22 novembre 2025

sujet 163 - semaine du 22 au 29 novembre

 




Alicia/Lilou

 Alicia






Alicia était là, comme chaque jour depuis une semaine, après l’école. Il avait plu, une pluie orageuse qui avait laissé quelques flaques amusant les enfants, surtout les plus petits. Autour de lui, les passants vaquaient à leurs occupations : certains, pressés, faisaient fi des trottoirs glissants ; d’autres prenaient leur temps et musardaient, leur cabas à la main, contemplant les vitrines qui, à cette heure du jour, commençaient à s’allumer.

Lui ne voyait rien. Il était pris par la musique ; il la vivait au point d’oublier qu’il était installé devant un bistrot, qu’il faisait la manche pour gagner trois sous. Il jouait, jouait, jouait, malgré l’humidité qui avait imbibé son blouson, malgré ce piano droit qui n’avait rien à voir avec son piano de concert.

Ah ! les concerts… Il se souvenait de son rêve. Il s’était vu à Pleyel, à Berlin ou au Carnegie Hall. Il se souvenait de Diane, violoniste avec qui il voulait monter un duo. En attendant, ils s’étaient mariés, et très vite Alicia était venue au monde, un bébé qu’il adorait. Il se promettait un avenir de concertiste brillant. Mais un stupide accident, un bras brisé et le pouce broyé avaient mis fin à sa carrière.

Il s’imposa une rééducation longue et difficile pour récupérer de la dextérité, rééducation durant laquelle Diane, lasse d’attendre, le quitta, emmenant Alicia avec elle. Elle s’installa en Suisse, auprès de ses parents, pendant qu’elle parcourait le monde avec les plus prestigieux orchestres.

Malgré son courage, jamais il ne put revenir à un niveau international.
Maintenant, il vivotait de quelques cours de musique et, pour assurer un petit complément, il était là le soir, essayant de faire connaître la musique — la grande musique.

Et puis un jour, Diane, revenue s’installer dans cette grande ville, l’avait aperçu. Elle en avait été bouleversée, et les remords s’étaient réveillés. Elle avait alors confié à Alicia que cet homme était son père. Bien sûr, elle lui avait raconté quelques histoires à son propos, mais les mots étaient un peu évasifs. Diane ne put empêcher sa fille de se rendre chaque jour rencontrer ce père qu’elle ne connaissait pas encore.

Voilà pourquoi Alicia, calée contre le tronc d’un arbre, venait l’écouter, l’entendre, subjuguée par ses mains qui couraient, qui caressaient les touches comme un souffle de brise.
Elle sait qu’il la voit. Sait-il qui elle est ? Osera-t-elle lui parler ? Moi, je crois que oui.


Comme un arbre dans la ville/L'entille

 Comme une arbre dans la ville






70’s

« Comme un arbre dans la ville...

Les premières notes s’envolent dans cette gare où chacun se presse

 sans se préoccuper des autres.


« Je suis né dans le béton...

Mes pieds s’animent sans que ma tête s’en rende compte et

 m’entraînent vers un recoin de la salle des pas perdus où est planqué

 un piano.


« Coincé entre deux maisons...

Par analogie, il est coincé entre les portes des toilettes genrées. Les

 gens sortent, entrent, jettent un œil et continuent leur chemin à la poursuite du temps


« Sans abri sans domicile...

Celui qui frappe les touches du piano avec beaucoup de virtuosité

 semble être l’un de ces SDF qui traînent autour de la gare, d’ailleurs

 un chien est au garde à vous à ses pieds.


« Comme un arbre dans la ville...

Après mes pieds se sont mes lèvres qui prennent vie sans me

 demander la permission. Je me mets à chanter et autour de moi, les

 sexa et septua réunis autour du pianiste, ont entonné cette air enfoui

 si loin et revenu sans difficulté.


« J'ai grandi loin des futaies...

J’ai oublié des tas de choses de mon passé, de mon présent mais rien

 des chansons qui ont bercé mon adolescence.


« Où mes frères des forêts...

Suis-je déjà allé dans une forêt ? Finalement, je suis encore plus

 atteint que je ne le croyais !


