04 janvier 2025

Sujet 121 - semaine du 4 au 11 janvier

 



DIRTY LITTLE THING / Galet

 




 

Ce matin, j’ai soulevé le couvercle du conteneur réservé aux emballages divers, et un coup de vent plus fort que les autres a fait s’envoler une page de magazine pour la plaquer contre la paroi en bois du local extérieur. J’ai vidé mon sac en me retenant de respirer – pas besoin de nettoyer avant de jeter, qu’ils disent – puis je me suis retournée pour récupérer la fugitive, toute gondolée de souillures. Et là, j’ai reçu le choc de cet œil qui semblait me défier de le renvoyer dans la benne.

Etait-ce une publicité pour un produit de beauté quelconque ? La photo d’une personnalité, d'une princesse ? Un article de fond sur la vision ? Seul cet œil sur papier déglacé émergeait d’une couche multicolore et durcie de matières variées et desséchées, et le tout formait une composition surprenante, improbable, délicate finalement.

Surmontant mon dégoût, j’ai regardé d’un peu plus près cette œuvre collective d’une micro-société de consommation : des morceaux bleus de sacs plastiques s’étaient collés sur des traces de ketchup, des restes de crème plus très fraîche échappés d’un pot qui continuait sûrement de se répandre dans le bac, des coulures de jus d’orange peut-être, un bout de papier de soie jaune – je n’osais penser à autre chose –, des traces noires que je renonçais à analyser…

J’étais tout simplement subjuguée par ce montage digne d’une œuvre de street art ! Mais ça vraie définition étant « ordure », il me fallait la récupérer pour la mettre dans le contenant adéquat, à l’aide d’un petit carton qui traînait par terre. Mais avant, je l’ai photographiée avec mon téléphone, ça fera un excellent sujet pour l’atelier d’écriture de ce soir ! Bien sûr, je leur épargnerai les détails…

 



Regard / Jak

 



Oh ! princesse tu as su si bien te farder !

D’un coup de pinceau réaliste

Tu as révélé une larme en lavis délavé

Cette   croute sur tes cils?

un heureux barbouillage, qui s’incruste

tout cet empâtement suggère

 une impression de vie

où semble dériver un iris chatoyant follement captivant

Et qui trouble l’esprit,

produisant un suprême emballement

 

C’est magique et fascinant, qu’une touche

de fard puisse mettre en valeur un regard

 


Aujourd’hui moins que demain /L'Entille

 



Louis s’éveille auprès d’Elsa, sa douce, sa princesse.

Comme chaque matin, il jouit de l’instant où elle va ouvrir les 

yeux, du moment d’avant, quand ses paupières frisent 

légèrement. Les prémisses de son réveil sont un instant de 

pure magie. Ses cils bruns et longs tremblent légèrement.

C’est le moment de chasser enfin le voile nocturne pour 

donner naissance à une nouvelle vie. 


Et ses yeux s’ouvrent. Louis décrit chaque jour cet instant 

intense par sa brièveté, sa douceur, sa force. Il le fait avec ses

mots et son amour infini. Parfois il prend ses couleurs et sur la

toile il tente de traduire son émerveillement devant cette 

alchimie.

Et chaque soir, il s’enthousiasme du prochain réveil d’Elsa. 

Demain il pourra décrire pleinement son émerveillement 

devant les yeux d’Elsa.


PARCOURS / Galet




Lorsqu’on pénètre dans le salon-bureau-bibliothèque, on reçoit le choc du grand tableau accroché entre les deux portes-fenêtres, face à l’entrée. Certains disent déstabilisant ou curieux, d’autres magnifique ou superbe – pour plaire au propriétaire ? – ou étrange, dérangeant, allant jusqu’à « très sympa » pour ceux qui jouent les blasés. A qui en demande l’auteur, il répond sobrement : « une amie ». Point n’est besoin pour tout un chacun d’en savoir plus.

