25 octobre 2025

Sujet 159 - semaine du 25 octobre au 1er novembre


MERCI !

 




R A P P E L

Bonjour à toutes et tous,

Il me reste encore deux sujets pour Mil et Une  avec le 159 envoyé par Fredaine, et le 160 -sujet classique image/mot.  Après la publication des textes du sujet 160, je m'arrête.

Comme on dit, la roue tourne.  Il est temps de laisser la place. 

Mil et Une, comme le reste, ne m'appartient pas.
On ne sait jamais, les clés sont dans la boîte à gants, comme on dit.😉

K pour Mil et Une 

LES TROIS PYRAMIDES / François




 LES TROIS PYRAMIDES
 
Sur la rive gauche du Nil ,il y a
Trois monuments gigantesques,
Trois merveilles d’équilibres, sont là,
De pyramides aux allures circonflexes.
 
Trois tombes de pharaons,
Aux mesures ésotériques,, 
Aussi secrètes que leur création,
Sans contretemps, pour une unique fonction.
 
Comment elle furent construites,
On ne sait comment ces conditions furent conduites,
Elles honorent leur pharaon en pointant vers le cosmos,
Il ya Khéops, Khépren, et celle de la reine Mykérinos.
 
 
Napoléon avait dit du haut de ses pyramides,
Quatre mille ans vous contemplent, 
mais ces milans peuvent être ce rapaces irascibles,
Qui vivent en ces lieux dont la présence est troublante.

 

L'oeil des Dieux/Lilou

L'œil des Dieux  



Sous le soleil impassible d’Égypte, Pharaon, l’air distingué, ajustait son monocle avant d’inspecter la construction de sa pyramide.


« Un peu plus à gauche, messieurs les esclaves ! » lançait-il, persuadé que la perfection dépendait d’un bon angle de vue.

Autour de lui, le désert s’étirait, doré et silencieux, tandis que le Nil chuchotait au loin des secrets d’éternité. Les palmiers frémissaient, comme s’ils retenaient un rire discret devant tant de majesté concentrée dans un simple monocle.

Un coup de vent soudain fit briller le verre d’un éclat divin. Pharaon cligna de l’œil, ébloui par sa propre clairvoyance. Mais la poussière, moqueuse, se leva à son tour et le fit éternuer. Le monocle tomba, rebondit sur une pierre, et disparut dans le sable.

Un silence sacré suivit. Les ouvriers se figèrent, craignant une malédiction optique.
Puis, d’un geste digne,  Pharaon sourit :
« Qu’importe ! Sans monocle, je vois désormais avec l’œil des dieux. »

En contrebas, le Nil reprit son murmure tranquille comme s’il savait, lui, que le vrai secret des pyramides tenait moins à la géométrie qu’à un peu de panache.

Oui … Que Cléopâtre / Lothar

 



Oui … Que Cléopâtre desséchée se souvienne

Car l’œil puissant d’Osiris ne la lâchera plus.
Jamais.

Sur la pente des contretemps,
Qu’elle se souvienne du piment.
Ou alors de l’oreille, ou du nez,
Avant qu’il ne soit trop tard,
Que sais-je …

Oui, mais de celui que l’on aime.
Trop, beaucoup trop.
Que l’on boit à la lie.

De celui qui vous prend tout le miel de l’Egypte
Au bout de ses lattes de papier.

Ou mieux encore de l’aile du papillon pharaon,
Du grand machaon marron.
Qui se promène, qui se démène, perdu dans un frisson.
Qui crissera, qui criera, en effet, dans la plaine, dans le vallon,
Jusqu’aux limites de l’horizon
Au bas de la tornade.

Comme d’un battement d’aile, où Râ s’éclipsera, dans un feu d’artifice …

Où dans l’atelier des dieux, des savants en monocles
Casseront tous les codes,
Au fil de l’enclume,
À l’aune des sciences de l’hommes,
Au droit de toutes nos découvertes,

Futures et passées …

Du sable et du sang / L'Entille


 


Du sable et du sang.


Un voyage sur le Nil dans une felouque,
Une armée d’indigènes pour vous servir.
Des escales avec guide pour visiter la vallée des rois.
Des déjeuners légers préparés par un chef.
Des dîners somptueux où chacun regarde l’autre plutôt que son assiette.
Des nuits époustouflantes perlées d’étoiles.
Des cris d’ibis sacrés perçant les ténèbres.
Des crocodiles lascifs cherchant pitance.
Ah mon cher Hercule, avez-vous oublié la marche du monde ?
Il n’est rien de plus ennuyeux qu’une croisière.
Votre monocle vous aurait-il menti ?
Vous n’avez donc pas vu les arcanes fatales du trio amoureux.
Un contretemps aurait empêcher vos petites cellules grises d’être totalement opérantes ?
Dommage !
L’hécatombe funeste a eu lieu malgré la magie de l’Égypte.
Agatha a encore sévi !


