14 septembre 2025

Sujet 153 - les participants

 



Le lunaire par Jill Bill

Un homme tourmenté par Tarval

Le souffle des pierres par Marie Sylvie

Les flots de l'amer par An'Maï

Et vogue la galère par Jak

A nos marins morts en mer par J.Libert 

Les p'tits bateaux par La Licorne

La ligne de flottaison par K

Perdu en mer par L'Entille

Voguer avec les mots par François

L'écriture par Galet


13 septembre 2025

Sujet 153 - semaine du 13 au 20 septembre

 





L'ultime manuscrit / Pierre Lpc

 



L'ultime manuscrit :


J'ai vécu plus loin que ma vue pessimiste ne me le permettait.

J'ai toujours su que la maladie ou le temps n'auraient pas ma peau.

C'est le choix de l'où et du comment qui fait frissonner mes jeunes os.


Si mes ouvrages sont des tombeaux où reposent mes maux mis en mots

Sur cette petite table gît mon ultime bravade, mon requiem lettré.

L'oxymore originel, une mort et un vase à fleurir, l'hiver aux touches d'été.

libres Haïkus/Lilou

Libres Haïkus




Tapis du matin,
un livre dort sur la chaise,
papillon s’éveille.


Rose dans le vase,
près des fleurs qui se fanent,
un souffle léger.


Sous l’aube pâlie,
chaise vide et papillon,
pages du tapis.

Avec un modèle / K

 



Des fleurs

Des fleurs et une table

Une table

Une table et un livre

Un livre

Un livre et deux chaises 

Deux chaises

Deux chaises et un papillon

Un papillon

Un papillon et des fleurs

Des fleurs

Des fleurs et un livre   

Un livre

Un livre et un papillon  

Un papillon

Un papillon et une table

Une table

Une table et deux chaises

Des fleurs et une table et un livre et deux chaises et un papillon

Et le silence

FLEURS FANÉES / J.Libert

 





    On ne s’imagine pas combien un bouquet de fleurs fanées peut vous déprimer ou vous indisposer. On le regarde avec tristesse. On essaye d’ignorer sa présence, les pétales qui se flétrissent et se ramollissent chaque minute un peu plus.
    Il y  a quelques jours, on admirait cette composition si fraîche, si éclatante, si colorée. Elle rehaussait le décor de votre intérieur et modifiait presque votre vision des choses.
    Vous aviez pris la peine de choisir le vase adéquat, d’y disposer vos fleurs,  avec harmonie, en tenant compte des longueurs de tiges, de leur épanouissement, de leur coloris.
    Même si vous saviez, au fond de vous, que la vie végétale, telle un papillon fragile, est éphémère, tout votre être jouissait de la vue de ces fleurs récemment coupées.
    Dans votre parterre de fleurs, quelques mois auparavant, vous aviez pris soin d’enfoncer les graines ou les tubercules dans une terre bien préparée. Vous aviez suivi, de près, la sortie, la naissance du feuillage, puis des boutons ou des bourgeons. Vous aviez arraché les mauvaises herbes qui risquaient d’en étouffer l’éclosion, traité les pucerons ou les insectes parasites.
    Il faut alors vous résigner. Ainsi va la vie ! D’autre fleurs succéderont à celles que vous venez de jeter avec un petit pincement au cœur. Vous n’aurez bientôt plus que le souvenir du plaisir qu’elles vous ont donné en se laissant cueillir un beau matin de printemps ou d’été.

LES FLEURS, L’ESPOIR / Tarval

 


LES FLEURS, L’ESPOIR

Deux chaises vides,

Seule une table avec un petit pot de fleurs,

Où sont passés les propriétaires de ce lieu un peu triste,

Sont-ils partis rejoindre les anges,

Où ont-ils abandonné ce lieu sans âme,

Seules les fleurs donnent un peu de clarté dans cette tristesse.

Elles attendent, seules sur une table, oubliées,

Qu’une personne vienne prendre soin d’elles.

Elles aimeraient être loin de là,

Elles voudraient être dans un champ de fleurs,

Entourées par leurs semblables,

Butinées par les abeilles,

Sous le ballet aérien des papillons,

Foisonnement de couleurs, d’odeurs, de vie.

Mais voilà, la réalité est toute différente,

Elles ont peur de faner, de vieillir,

De ne devenir que poussière.

Elles attendent un miracle, un peu d’eau, de l’attention.

Mais les miracles sont un mirage de l’âme,

Et seule la mort les attend.


