

Un matin, paf !
Un miroir sur la plage.
Planté là, fier comme un phare qui aurait raté son concours.
La mer le regarde de travers :
— T’es qui, toi ? Un glaçon géant ? Un selfie raté ?
Mais le miroir, imperturbable,
renvoie l’horizon en pleine figure,
comme pour dire : « Je brille, donc je suis. »
Le sable, lui, se marre :
« Hé les vagues, venez voir ! Un meuble fait bronzette ! »
Les coquillages applaudissent, les crabes font des stories,
et le vent improvise un slam marin :
« L’imprévu, mes amis,
c’est l’art d’être ailleurs,
au moment exact
où personne ne vous attend. »
Et pendant que tout ce petit monde rigole,
le miroir se prend pour un poète contemporain,
réfléchissant à tout — sauf à ce qu’il fait là.
Moralité ?
Quand la mer t’invite à danser,
ne demande pas le programme.
L’imprévu adore les improvisations.
Les reflets imprévus :
C'est ma dernière marche
Avant le passage sous l'arche.
J'arpente la plage, laisse l'horizon
Absorber les restes de mes monts
Les plus escarpés, neige sans tissu.
La pointe du désespoir en noyé
À vue apparaître un diptyque scindé.
Un pan le passé trop noir pour le suicide.
Un pan pour un futur possible. Décide !
Je prends du recul et envoie un galet ricocher
En plein passé pour pouvoir reposer au futur mérité.
Un volume de verre posé sur une plage,
Sa présence complètement imprévue,
Nous interrogent au milieu de ce paysage.
Il est là dans une solitude éperdue.
C’est un monolithe planté sur le rivage,
On pourrait croire que quelqu’un l’a perdu.
Il est à la fois transparence et miroir
Les vagues viennent mourir à ses pieds,
Joliment elles se dupliquent,
Le crépuscule ne va pas tarder,
L’effet va devenir magique.
Il est le visible et l’invisible,
Sur lui tout se réfléchit,
Il est l’impossible et le possible,
Devant sa représentation, je réfléchis,
Obscur témoin, je reste impassible.
Imprévu vaut mieux que deux t’as rien vu ?
Ah la surprise
La plage
Qui rejoue 2001 odyssée de l’espace
Monolithe Kubrick
Monolithique cube
Monokit lubrique
Tu dis 2001 Odyssée de l’espace ?
Non ! de l’espèce !
Frigo en vue
Allégorie de la fonte des glaces
Regardons-nous
On défait banquise
Et tout le reste
"Si vous ne savez pas pourquoi souvent, sur la plage, les vieux réfrigérateurs en panne sont des rangements imprévus de chaussures jolies. Oyez donc ceci :"
Ils avaient dit être professionnels, avec eux pas d’imprévu.
Ils avaient dit que tout était possible, tout serait sous contrôle.
Je leur ai fait confiance. On a signé le contrat en trois exemplaires.
Ils sont arrivés le jour dit à l’heure dite.
Quatre armoires à glace encombraient l’accès au musée.
Leur camion obstruait le passage dans la cour derrière.
Des sangles, des couvertures, du papier bulle, des cartons…
Ils se faufilaient comme des petits rats de l’opéra entre tout ça.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’affaire était réglée.
Les tableaux, les sculptures, les bijoux, tout fût protégé, emballé, remisé au fond du camion.
Et les quatre sherpas du déménagement avaient regagné les sièges de leur véhicule.
Partis en trombe, sans même signer le reçu.
Et puis, nous avons eu la surprise de voir un nouveau camion venir se garer au même endroit.
Deux hommes bien baraqués en sont descendus le bordereau d’enlèvement à la main.
Adieu la collection pour l’expo art nouveau à Landerneau.
Ah si ! On n’a pas tout perdu, enfin presque.
Ils avaient embarqué dans leur précipitation le frigo du bureau.
On l’a retrouvé, certes. Mais à part pour une installation éphémère….
Œuvre intitulée : Le reflet des vagues, ou Impression soleil couchant.
LA MAUVAISE SURPRISE
Moment très attendu, le départ en vacances.
Direction la mer, la baignade, les promenades au bord de
l’eau,
La pêche aux coquillages, les embruns, les vagues
déferlantes.
Huit heures de route et nous serons arrivés,
Ma femme et mes enfants sont fous de joie,
Ils chantent à l’arrière de la voiture,
Le trajet se fait sans problèmes.
Arrivé sur place, le camping nous attend,
Piscine, bar, discothèque et snack-frites.
Nous sommes impatients de rejoindre notre bungalow,
Bien situé, dans un endroit ombragé,
La plage à 200 mètres, tout est parfait.
Nous nous installons et nous décidons de découvrir les
environs,
Mais là une surprise nous attend,
Le camping est situé à 500 mètres d’une décharge publique,
Les odeurs malodorantes arrivent jusqu’à nous,
Nous décidons d’aller voir la plage,
Et là, que voit-on ? Des articles ménagers jetés à
même le sable,
Entachant la vue et polluant la mer.
Nous allons voir le propriétaire du camping,
Pour lui faire part de notre mécontentement,
Et nous décidons de partir ailleurs,
Nous lui demandons de nous rembourser nos arrhes,
Il n’est pas d’accord mais nous le menaçons de rendre
publique l’insalubrité de son camping.
Il finit par nous rembourser et nous partons plus vers le
sud,
Nous avons trouvé sur internet de la place dans un autre
camping,
Et nous avons laissé un commentaire très explicite
concernant le premier camping,
Afin que d’autres ne se fassent pas avoir.
Cet imprévu nous a fait perdre une journée,
Mais cela n’entame pas notre moral,
Nous repartons l’esprit serein,
Et les enfants recommencent à chanter.