C’était une nuit sans étoiles où le ciel se disputait avec lui-même. Un vent terrible faisait valdinguer des trombes d’eau dans tous les sens, et les vagues vrombissaient leur fureur en devenant des géantes grises crachant des tonnes d’écumes en ébullition. J’étais camouflée sur le rivage près d’une muraille de pierre où je me sentais en sécurité malgré le vent et la pluie qui semblaient servir de parure à cet être en colère qui tonnait de sa grosse voix, et envoyait des éclats de lumière déchirer le ciel nocturne en représailles d’on ne sait qu’elle attaque.
Dans ce contexte apocalyptique, on aurait dit que ce navire, sortant de nulle part, et n’était qu’un jouet de bois se débattant pour rester à flot.
De ma cachette, j’observais la scène, intriguée. Des petits êtres semblant minuscules s’envolaient par-dessus bord, comme éjectés. Les voiles se déchiraient comme du papier. Le mat se sectionna en son centre. J’aurais pu entendre les complaintes de terreur des habitants de ce phasme mécanique mais, je n’entendais que la colère de ce dieu invisible qui faisait éclater sa rage dans le ciel en y mêlant tous les éléments, depuis des heures.
Le bateau qui se craquelait à vue d’œil disparaissait et réapparaissait au rythme endiablé des vagues rendues folles. Le temps ne semblait plus finir de s’écouler, et ce combat incessant réduit à néant les résistances de ce pauvre bateau désarmé qui finit par abandonner la lutte.
Cette histoire s’est déroulée il y a bien des lunes et des lunes avec et sans étoiles.
Aujourd’hui le soleil brille, le sable est fin et ses minuscules grains chauds glissent agréablement sur mes écailles et entre mes griffes, alors que je parcours cette plage en attendant que mes gosses sortent des œufs pour le grand voyage de leur vie.
Ça y est, le premier remonte du lieu de la ponte. Il sort du sable, se met à courir en faisant danser sa petite carapace en direction de la mer… mais que fait-il ? Je le vois rebrousser chemin et s’engouffrer dans les ruines de ce vieux bateau échoué depuis des lustres sur notre plage ! Et soudain ses frères et sœurs, ils sont des dizaines, sortent également et filent aussi vite que leurs jeunes pattes le leur permettent dans la même direction que leur frère. Et voilà que ces garnements s’en donnent à cœur joie à fouiller cette épave qui dormait tranquillement. Je me mets à striduler dans leur direction, mais ce son est si faible que mes petits rebelles feignent de ne pas l’entendre. Je les laisse donc satisfaire leur curiosité car bientôt ce sera le grand départ en pleine eau. Je partirai avec eux et l’année prochaine je reviendrai et serai à nouveau maîtresse des lieux.
Au fait, je m’appelle Utopie, et je suis la reine de cette crique pour des instants dans le temps ;)
Utopie c'est un beau nom pour une tortue
RépondreSupprimerVraiment superbe, que cette histoire : Bravo !!!
RépondreSupprimerMerci, ravie que cette petite histoire vous ait plu. J'ai pris grand plaisir à l'imaginer ;)
SupprimerBelle histoire que celle de ce vieux bateau échoué ! Attention, le tort tue ;-)
RépondreSupprimerMerci hihihi
SupprimerAh la curiosité des mômes.... et ce lieu est parfait pour !
RépondreSupprimerMerci pour votre petit com :)
SupprimerUn commentaire de perdu ça ce n est pas utopique
RépondreSupprimerLes bébés tortues ont tort...
J'avoue ne pas avoir tout compris... ^^
SupprimerUn beau récit épique, circulaire. Avant de relire je mets mon ciré.
RépondreSupprimerMerci
SupprimerBRAVO LAURA
RépondreSupprimerMerci ^^
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