« Ont fondé une famille…

Ah, ça je sais !


« Comme un arbre dans la ville...

La place/François

 La place





La place n’est pas végétalisée,

Les arbres ont été écartés,

La nuit vient d'arriver,

La pluie vient de tomber.

 

Le lieu est très animé,

Véhicule et piétons ne font que passer.

 

Derrière la vitre, un pianiste sur son clavier,

Joue pour les personnes qui sont en train de consommer.

 

Le lieu paraît très agité.

Est-il brouillant on peut le suggérer ?

C'est la ville avec son rythme endiablé,

L'agitation va durer toute la soirée.

 

Le brouhaha n'est pas près de se calmer,

La ville n'est pas près de se coucher.

Le musicien de la rue/Tarval

LE MUSICIEN DE LA RUE




La nuit est tombée sur la ville,

Et partout les rues sont illuminées,

Les magasins projettent leurs lumières sur les trottoirs,

Les fenêtres allumées donnent vie aux immeubles,

Et les trottoirs sont envahis par les passants,

Pressés de rentrer chez eux après une longue journée de travail,

Ou au contraire s’aventurant dans les rues pour faire du shopping de dernière minute.

Au milieu de toute cette agitation,

Une douce mélodie s’élève dans les airs,

C’est le « Nocturne op. 9 n° 2 » de Chopin,

Une œuvre magnifique, que joue un musicien,

Avec son piano, à même le trottoir,

Au milieu des passants, qui s’arrêtent un instant pour l’écouter,

L’homme est concentré, ils n’osent pas le déranger,

Il joue cette nocturne avec virtuose,

Ses doigts semblent danser sur les touches du piano,

Les sons s’envolent, la musique se fraie un chemin à travers le brouhaha de la rue,

Et vient enchanter le cœur des piétons.

Cet homme n’est pas un SDF,

Il a une vie confortable, mais il ne vit que pour sa passion,

Et son plaisir est de la partager avec les autres,

Faire découvrir les airs des compositeurs célèbres,

Et quand il voit les yeux des spectateurs pétiller de plaisir,

C’est sa plus grande victoire.

La rue est son espace, et il n’en changerait pour rien au monde.

Là où le silence pousse/Marie Sylvie

Là ou le silence pousse




La foule traverse la ville 
Pressée
Indifférente.
Un enfant s'arrête.
Devant lui un pianiste immobile
Fragile
Comme s'il était le rêve qu'il invente pour se protéger.

La musique s'élève
Tremblante sous la pluie
Effrayée par le bruit
Par la multitude des pas.

Elle ne cherche pas à couvrir le tumulte.
Elle se dépose doucement
Comme une présence qui ne demande rien.

Et l'enfant écoute.
Il écoute comme si cet homme planté là était un arbre déplacé
Offrant son abri au coeur du vacarme.

Chaque note devient une feuille
Chaque accord une respiration.
Dans le silence intérieur
La ville se fissure
Et un espace s'ouvre.

Un lieu où la musique existe sans question
Où l'enfant découvre que parfois
Il suffit d'une présence immobile
Pour que le monde devienne habitable.




Playing in the Rain / Fredaine

 Playing in the rain





Ce piano, posé là, au cœur de la foule des passants, il n’a pas résisté. Son oxygène

depuis qu’il vivait dans la rue, c’était la musique. C’est elle qui l’y avait conduit, c’est

elle aussi qui le tenait en vie.

Autour de lui, tout est était brouillard. Il pleuvait. Il faisait froid. Il faisait nuit. Les gens

passaient sans même le voir. Sans l’entendre davantage. Mais ça, c’était sa vie,

invisible.

Et puis, il y a eu un regard qui s’est accroché à ses mains. Un regard qui l’a écouté.

Un seul a suffit. Lui, il jouait et l’air revenait à lui, la vie aussi.

Les notes d'un piano/J.Libert

 Les notes d'un piano



Au milieu des décombres

S’est voilé le soleil.

Les jours devenus sombres

N’ont plus rien de pareil.

Les façades sont explosées

Sur les pavés noircis.

En mille morceaux brisés

Gisent les éboulis.