UN ÉTRANGE ÉVÈNEMENT / J.Libert

 



                                                  

 
    En voyage organisé, un été, à la fin du siècle dernier, Léah visitait les mystérieuses pyramides d’Égypte. Son groupe de touristes dut faire halte au pied de la pyramide de Khéops, tant la chaleur, à l’heure de midi, était intense.
 
    Elle se reposait à l’ombre du soubassement Est de la pyramide cherchant un peu de fraîcheur quand, dans ce contretemps, elle se sentit, soudain, happée par une main invisible, à l’intérieur de ce vaste monument.
 
    En un quart de seconde, elle se retrouva dans d’immenses galeries aux trouées irrégulières ; elles se recoupaient en labyrinthes inextricables dont il était impossible de regagner les issues. Pourtant, elle déambulait de l’une à l’autre à la vitesse d’une étoile filante.
 
    Elle arriva, bientôt, dans une salle dont les dimensions auraient pu contenir un immeuble de cinq étages. Seul, trônait , au milieu, un épais tombeau de granit au couvercle de pierre largement ébréché dans un de ses angles. Croyant y découvrir la momie d’un célèbre pharaon, elle jeta un œil à l’intérieur, mais le tombeau était vide.
 
    La punissait-on d’une curiosité illégitime ? Une armée de chauve-souris, agrippées jusque là au plafond, fondirent sur sa tignasse broussailleuse de l’époque et la traînèrent à l’intérieur du tombeau. Elle cria, hurla, se débattit telle un rat pris au piège.
 
    Léah croyait mourir sur place mais essayant de soulever le couvercle de la main, elle traversa celui ci avec une aisance inattendue.
 
    Forte de sa découverte, faisant fi de la multitude de bestioles  qui guettaient sa sortie, elle s’appuya de nouveau  sur l’un des murs de la pyramide. Elle fut brutalement propulsée à l’extérieur de la pyramide, sur le versant ouest, au moment où le soleil allait se coucher.
 
    Un étrange évènement, assurément !

 

                                                                                                                                 


LES LARMES DU FLEUVE / Marie Sylvie

  



Le Nil ne coule plus
Il pleure.
Ses eaux jadis nourricières 
Sont devenues des larmes lentes 
Des soupirs liquides qui caressent les fondations profanées 
Des pyramides pillées sous prétexte de science. 

Ils sont venus gantés de savoir et de certitudes 
Avec leurs pinceaux
Leurs carnets
Leurs monocles d'érudits
Et ont arraché aux pierres ce qui ne leur appartenait pas. 
Ils ont nommé cela  "archéologie " 
Comme on nomme la violence  "exploration ".

Mais les pyramides savent. 
Elles sentent sous leur peau de calcaire
Le vide laissé par les trésors dérobés 
Les amulettes arrachées
Les sarcophages exilés 
Dans les musées qui se prétendent temples du savoir
Et ne sont que vitrines de l'oubli. 

Le fleuve lui n'oublie pas. 
Il serpente entre les ruines comme un témoin muet 
Portant sur son dos les fragments d'une mémoire brisée.

Chaque vague est une plainte 
Chaque reflet une accusation.
Et dans le silence du soir 
On peut entendre les pierres murmurer :
《 Ce n'est pas l'or qu'ils ont volé 
C'est notre histoire 
Notre souffle 
Notre droit au mystère. 》


              Lorsque la mémoire est pillée
              Le silence devient sacré 
              Et le fleuve apprend à pleurer 
              À la place des morts

Où ? / K

 



Cela faisait six mois que le célèbre Toutânkhamon hésitait.
Cela se transformait en contretemps fâcheux.
Les ouvriers et esclaves avec leurs pelles, leurs outils de terrassement et de maçonnerie, étaient là.

Et lui n’arrivait pas à se décider.
N’était-il pas en train de se tirer une balle dans le pied ? 

Quelle pyramide je prends ?
C’est comme si je creusais ma propre tombe.
Pris d’une inspiration soudaine, il téléphona à l’archéologue Howard Carter.
La conversation dura quelques siècles.
Toutânkhamon ajusta son monocle. Consulta sa carte. 
Pas mal l’idée.
Et si j’allais faire un tour dans la Vallée des Rois ?

LES SECRETS DES PYRAMIDES / Tarval

 


LES SECRETS DES PYRAMIDES

Quelle vérité recèlent les pyramides ?

