25 octobre 2025

LES LARMES DU FLEUVE / Marie Sylvie

  



Le Nil ne coule plus
Il pleure.
Ses eaux jadis nourricières 
Sont devenues des larmes lentes 
Des soupirs liquides qui caressent les fondations profanées 
Des pyramides pillées sous prétexte de science. 

Ils sont venus gantés de savoir et de certitudes 
Avec leurs pinceaux
Leurs carnets
Leurs monocles d'érudits
Et ont arraché aux pierres ce qui ne leur appartenait pas. 
Ils ont nommé cela  "archéologie " 
Comme on nomme la violence  "exploration ".

Mais les pyramides savent. 
Elles sentent sous leur peau de calcaire
Le vide laissé par les trésors dérobés 
Les amulettes arrachées
Les sarcophages exilés 
Dans les musées qui se prétendent temples du savoir
Et ne sont que vitrines de l'oubli. 

Le fleuve lui n'oublie pas. 
Il serpente entre les ruines comme un témoin muet 
Portant sur son dos les fragments d'une mémoire brisée.

Chaque vague est une plainte 
Chaque reflet une accusation.
Et dans le silence du soir 
On peut entendre les pierres murmurer :
《 Ce n'est pas l'or qu'ils ont volé 
C'est notre histoire 
Notre souffle 
Notre droit au mystère. 》


              Lorsque la mémoire est pillée
              Le silence devient sacré 
              Et le fleuve apprend à pleurer 
              À la place des morts

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