Mais l’arbre est toujours là,

Veilleur dans le désastre.

Ses branches çà et là

Dansent avec les astres.


Les notes d’un piano

Vibrent dès le matin,

Longtemps résonnent solo,

Claires dans le lointain.

Stand by me/ Lothar

 Stand by me



Je suis debout sur un rond

Rond comme le rond de la Terre

La lumière de la Lune
Est si belle
Les lumières de la ville
Je ne les vois pas
Ni les courants d’air autour
Qui ne me disent rien

Tu dis reste
Reste avec moi

Je ne sais pas le monde
Je ne sais pas la nuit
Je ne sais pas qui tu es
Ni oû tu vas après

Tu dis reste
Reste avec moi

Pourquoi tu chantes ici
S’il pleut et que tout brille
Que les arbres vont partir
Que le ciel va tomber
Et les montagnes dans la mer
Et que tu ne pleures plus

Tu dis reste
Reste avec moi

J’ai rien connu 
J’ai peur de la hauteur
J’ai peur de me perdre
Désorientée et sans boussole 
Je suis petite
Je ne sais rien sinon les mots

Tu dis reste
Reste avec moi

https://youtu.be/Us-TVg40ExM?si=cmlllFe3sL69kqjkm

L'homme de la rue/ Jill Bill

 L' homme de la rue




Grisaille ambiante,

Les passants passent

Sous la pluie

La nuit est tombée

Allumant lune, fenêtres et enseignes...

 

Qu'importe la météo

Il joue du piano, sur un coin de trottoir,

Insolite bonhomme...

 

Contrat de décembre

Comme d'autres endossent l'habit de père Noël...

Histoire d'ambiancer une fin d'an.

 

Une gosse s'est arrêtée

En bottes et ciré,

Envoûtée, raide tel un arbre...

 

Voilà tout son public, ce soir !

 

Céline, tu viens, ouiiii......

Tu viens !!!

 

Céline, qui rêve de devenir chanteuse....

16 novembre 2025

sujet 162 - Les participants

 



L'homme de la rue   Jill Bill

Stand by me     Lothar

Les notes d'un piano   J.Libert

Playing in the rain    Fredaine

Là, où pousse le silence   Marie Sylvie

Le musicien de la rue   Tarval

La place    François

Comme une arbre dans la ville    L'entille

Alicia    Lilou

15 novembre 2025

sujet 162 semaine du 15 au 22 novembre 2025



mot facultatif : Arbre





Re-con-version/La licorne

 Re - con - version 






Depuis quelques semaines, 

Yuja Wang est déprimée.

Elle en a assez de son piano !

Elle en assez de tout d'ailleurs...

La célébrité lui pèse.

Les admirateurs l'exaspèrent. 

La Philharmonie de Paris l'ennuie.


Elle veut du calme, de la tranquillité...

rêver sous la nitescence de la lune,

dormir tout son saoul,

ne rien faire du tout. 


Par un soir de novembre,

devant son fourneau à bois, 

elle prend une grande décision :

Elle va se calfeutrer chez elle 

pour toute la saison. 

C'est décidé :

fini les concerts, les représentations...

à partir de maintenant, 

elle entre en hibernation. 


Elle enfile son pyjama rouge en pilou pilou, 

troque ses cheveux couleur corbeau

contre une tignasse digne de sa flamboyance,

et pour mieux chasser le noir, 

se met à la guitare...

 

Dzing ! Dzing ! 

La Diva de la musique,  

entame une nouvelle carrière...


Mais par où commencer ?

Ses doigts aux cordes

ne sont pas exercés.

Changer d'instrument

n'est pas chose si aisée. 

 

Comptant sur la sérendipité,

elle farfouille alors avec alacrité

dans le tas de vieilles partitions

et tombe sur une petite chanson.


Une comptine pour enfants...

Parfait !

Commençons doucement... 

 Ne brusquons pas les choses...

Comme disait mon grand-père :

"Un escargot pressé perd sa maison"...

 

Enfin, je ne suis plus tout à fait certaine

de l'expression...

N'était-ce pas plutôt :

"Un escargot percé perd la raison" ?