Ces magnifiques constructions restent une énigme quant à leur construction.

Ses quatre faces représentent les quatre éléments primordiaux,

Les pharaons se considéraient comme des demi-dieux,

Et ces pyramides étaient leurs tombeaux, dans la plupart d’entre elles.

Elles abritaient leurs dépouilles et ils étaient enterrés avec leurs biens funéraires,

Ils avaient l’intime conviction de se rapprocher du dieu RÂ, qu’ils vénéraient.

J’ai mis un monocle mais je n’arrive pas à savoir s’il s’agit des pyramides de Gizeh,

Car je n’aperçois pas le sphinx sur l’image.

Quoiqu’il en soit, le paysage est merveilleux,

Et ce doit être fantastique de visiter une pyramide.

L’Egypte regorge de ces trésors surnaturels,

Sur qui le temps n’a pas d’effets,

Comme si ces monuments avaient été bâtis par des êtres venus d’ailleurs,

Il y a des milliers d’années.

Je rêve d’une chevauchée fantastique à dos de chameau,

Pendant laquelle je m’enivrerai de ces beautés,

J’irai nager dans le Nil,

Faire une pause dans une oasis,

Rencontrer les locaux,

Apprendre leurs coutumes,

Et comprendre ce pays.

Peut-être que je pourrai y aller un jour,

Mais pour l’instant ce n’est qu’un rêve.

Etre, en rêve / Jill Bill

 



Etre, en rêve



Débarquer
Et remonter dans le temps...

Rois de la pyramide, nous voilà... !!

Un léger contretemps cependant
Indiana a oublié, son fouet... !

Pour dompter, des momies... !?
Bref, il se sent nu sans !

C'est sa dernière croisade, il se fait vieux,
Le cadran de la destinée tourne...
Il nous faut trouver le crâne de cristal
Son ultime mission !

Archéologue débutante
J'ai hâte, j'ai hâte, je suis chaude
Comme le sable du désert.......

Le réveil sonne....
Cinq heures, métro, boulot
Paris s'éveille
Le café est dans les tasses
Les journaux sont imprimés
Il est cinq heures, j'ai encore sommeil
Laissez-moi rêver, encore un peu...

19 octobre 2025

18 octobre 2025

Sujet 158 - semaine du 18 au 25 octobre

 Cette semaine, le sujet comporte une petite variation ! 







UN COEUR DE MISÈRE / François

 



UN COEUR DE MISÈRE

 

 

Dessiné d’une main malhabile,

il est un coeur sur un mur de pierre,

Perdu au milieu de la ville,

Qui évoque détresse et misère.

 

De rouge barbouillé,

On distingue une seule lette,

« L»

Est-ce l’existence d’un amour dépouillé,

D’un amour pleuré peut-être?

 

Ce coeur n’et pas gravé sur l’écorce d’un arbre,

Comme il se fait le plus souvent,

Il est comme ces regrets sur un plaque de marbre,

Où une vie perdue a rompu des serments.

 

Le désarroi se lit comme un crampon,

Où la flèche de Cupidon est devenue un harpon.

 

Du rouge / Pierre Lpc

 



Du rouge :

Je me cramponne aux murs, j'ai trop levé le coude.

J'ai ma main qui se soude au verre, liqueur de mûre.

Je tâche la brique dure, le verre vide je boude.

En pleine rue, je m'accoude au comptoir d'azur.


Je chute lourd au sol, mon nez tâche le bitume.

Le sang tourne à l'écume, le caniveau rigole

Le ramène à la fiole que demain on inhume.

le coeur cramponné/Lilou

Le cœur cramponné





Ce cœur-là, peint à la va-vite sur un vieux mur de pierre, a tout d’un amoureux désespéré. Il s’accroche, malgré les fissures, malgré le temps qui l’effrite. On dirait qu’il s’est planté là comme un crampon obstiné, refusant de glisser dans l’oubli. Peut-être voulait-il marquer son territoire, prouver que l’amour peut survivre même sur la pierre la plus dure.

Mais à force de s’accrocher, il finit par ressembler à ce qu’il redoutait : un cœur fissuré, un peu ridicule, qui confond passion et persévérance. Pourtant, au détour d’un rayon de soleil, son rouge écaillé rappelle celui d’un coquelicot battu par le vent — fragile, éphémère, mais vibrant encore d’un éclat de vie.

Peut-être que ce cœur, malgré tout, n’a pas totalement perdu. Car comme les coquelicots qui s’invitent dans les failles des chemins, il prouve qu’un peu de beauté peut pousser même dans les blessures du monde. En somme, un crampon sentimental, oui — mais un crampon fleuri, qui refuse de faner. 

