Autour des années
50, dans cette petite commune du bord de mer, le café, tabac, restaurant,
alimentation qui longe le port est connu de tous les habitants. À plus de 65
ans, Vévette en tient l’organisation de main de maître, comme un poisson dans
l’eau. Il faut dire qu’elle a toujours baigné
dans ce même milieu puisque,
enfant, elle aidait déjà ses parents à servir la clientèle. Plus tard,
restée célibataire, elle a repris la succession.
Sur le plan
alimentaire et domestique, on trouve tout chez Vévette, depuis le poireau ou
les carottes au détail, jusqu’à la bouteille de gaz, le savon de Marseille ou
la paire de lacets et la boite d’allumettes avec les bougies.
Elle connaît la vie
de chacun et chacune et les appelle par leur prénom. Cette familiarité de bon
aloi semble lui garantir leur fidélité. Tout le monde aime aller chez Vévette
qui, à l’occasion, accepte de faire
crédit à certains ayant du mal à terminer le mois.
Les jours de retour
des chalutiers au port, l’ambiance est animée dans la grande salle du café
restaurant situé juste derrière l’épicerie. Toutes les tables sont occupées.
Les pêcheurs ont fait une marée fructueuse. Leurs traits sont tirés. Les yeux
cernés se détachent dans les visages assombris de barbes naissantes mais ils
sont prêts à passer la matinée à jouer, à manger et à boire. Chez Vévette, ils
sont chez eux. C’est leur manière de renforcer cet esprit d’équipe qui les
maintient quand ils sont à bord.
Au milieu des
odeurs de fumée, d’alcool, de viandes mijotées, Vévette se faufile prestement
pour renouveler les boissons, souriant aux bons mots des uns, remettant à leur place les plaisanteries
graveleuses des autres.
Bientôt le café
restaurant se videra.Les pêcheurs rentreront à la maison quelques jours, avant
de reprendre la mer pour une durée indéterminée.
Mais, comme
beaucoup de commerces de cette époque, celui de Vévette a tiré le rideau depuis
longtemps, remplacé par la prolifération des hypermarchés, considérés, par tous
les anciens, comme un des poisons du siècle.
Ah pas faux, ça a tué les petits..... jill
RépondreSupprimeron y trouvait tout...même la chaleur amicale !
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