LE MURMURE DES PIERRES
Il était une fois un mur
Pas un mur de séparation ni de défense
Un mur de passage
De promesse
De lumière.
Un mur sur lequel quelqu'un
Un jour a peint un cœur
Rouge
Vibrant
Net.
Un cœur offert au monde
Sans peur
Sans mesure.
Un cœur comme on en voit peu
Posé là sur la pierre encore jeune
Encore lisse
Comme une déclaration silencieuse.
Et le temps a passé.
Les saisons ont frotté leur souffle contre la surface
La pluie a glissé
Le vent a râpé
Le soleil a brûlé
Et le cœur lui est resté
Mais le mur lui s'est fendu .
Les fissures sont venues lentement
Comme des rides sur un visage que l'on oublie de regarder.
Elles ont creusé leur chemin
Non par violence mais par négligence
Car rien ne dure sans soin
Ni la pierre
Ni l'amour.
Et dans une de ces failles
Presque invisible
Un crampon est resté
Petit
Rouillé
Oublié.
Un objet banal
Mais chargé d'une volonté ancienne
Celle de tenir
Celle de ne pas glisser
De rester accroché malgré tout.
Ce crampon c'est peut-être toi
Ou moi
Ou celui qui a peint le cœur.
C'est le geste discret de celui qui croit encore
Même lorsque tout se fissure.
C'est l'amour qui s'accroche
Non par éclat
Mais par fidélité.
Et le mur parle
Il ne crie pas
Il murmure.
Il dit :
《 Regarde ce que j'étais
Regarde ce que je suis devenu
Et demande-toi ce que tu veux préserver.》
Même la plus belle des pierres
se fend
Si on oublie d'en prendre soin ...
L'amour aussi.
C'est ainsi que va la vie, l'oubli endeuille aussi les murs.
RépondreSupprimerUn mur se reconstruit, qu'en est-il d'un amour ?
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