Varlope, Varappe & Lycée de Versailles / Lothar


 


Varlope, Varappe & Lycée de Versailles 

La pépie vient en mangeant

Quatre jours sans ma mère, et c’est tant mieux, mais depuis, qu’est-ce que je mange mal. Et trois jours déjà que je ne vois plus Chloë. Mais elle, elle me manque. On est si complémentaires pourtant. Le bois et la pierre, la varlope et la varappe. Mais où est-elle donc passée ? Mince !

Oui, trois jours déjà… Et j’ai des crampes qui me tordent et me nouent le bas du ventre. Entre toutes, je ne peux plus rester ici. Il faut que je me défonce.

Footing à fond. Trois grands tours de l’île. Étirements. Cinquante pompes plus tard, ici, c’est le concours de pêche en Loire qui commence, alors je fuis, et ce sera mon VTT d’une blinde qui va crier grâce. Je fonds comme une flèche sur les chemins de la Sèvre et poursuis, à bride abattue, à travers le petit pont, à travers le petit bois. J’évite rapidement, en cadence, tous les troncs hérissés, arrachés, affalés sous les coups de butoir de la tempête Ciarán de 2023. Je fonce jusqu’à Pont Caffino. Je freine à mort sur un chien au milieu du chemin ! Tour d’horizon, autour …

Des chaussons et des crampons. Les types qui varappent sur les parois de schiste bleu taguées de coeurs, me refilent des suées. Mais elle n’est pas là. Personne. Demi-tour. Je tourne bride, sur les chapeaux de roue, et repars à toute vitesse, peau des fesses, et peau d’ourse qui débourse, braquet au maxi.

Ligne d’arrivée au jardin. Je me fais trois énormes rondins de 1 mètre aux coins et à la masse. Je prends gros. Je les éclate. Je les scie à la main. Et zig et zag, et zig et zag… Je me les farcis les débitant hargneusement à la cognée, au merlin. Je varlope électrique, à fond de caisse, une montagne de palettes. Je réduis deux victimes en mille bois, en petits morceaux, en cure-dents. Les nourrices d’alimentation en fondent, en fument.

Alors, je décloue, je tape, je scie, je retape, je re-débite, je rabote, je ronge. Je trie et je range ces copeaux. En croles crampons top crolées, en chim, chim chiminey d’un avenir radieux, j’attise et j’allume mon feu.

Illico presto, quatre-vingt-dix copies du Rectorat du Finistère, corrigées, moyennées, escaliers, salopées, varlopées, re-notées, re-GPT, dansent, dansent, leur coûtent un bras, s’emballent …

D’un coup, là où les étoiles tombent, Marc Dorcel sonne aux abonnés absents… je prends cher et m’effondre sur le lit !



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Voici une seconde variation, plus poétique et plus hallucinée :

Varlope, Varappe & Lycée de Versailles (variation nocturne)

La pépie vient en mangeant, disais-je, mais voilà quatre jours sans ma mère et tant mieux, car la faim s’est muée en fièvre. Depuis, je cherche Chloë. Entre toutes, elle était la plus vive étincelle, mais son absence ronge ma poitrine comme un crabe invisible.

Je marche dans les couloirs du Finistère intérieur, où les murs tagués de coeurs tout rouges transpirent l’humidité des pierres. Les nourrices de la mémoire, vieilles femmes de brume, me tendent leurs mains calleuses. Elles disent : « cours, rabote, varlope, tant que ton souffle dure. » Alors j’avance.

Sous mes pas se dresse le concours de pêche, grotesque foire où les corps se balancent au bout des hameçons rouillés. Un chien bien crampon au milieu du chemin me fixe, yeux phosphorescents, museau écumant. Je comprends que je dois le suivre.

Plus loin, une peau d’ourse déchirée claque dans le vent. Elle m’appelle. Je m’enveloppe dedans comme d’un suaire et je poursuis, haletant, vers la cime où les étoiles tombent. Là, sous la voûte fendue, je crois entendre encore la voix de Chloë :

« tant mieux si tu n’as plus de mère, tant mieux si la varlope et la varappe t’usent les bras ; car au bout de la nuit, un avenir radieux s’éveille, mais il faudra payer le prix. »

Je tends la main, mais déjà tout s’écroule, avalé par le silence.



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Alors allons-y pour la troisième variation, burlesque, un peu dada, où les pauvres titres se mêlent au délire :

Varlope, Varappe & Lycée de Versailles (version burlesque)

Quatre jours sans ma mère, tant mieux ! Enfin je respire, je digère mes nouilles froides en dansant la varlope au milieu du salon. Entre toutes mes lubies, c’est la plus brillante : scier les pieds de la table pour qu’elle se transforme en varappe improvisée.

