoir autour du tapis vert et gagna de quoi s’offrir quelques objets convoités.

La chance avec lui, sa vie professionnelle s’engageait sous les meilleures hospices. Il rencontra Marion dont il tomba rapidement amoureux. Il vécurent ensemble plusieurs années dans un certain confort matériel car, tous deux, gagnaient bien leur vie.

Jusqu’à un certain soir où un collègue de travail l’entraîna dans un club très fermé où l’on misait régulièrement de considérables sommes d’argent, au poker. Très vite, il en comprit les règles, et, au début, le jeu s’avéra très favorable pour lui. Sans problème, il remettait en jeu les sommes gagnées et son pactole grossissait.

Pour s’absenter, plusieurs heures par semaine, il mentait à Marion. Elle commençait à avoir des doutes sur son emploi du temps. Quand elle découvrit le pot au roses, elle le quitta. Freddy entama alors une longue descente aux enfers. Il continuait à jouer mais il perdait des sommes de plus en plus importantes. Il fut obligé de vendre son appartement, sa voiture, ses costumes, ses chaussures de grand prix. En un mot : le flop intégral. Il n’eut bientôt plus que la solution de retourner loger chez sa mère: pauvre femme noyée sous le désordre et la dépression de son fils. Qui aurait pu les sauver ?