Rosine n’ouvrait vraiment l’œil que lorsque son ami lui avait apporté sa première tasse de thé au lit. Elle le voulait bien infusé, bien coloré avec un morceau de sucre blanc placé dans la soucoupe, tout contre sa tasse de faïence bleu lavande, toujours la même.
Chaque jour, un rituel identique marquait le début de la matinée ; cela commençait par un remue ménage familier dans la cuisine, au rez de chaussée en même temps que s’envolaient quelques notes d’une sonate au piano de Chopin, son idole de toujours.
Blottie sous sa couette, Rosine ne voyait rien mais entendait tout et suivait, pas à pas, son après son, la confection de son thé préparé par des mains entraînées ; l’eau commençait à chanter dans la bouilloire et, quand l’odeur parfumée du thé lui chatouillait les narines, c’est qu’il était déjà versé fumant dans sa tasse.
Les yeux mi clos, elle vivait intensément ces minutes avant son réveil comme si c’était les dernières. La journée allait la reprendre sans lui laisser trop de temps entre sa vie professionnelle et sa vie privée.
Mais déjà Rosine percevait le bruit des pas dans l’escalier qui menait à sa chambre. Elle se redressait alors sur ses oreillers et remettait un semblant d’ordre dans sa chevelure.
Elle trempait d’abord timidement ses lèvres dans son brûlant breuvage et en atténuait la chaleur et la légère âpreté avec le morceau de sucre glissé sous sa langue qui se dissolvait lentement sous son palais. Elle buvait ensuite à petites gorgées, histoire de faire durer ce plaisir matinal et gourmand le plus longtemps possible.
Un bel hymne à cette boisson matinale !
RépondreSupprimerLa Licorne
une douceur voluptueuse avant l'agitation !
RépondreSupprimerL'épaisseur intense du moment savoureux est fort bien saisie !
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