Je me souviens de ce grand parc sauvage
De ses odeurs de fleurs et de printemps
Je me souviens de ces senteurs d'orage
Des herbes folles et du soleil levant
De tout ce qui se jouait sur le fil de l'horizon
De ce qui vibrait dans nos pierres et dans nos os
De nos rêves innocents teintés d'hésitation
De toutes ces choses qui rendaient le monde beau
Et qu'au fil du temps lentement, l'on oublie...
Je jouais en ce temps-là au mystérieux étranger
Qui grimpe doucement l'escalier du paradis
Sous la brise caressante d'un nouvel été...
Je me perdais dans le souffle des femmes
Je leur lisais des poésies pour qu'elles s'enflamment
Je leur promettais des nouveaux départs
Dans un murmure, "avant qu'il ne soit trop tard"...
Je me noyais dans la douce indifférence du monde
Avant de me jeter dans une histoire qui ensorcelle
Et de me fondre en volutes vaines et profondes
Sous le charme de la fille qu'on appelle,
De celle qui nous inspire des images vagabondes
Et pour qui l'on fend l'azur en moins d'une seconde...
Oui, Monsieur Teste, j'étais candide et romantique
J'étais plein d'illusions, de folie douce et de musique
Et quand je pense à ces souvenirs de ma jeunesse
J'ai encore la nostalgie de cette fraîche ivresse...
De ces délices et de ces merveilles jolies
Expliquez-moi, Monsieur, je vous en prie...
Comment nous en arrivons à perdre le mystère
Sous le poids de tout ce que nous allons savoir
Comment un beau jour tout ça nous indiffère
Et comment peu à peu nous cessons d'y croire ?
Comment les herbes folles se transforment en chiendent
Et comment, tout à coup, on aperçoit le soleil couchant
Qui jette ses toutes dernières lueurs
Sur les arbres du parc et sur notre bonheur ?
C'est tout simplement l'apprentissage de la vie, la vraie...
RépondreSupprimerPas sûr... :-)
SupprimerLa vraie vie est peut-être dans ses débuts, quand l'être n'est pas encore englué dans des obligations et des routines, quand il est encore capable de tout ressentir très "intensément"...
Beaucoup de vieillards disent ne se souvenir que de leurs premières années et avoir oublié une bonne partie de leur vie d'adulte...
Sauf s'ils ont succombé à Alzheimer, cela est dû, le plus souvent, au fait, que ces années-là, les années de jeunesse, sont bien plus vives et sincères que celles qui suivent...et qu'elles s'inscrivent donc de façon indélébile dans la mémoire.
Tu dois avoir sur ta remarque précédente. Avant que la vie et la société qui va avec ne nous abiment, on a la chance de croire que tout est possible que tout ira bien. Enfin ça c'était avant. Avant qu'on bousille aussi la jeunesse avec nos peurs. Que garderont-ils de ce temps qui les tuent avant que d'avoir vécu?
RépondreSupprimerTrès beau texte enchanté et enchantant.
Un très joli rythme !
RépondreSupprimerCertes "le poids de tout ce que nous allons savoir", mais nous ne saurons pas tout, et le saurons-nous vraiment ;-)
Un beau patchwork, où chaque patch contibue, dans un tout où il a sa place. Le tout surpassant grâce au talent comme l’a bien dit Edgar la somme des parties. Ponctué de je me souviens, et d’un romantisme fou, qui dit bien le joug entropique et inéluctable du temps. J’aime.
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