Le nom ne fait pas le moine / Jill Bill
COGITO ERGO SUM / Galet
RECONVERSION / J.Libert
C'est non / K
Ici et ailleurs / Marie Sylvie
Le nom ne fait pas le moine / Jill Bill
COGITO ERGO SUM / Galet
RECONVERSION / J.Libert
C'est non / K
Ici et ailleurs / Marie Sylvie
Une étrange
conversation !
Téléphone
Orange : Bip
bip Oh là là ! J.: Bip bip Oh là là ! J'ai trop chaud, je surchauffe
à force d'être utilisé toute la journée !
Éponge : Oh , pauvre de: Oh, pauvre de
toi ! Moi, je passe ma journée à absorber de l'eau et à être pressée comme un
citron. C'est épuisant !
Téléphone
Orange : Pff… au
moins, toi, tu as le droit à des bains ! Moi, je ne peux même pas toucher une
goutte d'eau, sinon, c'est la panne assurée !
Éponge : Héhé , c'est vrai ! Mais crois
- moi , ce n'est pas si agréable que ça: Héhé, c'est vrai ! Mais crois-moi, ce
n'est pas si agréable que ça. Je suis toujours trempée et on me tord dans tous
les sens.
Téléphone Orange : Moi , au moindre
choc: Moi, au moindre choc, j'ai peur de me casser ! Hier, mon propriétaire m'a
fait tomber par terre… J'ai cru que j'allais y passer !
Éponge : Oh ,: Oh, je comprends ! Moi,
après chaque utilisation, on me jette sans ménagement dans l'évier. Quelle vie…
Téléphone
Orange : On dirait
que nous avons: On dirait que nous avons tous les deux des vies difficiles…
Éponge : Oui… mais au moins, on sert à
quelque chose !
Téléphone Orange : C'est vrai ! Allez,
courage, mon amie !
Éponge : Courage à toi aussi, téléphone
orange !
A tout
bientôt
ALLO ? ALLO ?
Allo ? Allo ?
Qui est au téléphone ?
Est-ce pour une publicité, encore ?
J’en ai assez de ce téléphone qui sonne sans arrêt.
C’est cinq à dix fois par jour,
Et à chaque fois que je décroche, personne.
Serait-ce des coups de fil menaçants ?
Je n’en sais rien, mais cela commence à m’inquiéter.
Alors, quoi faire ?
Changer de numéro ?
Mais il faudra prévenir tous mes contacts,
Et je ne m’en sens pas le courage.
Alors, les ignorer ?
Mais si je reçois un coup de fil important,
Je risque de passer à côté.
Déposer une main courante à la police ?
Ils vont me rire au nez,
Ils n’ont pas que cela à s’occuper.
Je n’ai pas de solution,
Sinon me résoudre à répondre,
Même si je sais que cela ne sert à rien.
Je repose le combiné, perturbée.
Je vais dans un premier temps avertir l’opérateur téléphonique,
Peut-être pourrait-il agir en ciblant les appels.
Oui, je vais commencer par ça,
Et ensuite, j’aviserai selon les résultats.
En attendant, je prends mon mal en patience,
Et je vais répondre malgré le fait qu’il ne se passe rien quand je décroche.
Je ne sais pas quoi faire d’autre, donc je m’y résous avec tristesse.
Nadine avait exactement le même que sur la photo, remisé au grenier avec le moulin à café en grains et le transistor, impeccable, la bakélite toujours brillante après un coup d’éponge. Elle ne pouvait se résoudre à s’en séparer ; pourtant, elle savait que ce téléphone ne reprendrait jamais du service. Sans doute, était-il le témoin d’une époque où la vie lui était légère.
En jetant un œil dans le rétroviseur des années, elle se souvint qu’elle, comme ses parents, avait connu les années « sans ». On communiquait surtout par courrier ; l’on mettait des jours à se rejoindre pour se donner ou avoir des nouvelles des uns et des autres. Écrire, pour certains anciens, relevait de l’exploit ; les années d’école primaire très loin derrière eux.
Nadine utilisa son premier téléphone, au début de sa vie professionnelle, autour des années:66-70. C’était un appareil noir, imposant, luisant, prenant une place énorme sur le bureau. Peu familière avec la nouveauté, au début, elle en avait presque peur et sursautait à chaque sonnerie.
En quelques années lui avait succédé le téléphone de la photo, léger, fantaisie, coloré, à cadran. On avait tout le temps de songer à la prochaine conversation en formant le numéro de son interlocuteur. Seulement, impossible de le joindre en cas d’absence.
Les touches remplacèrent bientôt le cadran. On ne faisait plus tourner, on appuyait ! Sur répondeur incorporé, on pouvait signifier son appel.
Avec l’arrivée d’internet, disparurent les téléphones filaires et toutes les traces anciennes de télécommunications : les opératrices à qui l’on demandait « le 22 à Asnières », les cabines téléphoniques de coins de rue qui voulaient bien fonctionner avec quelques pièces de monnaie. Une véritable révolution !
Aujourd’hui, qui n’a pas son smartphone ? « sa prothèse » collée en permanence à l’oreille, ou dans les mains, ou dans la poche de son pantalon, les petits comme les grands, les jeunes comme les vieux, partout, en tout temps, à tout moment, en tout lieux.
L’évolution est constante. Ses utilisations et ses applications sont multiples, une sorte d’extension du « moi » avec les risques que cela comporte.
L’avenir nous en fera le bilan !!
Allo ! Allo !
Oh nostalgie des seventies…
Quand Nino chantait Gaston,
Quand le 22 à Asnières était déjà has been,
Quand le PCV n’était pas encore obsolète,
Quand la mémoire était un muscle efficient,
Quand le téléphone n’était pas encore importun,
Quand on pouvait vagabonder sans laisse.
Avons-nous gagné au change ?
Je n’en sais rien, je jette l’éponge !
Il n’y a plus d’abonné au numéro demandé…
Bip… bip… bip...
Ils remisaient le rouge lorsque le temps était à la décrispation, voire la normalisation, ou même la détente, au point que chaque dirigeant était autorisé à répondre ou à appeler son homologue en peignoir éponge.