26 avril 2025

Je me souviens / La Licorne

 



Je me souviens de ce grand parc sauvage

De ses odeurs de fleurs et de printemps

Je me souviens de ces senteurs d'orage

Des herbes folles et du soleil levant

De tout ce qui se jouait sur le fil de l'horizon

De ce qui vibrait dans nos pierres et dans nos os

De nos rêves innocents teintés d'hésitation

De toutes ces choses qui rendaient le monde beau

Et qu'au fil du temps lentement, l'on oublie...

Je jouais en ce temps-là au mystérieux étranger

Qui grimpe doucement l'escalier du paradis

Sous la brise caressante d'un nouvel été...

Je me perdais dans le souffle des femmes

Je leur lisais des poésies pour qu'elles s'enflamment

Je leur promettais des nouveaux départs

Dans un murmure, "avant qu'il ne soit trop tard"...

Je me noyais dans la douce indifférence du monde

Avant de me jeter dans une histoire qui ensorcelle

Et de me fondre en volutes vaines et profondes

Sous le charme de la fille qu'on appelle,

De celle qui nous inspire des images vagabondes

Et pour qui l'on fend l'azur en moins d'une seconde...

Oui, Monsieur Teste, j'étais candide et romantique

J'étais plein d'illusions, de folie douce et de musique

Et quand je pense à ces souvenirs de ma jeunesse

J'ai encore la nostalgie de cette fraîche ivresse...

De ces délices et de ces merveilles jolies

Expliquez-moi, Monsieur, je vous en prie...

Comment nous en arrivons à perdre le mystère

Sous le poids de tout ce que nous allons savoir

Comment un beau jour tout ça nous indiffère

Et comment peu à peu nous cessons d'y croire ?

Comment les herbes folles se transforment en chiendent

Et comment, tout à coup, on aperçoit le soleil couchant

Qui jette ses toutes dernières lueurs

Sur les arbres du parc et sur notre bonheur ?

5 commentaires:

  1. C'est tout simplement l'apprentissage de la vie, la vraie...

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    1. Pas sûr... :-)
      La vraie vie est peut-être dans ses débuts, quand l'être n'est pas encore englué dans des obligations et des routines, quand il est encore capable de tout ressentir très "intensément"...
      Beaucoup de vieillards disent ne se souvenir que de leurs premières années et avoir oublié une bonne partie de leur vie d'adulte...
      Sauf s'ils ont succombé à Alzheimer, cela est dû, le plus souvent, au fait, que ces années-là, les années de jeunesse, sont bien plus vives et sincères que celles qui suivent...et qu'elles s'inscrivent donc de façon indélébile dans la mémoire.

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  2. Tu dois avoir sur ta remarque précédente. Avant que la vie et la société qui va avec ne nous abiment, on a la chance de croire que tout est possible que tout ira bien. Enfin ça c'était avant. Avant qu'on bousille aussi la jeunesse avec nos peurs. Que garderont-ils de ce temps qui les tuent avant que d'avoir vécu?
    Très beau texte enchanté et enchantant.

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  3. Un très joli rythme !
    Certes "le poids de tout ce que nous allons savoir", mais nous ne saurons pas tout, et le saurons-nous vraiment ;-)

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  4. Un beau patchwork, où chaque patch contibue, dans un tout où il a sa place. Le tout surpassant grâce au talent comme l’a bien dit Edgar la somme des parties. Ponctué de je me souviens, et d’un romantisme fou, qui dit bien le joug entropique et inéluctable du temps. J’aime.

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