Bon, moi, ce que je perds, manifestement,

c'est la mémoire... 

Et puis zut,  

j'ai perdu mes lunettes aussi...

 

"Tant pis, ce n'est pas grave,

annonce-t-elle de sa voix melliflue,  

je vais retrouver les paroles toute seule...

Après tout, tout le monde la connaît

cette chansonnette...

Allons-y ! " 

"Oh, l'escargot, quelle drôle de petite bête

Il vit chez lui comme un anachorète...

Mais sa maison qu'il porte en bandoulière

Il la dépose parfois pour boire une bière

J'l'ai vu, j'l'ai vu, la semaine dernière

J'l'ai vu, j'l'ai vu, quand il était tout nu !"



Hum...attendez...

ce n'est pas tout à fait ça... 

N'était-ce pas plutôt : 



"Ah, l'escargot, quelle drôle de petite bête

Il ferait bien d'ach'ter une trottinette

Il gagnerait des heures, des heures entières

Même si, même si, parfois il accélère

J'peux plus, j'peux plus, passer mon temps derrière

J'peux plus, j'peux plus, non, lui coller au ..."


Médor !

Qu'est-ce que tu penses

de mes accords ?

Je progresse, non ?

 

Médor...Où es-tu ?

Reviens, Médor, reviens !!!! 


Hilda et la fourmi/Lilou

 Hilda et la fourmi




Encore une fois la belle cigale Hilda se présente devant la boutique de la fourmi. Celle-ci est tranquille devant sa casbah où elle vient de ranger les derniers pots de grains de millet qu’elle a préparés pour subsister tout l’hiver.

Et voilà toujours la même histoire, la belle cigale arrive l’air fatigué, épuisé, rincé, délabré enfin affamé ; vous connaissez l’histoire !

Mais cette année, Hilda a une arme secrète, une botte, un atout auxquels aucune fourmi aussi marâtre, acariâtre soit-elle ne peut résister.

Cette année, elle traine derrière elle sa guitare, un ampli ; imaginez le boulot pour charrier tout ce matosse lourd comme un cheval mort. 

Ah te voilà Hilda, j’étais étonnée de ne pas te voir encore cette année râle la fourmi de ce ton revêche que l’on connait si bien. Il faut dire qu’il fait si beau ! Bon qu’est-ce que tu veux ? Toujours à manger mais ma parole tu n’as vraiment rien compris ; tu ne penses qu’à ta panse.  J’ai non et c’est non.

Oh non belle fourmi, je viens t’apporter la sérénade ? J’ai tellement chanté cet été, je peux bien te faire un petit concert. Après je passerai mon chapeau réplique Hilda avec un sourire béat.

M’en fiche de ton concert, je n’aime pas la musique. Mozart, Brahms et compagnie, je m’en bat l’œil !

Mais c’est du métal ! Ecoute écoute, c’est méga archi lourd, c’est master class tu vas avoir les tympans enchantés, c’est mon meilleur kiff, je growle et slam comme jamais ! 

Les tympans enchantés ?  percés oui, hurle fourmi. Allez va danser ailleurs… 


Hilda Star du rock/Tarval

Hilda Star du rock 



Hilda est en pleine forme,

Elle déborde d’énergie aujourd’hui,

Et elle a envie de s’éclater.

Cette petite femme aux cheveux roux et tout en rondeur,

Est généreuse et aime la vie.

Ce matin, elle a décidé qu’elle serait chanteuse,

Elle prend sa guitare, s’assoit sur un tabouret,

Et se met à jouer du rock,

Hilda chante sur cet air endiablé,

Ça balance dur, elle est déchaînée,

Et son pauvre chien s’en va se mettre à l’abri du bruit,

Tellement c’est insupportable.

Mais Hilda s’en moque, elle chante à tue-tête,

Peu importe les voisins,

Hilda se prend pour une star du rock,

Elle est Jimi Hendrix, elle est the Who, elle est les Rolling Stones,

Elle se met debout et se contorsionne,

Puis dans un dernier souffle,

Elle jette sa guitare et se met à danser.

