04 novembre 2023

LE RAPPORT / K

 


Nous sommes aujourd’hui le 1er octobre 2038, date à laquelle parait le rapport tant attendu du Centre International De Résolution de l’Etrange qui était en charge d’étudier cette photographie (truquage ou pas ?) depuis six mois jour pour jour, suite à son apparition inopinée sur les réseaux.

Organisme indépendant en place depuis quatre ans, le CIDRE est installé à Valladolid. Il publie ses rapports sans intermédiaire et peut être saisi par tout citoyen de n’importe quel pays.
Il regroupe un collège de scientifiques et de chercheurs à la composition variable selon les domaines d’étude. L’identité de ces experts est tenue secrète.
Cette approche est source de rumeurs diverses, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes entourant l’existence et l’activité du CIDRE. En effet, si l’on en juge par les rapports qui ont été remis, l’organisme a consacré jusqu’ici une grande partie de son temps aux fausses informations.
Ce n’est presque rien à côté des méthodes d’investigation ultra-modernes, souvent inédites et là encore soigneusement confidentielles qui sont utilisées.
Quelques rares tentatives d’information dans la presse spécialisée ont fait état de techniques sujettes à caution, comme l’hypnose, la drogue, le clonage, le voyage dans le temps, la téléportation dématérialisée, au moyen de machines technologiquement avancées dépassant totalement l’imagination du plus futuriste des auteurs de science-fiction.
 
En ce 1er octobre, que faut-il retenir à la lecture des conclusions du CIDRE ?

L’étude du cliché n’a pas fait apparaître de manipulation de l’image, les deux experts (un certain Nicéphore N. et un dénommé Louis D.) sont formels.
Le Centre a ensuite envoyé ses équipes rencontrer des experts reconnus pour recueillir leur témoignage, en usant donc de démarches et de moyens peu conventionnels.

Interrogé dans la grande salle de son musée à Bruxelles, René Magritte a confirmé que « ce n’est pas une pomme ». 

Blanche-Neige, pourtant totalement remise, a révélé au grand étonnement des investigateurs qu’elle ne se souvenait de rien, signe d’un terrible traumatisme qui ne s’effacera sans doute jamais.

Isaac Newton a longuement observé la partie gauche de la photo, avouant son ignorance et se bornant à reconnaitre, à droite, un projectile qu’il n’a toutefois pas nommé et identifié comme celui qui lui a donné autant de gravité, celle qui lui fait se masser constamment le dessus de la tête, sans doute un tic après tant d’années.

Guillaume Tell n’a pas souhaité répondre aux questions et il est parti enguirlander son fils, en jurant qu’il avait intérêt à se tenir à carreau.
Jacques Chirac n’était pas là, comme souvent, depuis euh …et même avant.

Ludwig van Beethoven a essentiellement remercié de lui avoir remis en mémoire une de ces œuvres, après deux présentations de la photo. Il s’est mis à la jouer immédiatement.

Adam et Eve ont cru à un jeu du type (avant/après) et non pas fait d’erreur pour désigner le bon fruit défendu. L’expérience, que voulez-vous. Pour le reste, ils n’ont pas tranché et ont même coupé court, ne souhaitant pas remuer les mauvais moments, les souvenirs cuisants.

Par ailleurs, le Centre a jugé opportun pour son groupe d’enquêteurs d’envoyer deux sœurs à Lamotte-Beuvron pour en rencontrer deux autres, les Tatin. La vue de l’étrange photographie les a quelque peu retournées. Ce qui a bien failli remettre les compteurs à zéro pour leur célèbre recette. Les visiteuses ont notifié que si les sœurs ne se sont pas évanouies, elles ont été troublées. Stéphanie est allée chercher de la pâte à la cuisine et en a tartiné la photo qu’elle a voulu enfourner.  Mais les enquêtrices ont réussi à prendre la fuite avant.

Hélène de Troie, passablement troublée mais flattée, a cru identifier la pomme de discorde mais n’a rien voulu ajouter avant qu’on lui ramène Pâris car (sic) Pâris sera toujours Pâris ! Les chercheurs cherchent toujours.  
 
C’est là l’essentiel.
On peut donc avancer que les réserves ne seront vraisemblablement pas levées.
Une grande perplexité continuera à alimenter la controverse. 
Le citoyen Yvonnick Strinkerez, originaire de Guenrouet (France), producteur pour Kérisac en sera donc pour ses frais quant à ses inquiétudes pour ses matières premières.


7 commentaires:

  1. De belles références à ce fruit, la pomme ,-) jill

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  2. Exectionnelle enquête! En convoquant le ban et l'arrière ban de la noblesse de pomme, on ne pouvait imaginer plus fiable. Bravo.Allez! ça mérite un coup de cidre! Yeah mat.

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  3. Eh, eh...un mystère digne de Pauli (physicien qui fut dépité de constater que l'univers ne respectait pas la "symétrie").
    J'adore la façon dont c'est raconté : beau tour d'horizon !

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  4. L'étude a été rondement menée, pourtant on ne voit pas la queue d'un début de réponse ... tant pis. L'exercice est de haute volée

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  5. Je transmets dûment vos observations aux Brigades du Cidre. Merci.

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