PAPILLONS DE PAPIER / Marie Sylvie

 




Dans le silence de la pièce aux murs pâles, là où le temps a suspendu son vol, chaque objet est un murmure, un écho à cette rencontre inattendue. 
Sur la petite table usée par les jours, le livre est un cœur scellé, gardien d'un secret naissant. Dessus deux fleurs de papier, ardents *papillons écarlates qui déploient leurs ailes délicates, témoins muets qu'une flamme s'est allumée au premier regard. 
Elles vibrent encore de l'émotion contenue, petites sentinelles d'un amour à éclore.

Sophie s'est assise sur sa chaise, la sienne, celle qui connaît les battements de son coeur.
L'autre, la jumelle en bois, celle qu'il avait occupée un instant volé, elle l'a rapproché de la sienne. Un geste tendre, presque inconscient, comme pour soutenir l'écho de sa présence. 
Elle sent encore sur le coussin, comme une empreinte invisible, la chaleur de l'homme, la lumière qu'il a laissé. 
Elle ferme les yeux et revoit son visage, ses mains. 

Il était apparu un matin pourtant l'uniforme du quotidien mais son arrivée avait déchiré le voile de l'ordinaire. 
Son teint bronzé comme caressé par le soleil de contrées lointaines évoquait des rivages méditerranéens, des histoires d'oliviers et de ciel azur.
Ses yeux d'un noir profond, ou peut-être d'un brun doux, avaient croisé les siens et le monde s'était arrêté.
Un sourire rapide, une parole échangée sur le pas de la porte, et l'âme de Sophie avait chaviré.
Était-il italien avec cette élégance naturelle, cette force tranquille qui émanait de lui ? 
Elle l'avait imaginé, le cœur battant, ses origines comme un parfum d'aventure. 

Désormais, chaque matin elle ouvre la porte non pas pour l'air frais mais pour guetter son pas familier sur la route.
Si un livre, un simple paquet, doit être le prétexte, le messager de leur retrouvaille, elle en est prête. 
Elle scrute l'horizon, l'oreille tendue, espérant le froissement du papier ou le son de sa voix.
Le petit livre attend sagement posé, son silence plein de mots inachevés et d'un espoir ardent, entre deux ailes rouges, entre deux cœurs qui n'aspirent qu'à se retrouver. 

        L'attente n'est pas un vide, 
        Mais le pont que l'on construit
        Vers ce qui doit venir.


Hector et Caroline / An'Maï


Un guéridon usé dont la peinture blanche quelque peu défraîchie. s'écaille, comme celle du mur derrière lui.  Sur un livre posé, un vase où trois fleurs finiront fanées. Deux chaises de bistrot et leur galette bleue sur un parquet ancien qui ne dépare pas avec le reste... Le décor est posé. Il attend les acteurs de la pièce qui va se jouer ici. Ils se sont donnés rendrez vous en ce lieu suranné qui les attend pour se réveiller.

Hector sera assis bien droit sur la chaise contre le mur. Pour la circonstance, il aura revêtu son costume le plus chic : noir à fines rayures blanches, chemise au col empesé rehaussé d'un nœud papillon. Sur la table, il posera son chapeau melon et ses gants, assortis à son complet des grands jours. Il aura apporté un bouquet de roses rouges, comme celle en bouton qui ornera la pochette de sa veste, côté cœur. En face de lui, Caroline émue, attendra le rouge aux joues qu'il se déclare. Plus belle que jamais dans son ensemble  vieux rose, un adorable bibi à voilette sur son chignon dont quelques boucles blondes encadreront son visage, elle posera ses mains gantées de dentelle blanche sur ses genoux pour les empêcher de trembler.

Ce sera leur premier vrai rendez-vous, celui qui décidera de leur avenir commun à une époque où les codes très stricts, clament haut et fort qu'on ne badine pas avec l'amour.

Bientôt, les trois coups vont retentir et va pouvoir commencer l'histoire de Caroline et d'Hector.


Le langage des fleurs / L'Entille

 



Il est venu avec des fleurs.
Une rose rouge pour l’amour, une tulipe cramoisie pour le pardon et le freesia pour la confiance.
Que dois-je comprendre ?  L’été se termine. Les premiers frimas d’octobre pointent le bout de leur nez, il est temps de rentrer au chaud ! Comme le papillon, il est allé butiner d’autres nectars et revient la récolte finie ?
Mais l’amour comme les fleurs est une denrée périssable. Il faut en prendre soin pour que dure le doux attachement. L’éparpillement ne fait pas bon ménage avec les promesses. Il s’en retourne donc au bon vent de l’équinoxe chercher un nouveau nid pour l’hiver. Pauvre diable, il n’a pas remarqué que le monde a changé.