Hilda est en transe, elle est habitée par l’esprit du rock,

Elle se trémousse comme une folle,

Hilda s’éclate, elle rit à gorge déployée,

Et finit par se calmer, au grand contentement de son chien,

Qui avait peur que sa maîtresse soit enragée.

Hilda est contente, elle s’est bien amusée,

Son délire n’aura duré que quelques heures,

Mais ça lui a fait beaucoup de bien,

Maintenant elle se sent sereine,

Elle a évacué son trop-plein d’énergie,

Hilda s’est fait plaisir, et elle a pris du plaisir.

Son chien la rejoint sur ses jambes,

Et la journée peut continuer tranquillement,

Au gré des caprices d’Hilda.

Souvenez-vous d'Hilda/ François

 Souvenez-vous d'Hilda





C'est Hilda qui joue,

Sur son tabouret,

Sans garde-fou,

Toute excitée.

 

Elle se balance,

Tout en cadence.

Et se dépensent,

Et entre en trance.

 

Franco américaine,

Chanteuse, Comédienne.

Elle eut son heure de gloire.

On en a perdu la mémoire.

 

Qui se souvient d'Hilda ?

Et pourtant, elle chanta,

Et même elle dansa

Et puis on l'oublia.

Hommage à Carl et à George/ Lothar

 Hommage à Carl et à George




Capitol Theatre, 9 septembre 1985,  Medley Texte court, défi rêvé par Hilda

Oui, je sais, l’idée est sûrement saugrenue. Encore une chanson. Encore un tube. Mais cette fois, c’est Hilda qui chante. Chez elle. Pieds nus, guitare en main, le petit chien déjà parti se cacher sous le poêle. Trop de slap, trop de riff. Trop de rêve.

Elle ne chante pas seule. Elle rêve le medley. Elle est Rosanne Cash, ou plutôt elle est à sa place, entre Carl Perkins et George Harrison, au Capitol Theatre, en 1985. Ou entre Eric Clapton et Ringo Star. L’image tremble un peu, le son crépite. Ça balance terrible.

Je n’ai encore rien écrit, mais je sais que bientôt, en relisant vos commentaires - si commentaires il y a - je me souviendrai de ce doute, de cette valse hésitation. Et je rirai. Comme jadis, avec Pépitoune, sur Sussudio, dans ce pub irlandais où le synthé synthétisait, où les trompettes tempêtaient, et où Joe K riait de mes mots trop vintages aux feus impromptus Littéraires :

Ce petit flashback beat sur ma mémoire : Le synthé synthétise, la batterie bat son tempo contre des moulins, le guitariste encordé n’accroche pas sa barbe, les trompettes éclatent de quatre musiciens noirs, ils fendent le vent, dansent de conserve, crèvent l’écran de leurs grands ronds cuivrés.

Mais revenons à Hilda. Elle voit tout. Elle le vit. Elle est sur scène. Clapton, Ringo, Harrison, Edmunds, les Stray Cats, Rosanne Cash - tous là, ces légendes, mais elle les remplace. Elle chante Everybody’s Trying to Be My Baby, et c’est George qui sourit, qui cherche l’approbation de Carl Perkins. L’approbation de papa. Et il l'a eu ! Le petit chien s’en va. Trop de contrebasse. Trop de gens tapant du pied. En cadence. En jam. Trop de joie.

Le poêle surchauffe. La bouilloire siffle. Travelling sur les musiciens sur les chaises. Le medley commence sur la guitare de Carl. Ray-ban. Noblesse oblige. Tout le monde est assis, concentrés des taquets. Les micros sont là, tendus, les instruments fourbis, les regards complices. George est aux anges. Hilda aussi. Elle ne joue pas, elle rêve. Elle médite en hillbilly. Elle transe joyeuse. Elle canalise.

Et ça tape. Ça riff. Ça retape. Ça chœur. Ça tambourine. La contrebasse debout secoue la folie, groove la fièvre douce. La caisse claire recharge ses batteries. Ça fait du monde pendu, accroché sur les guitares. Et puis, c’est Carl, le prince, qui dit. Qui donne le ton. L’effet bœuf, le rockabilly devient rituel. Le passé devient présent. Ca madeleine jolie, aussi, en si goûteuse.