23 novembre 2024

CHEZ VÉVETTE / J.Libert

 



     Autour des années 50, dans cette petite commune du bord de mer, le café, tabac, restaurant, alimentation qui longe le port est connu de tous les habitants. À plus de 65 ans, Vévette en tient l’organisation de main de maître, comme un poisson dans l’eau. Il faut dire qu’elle a toujours baigné  dans ce même milieu puisque,  enfant, elle aidait déjà ses parents à servir la clientèle. Plus tard, restée célibataire, elle a repris la succession.
 
    Sur le plan alimentaire et domestique, on trouve tout chez Vévette, depuis le poireau ou les carottes au détail, jusqu’à la bouteille de gaz, le savon de Marseille ou la paire de lacets et la boite d’allumettes avec les bougies.
 
    Elle connaît la vie de chacun et chacune et les appelle par leur prénom. Cette familiarité de bon aloi semble lui garantir leur fidélité. Tout le monde aime aller chez Vévette qui, à l’occasion, accepte  de faire crédit à certains ayant du mal à terminer le mois.
 
    Les jours de retour des chalutiers au port, l’ambiance est animée dans la grande salle du café restaurant situé juste derrière l’épicerie. Toutes les tables sont occupées. Les pêcheurs ont fait une marée fructueuse. Leurs traits sont tirés. Les yeux cernés se détachent dans les visages assombris de barbes naissantes mais ils sont prêts à passer la matinée à jouer, à manger et à boire. Chez Vévette, ils sont chez eux. C’est leur manière de renforcer cet esprit d’équipe qui les maintient quand ils sont à bord.
 
    Au milieu des odeurs de fumée, d’alcool, de viandes mijotées, Vévette se faufile prestement pour renouveler les boissons, souriant aux bons mots des uns,  remettant à leur place les plaisanteries graveleuses des autres.
 
    Bientôt le café restaurant se videra.Les pêcheurs rentreront à la maison quelques jours, avant de reprendre la mer pour une durée indéterminée.
 
    Mais, comme beaucoup de commerces de cette époque, celui de Vévette a tiré le rideau depuis longtemps, remplacé par la prolifération des hypermarchés, considérés, par tous les anciens, comme un des poisons du siècle.

5 commentaires:

  1. Ah pas faux, ça a tué les petits..... jill

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  2. on y trouvait tout...même la chaleur amicale !

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  3. On a tous le même regard sur ce genre de petit commerce, et à quelques nuances près, la propriétaire est toujours la même !

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  4. Beaucoup de nostalgie, sans doute liée à de l'humanité partie en chemin !

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  5. Le bistrot : haut lieu de convivialité et de sociabilité. Des tentatives pour le réhabiliter et ce sont les bobos qui l'investissent!

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