J’invite Chloë. Elle arrive en Peau d’ourse, en crampons, déguisée comme un carnaval du Finistère, en lançant des Nourrices en plastique qui clignotent et chantent du Piaf. On rit, on s’étouffe, la pépie vient en mangeant, et je dévore trois tartes aux fraises de Plougastel sans respirer.

Mais soudain : un chien au milieu du chemin ! Pas de panique : il corrige mes copies de maths au Lycée de Versailles avec une plume trempée dans du chouchen. Quelle classe. Le concours de pêche commence, jette-moi ton hameçon, dis-je, et il me sort un Marc Dorcel en VHS.

Alors tout bascule : les étoiles tombent en pluie de cure-dents, les murs tagués de coeurs saignants crient « Un avenir radieux ! » et je flotte dans une baignoire pleine d’algues phosphorescentes. Entre toutes mes folies, c’est ma préférée. Tant mieux !

Les murmures des murs / L'Entille

 



Les murmures des murs
 
Au printemps les murs sont ornés de minuscules touches de couleur. Des tâches bleues parfois rouges les habillent de gaîté à l’ombre ou au soleil. Des mousses, des fougères, des fleurs ont glissé leurs crampons, accroché leurs courtes et faméliques tiges pour s’épanouir rajeunissant le gris des granits.
Et c’est pendant les nuits d’été que les amoureux du quartier ou les artistes en herbe laissaient leurs traces sur les aspérités des murs, répondant à l’instinct intrinsèque de l’humain depuis des temps immémoriaux.
Les murs des villes lisérés de lierre, auréolés de lichen, oubliés de l’art mais égayés de graffitis et de messages s’ennuient l’automne arrivant.
Mais tout change et les frimas de l’hiver séparent ceux qui s’aiment ou qui s’enchaînent. Les amoureux s’oublient et la tectonique des plaques ouvre des fissures à travers les ciments du cœur.
Des traces resteront longtemps, délavées au fil du temps. Des racines s’immisceront dans les failles et viendront au printemps revenu, réveiller l’envie de renaître, l’envie de revivre et d’aimer à nouveau.
 

Amours coquelicots / J.Libert

 





LE MURMURE DES PIERRES - Marie Sylvie

 



LE MURMURE DES PIERRES


Il était une fois un mur
Pas un mur de séparation ni de défense
Un mur de passage
De promesse
De lumière. 
Un mur sur lequel quelqu'un
Un jour a peint un cœur
Rouge
Vibrant
Net.
Un cœur offert au monde 
Sans peur 
Sans mesure.
Un cœur comme on en voit peu
Posé là sur la pierre encore jeune
Encore lisse 
Comme une déclaration silencieuse. 

Et le temps a passé.
Les saisons ont frotté leur souffle contre la surface
La pluie a glissé 
Le vent a râpé 
Le soleil a brûlé 
Et le cœur lui est resté
Mais le mur lui s'est fendu .

Les fissures sont venues lentement 
Comme des rides sur un visage que l'on oublie de regarder. 
Elles ont creusé leur chemin 
Non par violence mais par négligence
Car rien ne dure sans soin
Ni la pierre 
Ni l'amour.

Et dans une de ces failles 
Presque invisible 
Un crampon est resté 
Petit 
Rouillé 
Oublié. 
Un objet banal
Mais chargé d'une volonté ancienne 
Celle de tenir 
Celle de ne pas glisser 
De rester accroché malgré tout. 

Ce crampon c'est peut-être toi 
Ou moi
Ou celui qui a peint le cœur. 
C'est le geste discret de celui qui croit encore 
Même lorsque tout se fissure.
C'est l'amour qui s'accroche 
Non par éclat
Mais par fidélité. 

Et le mur parle
Il ne crie pas 
Il murmure. 
Il dit : 
《 Regarde ce que j'étais
Regarde ce que je suis devenu 
Et demande-toi ce que tu veux préserver.》

        Même la plus belle des pierres 
        se fend
        Si on oublie d'en prendre soin ...
        L'amour aussi.

Coups de coeur / K


 


Cœur de pierre

Cœur crampon

Cœur rouge

Cœur serré

Cœur de Paul

Cœur gros

Cœur fendu

Cœur du courrier

Bourreau du cœur

Cœur crevé

Cri du cœur

Cœur ouvert

Cœur greffé

Accroche-cœur

Cœur à l’ouvrage

Cœur de lion

Cœur sur la main

Chaud au cœur

Cœur d’or

Baume au cœur