L’INCONNU
Oui, je me souviens de lui… Il a emménagé un matin de mai dans la grande maison au fond de l’impasse. D’où venait-il ? Que faisait-il ? D’après l’étiquette sur sa boîte aux lettres, il s’appelait Monsieur TESTE. Les papotages allaient bon train entre les commères du quartier qui comptaient sur le boulanger, l’épicier ou le boucher pour apprendre des « choses » sur le mystérieux étranger, qu’elles bouillaient d’impatience de partager au club de tricot, avec d’autres qui, de proche en proche, propageraient l’information. « Tout ce que nous allons savoir… » se promettaient-elles. C’est qu’il ne se passait jamais rien de passionnant ici, et tout dérapage de la routine était à exploiter ! Mais l’homme semblait peu enclin à la conversation, distant même selon Jules qui avait voulu l’appâter avec un coup de rouge au bar-tabac. Il faisait un minimum d’achats puis rentrait s’occuper du parc sauvage, envahi par le chiendent. Un jour, quelqu’un a vu entrer chez lui la fille qu’on appelle tous ici «la bancale », à cause de sa boiterie, Mariette de son vrai prénom. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Comment l’avait-il contactée ? Savait-elle qui il était ? Se connaissaient-ils ? Mariette fut assaillie de questions auxquelles elle refusa de répondre, et les jours qui suivirent la pauvre devint la cible de commentaires désobligeants. Qu’elle était loin, la douce indifférence du monde ! Quinze jours plus tard, Madame Dulac disait partout que depuis trois jours, les volets de la grande maison étaient fermés et que le nom sur la boîte aux lettres avait disparu. La trace de Monsieur Teste s’était diluée sur le fil de l’horizon, de même que celle de Mariette.
Un épais mystère ;-) jill
RépondreSupprimerCuriosité + ennui =Répulsif !
SupprimerJ'aime bien ton histoire...et la façon dont tu as inséré les titres...
RépondreSupprimertout coule naturellement.
Merci Dame Licorne !
SupprimerTon texte me fait penser à "la mauvaise réputation" de Brassens. Juger sans savoir, sport endémique au pays de l'ennui.
RépondreSupprimerMais les bonnes gens n'aiment pas que...
SupprimerLa bancale l'avait remis d'aplomb.
RépondreSupprimerYES !!! Chacun soignant les blessures de l'autre ?
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