La fille qu’on appelle
Mais pourquoi suis-je descendu dans ces crevasses ? Une crevasse, oui, mais mille et une ? Je me souviens juste que l’on appelait, du bas. Au profond. Moi, je suis descendu dans la fissure. Loin. Et je ne l’ai pas trouvée. La fille qu’on appelle.
Je ne l’ai même pas vue passer. Mes mains sont en sang, et je glisse. Rouge sur vert. Je me souviens. De cette chose grise, en bas qui me fixait. Les choses du bas sont en troupeau, et elles grouillent. Elles appellent une fille. Elles crient. Je les entends toujours.
Les murs phosphorescents éclairent les algues des murs, et elles poussent comme le chiendent. Un chiendent gluant et vert. Je remonte. Je n’ai plus de forces. La douce indifférence du monde autour de moi, ne m’aide pas. Mais pas du tout. Ces choses vaquent. S’occupent. Un ballet sans stress, au son des appels.
Je me souviens. Mais pas du chemin du retour. Cela bifurque sans cesse. Je dois choisir, le fil d’Ariane virtuel, le fil de l’horizon de la sortie, rêvée. Pensée. Je remonte à l’instinct. À chaque fois que je trouve, j’essaye de m’ajouter ce que je trouve. Step by step. Et tel monsieur Teste, je file mon Ariane, je file mon horizon. Têtu, je les construis. Je les pelotte. Et ça appelle autour. Et au fond ça hurle !
Je croise une fille, enfin. Elle descend. Je lui dis le parc sauvage du fond, sombre, plein de choses grises qui grouillent et qui appellent. Elle fixe hagarde le mystérieux étranger que je suis. Les choses l’appellent, je sens qu’elle veut descendre. L’horizon s’obscurcit. Comme un trou noir. Nous ne savons plus du tout ce que nous allons savoir. C’est le vide.
Je coupe le nœud gordien posé sur le fil d’Ariane : Je l’agrippe cette fille. Je crie son nom, à la fille qu’on appelle ! Plus fort encore. Plus fort ! Nous suivons en nous épaulant le non écho jusqu’en surface.
Moralité : si on appelle au fond d’une énorme crevasse, vous pourrez descendre sans problème, mais seul vous ne pourrez plus jamais remonter … C’est dit.
Allons, il est temps de se réveiller ! Le jour va chasser le cauchemar...
RépondreSupprimerDescendre dans les profondeurs, dans ses profondeurs, est une entreprise risquée.
RépondreSupprimerEt fonder tous ses espoirs sur une fille qui ne répond pas...aussi. :-)
Oui. C’est pas faux, comme qui dirait, mais toi, La Licorne comme tu comme menthes, c’est comme une bouffée d’air frais.
SupprimerQuelle chance d'avoir trouver Ariane, c'était pas gagné.
RépondreSupprimerOui. La chance de tomber sur une Ariane qu’on appelle en France, est d’une pour cinq mille. C’est beau et rare. Mince. C’était un peu sur le fil du razoir, toute cette sombre affaire.
SupprimerLa profondeur qui manque cruellement par ces temps troublés...
RépondreSupprimerAlors, je n'irai jamais seule.... ;-) jill
RépondreSupprimerBonjour à toi en ce samedi
RépondreSupprimerWhou ! Contente que tu m'aies donné le lien pour te lire ! Incroyable histoire qui m' a prise par ton fil d'Ariane jusqu'à la fin ! Le suspense terrible ! C'est comme tombé dans le trou noir de nos cauchemars avec cette impression qu'il n'y a pas de fond !
J'aime beaucoup ce récit...