Isabelle l’a réalisé juste avant son dernier reportage, pendant une pause de trois mois qu’elle s’était exceptionnellement accordée, elle se disait un peu fatiguée. Cet aveu aurait dû l’inquiéter, mais après tout quoi de plus normal quand on courre aux quatre coins de la Terre, pour écrire avec ses tripes sur les injustices, les manquements, les crimes de toutes natures, les brimades et les exactions imposées par certains à d’autres ? Isa était journaliste freelance et ne travaillait que sur des sujets de société, souvent au péril de sa vie. Sa force était de se fondre dans les populations, elle ne prenait jamais de photos, son œil était sa caméra et sa plume donnait à voir aux lecteurs de ses articles très sensibles et documentés.

Cet été là, il l’avait trouvée devant une grande toile vierge, sur laquelle elle avait collé, un peu excentré, un immense agrandissement de son œil. C’est lui qui avait pris ce cliché, il aimait ses yeux et n’avait pu résister au plaisir de tirer quelques gros plans de son iris, rond et bleu comme cette planète qu’elle arpentait. Elle avait ri, et maintenant elle s’en servait. Il était resté jusqu’à ce qu’elle déclare avoir terminé, et il connaissait la signification de chaque trace de spatule, chaque épaisseur de peinture posée au couteau, chaque détail relevé au pinceau.

Ses rencontres étaient ici résumées : l’orange des kesas du Tibet et de Mongolie ou des plantations d’agrumes d’Espagne ou de Sicile, le jaune pâle des grèves de Méditerranée où vient échouer la misère d’Afrique et celui plus dur du soleil implacable partout où l’eau vaut un or aussi brillant, le noir du khôl inutile et du linceul obligatoire des femmes d’Afghanistan, d’Iran ou d’ailleurs, le rouge du sang versé ici et là pour la liberté ou son absence, le vert sombre des forêts anéanties, le bleu pur des grands ciels au-dessus des montagnes, celui changeant des mers vides de vie mais encombrées de déchets, le blanc de neiges qui bientôt ne seront plus ou de poudres d’oubli mortelles, le rose d’un espoir qui s’amenuise et auquel pourtant il faut s’accrocher… Elle y avait mis ses cils collés par les embruns du grand large et humides de larmes contenues, elle y avait jeté sa colère, sa persévérance, sa force et ses faiblesses. 

Puis ils avaient profité de ces jours ensemble, avaient beaucoup ri, s’étaient souvenus de ce temps béni de l’enfance où il se voyait chevalier alors qu’elle refusait d’être princesse, exigeant déjà la parité. Et elle avait refermé les volets et lui avait offert son tableau, avant de repartir. Ce que les hommes n’avaient pas fait, un virus qui couvait s’en était chargé, dans un coin perdu de ce monde.



L'art retrouvé / L'Entille




La foule se pressera encore une fois en ce week-end ensoleillé de mai. Pour la vingtième année, l’association qui préside aux destinées du château de la princesse Inès à Tourangel-sur-Loire, organise son festival de body art. L’engouement pour ce spectacle vivant ne se dément pas d’année en année. Toujours plus nombreux, les visiteurs et les amateurs de performances artistiques affluent pour cette manifestation. Tout d’abord un mouvement artistique très confidentiel et controversé, il a obtenu ses lettres de noblesse grâce à des rencontres comme celles-ci. Ne vous fiez pas au côté voyeuriste que d’aucuns mettront en avant. Et pourquoi pas d’ailleurs, l’art est fait pour être exposé, vu et regardé. On pourrait penser que ce courant plonge ses racines avec les sixties pour le côté exhibition. Non, il s’agit bien là d’un art majeur qui remonte à l’antiquité. De nombreuses civilisations ont fait du corps humain leur toile pour exprimer la force, la loyauté, la vie, etc. On parle là, de tatouage, de piercing, de scarification et de peinture. Tout se recycle et l’art n’est pas en reste. La créativité n’a de limites que celles qu’on lui donne.
Si vous avez raté les premiers rendez-vous de body painting, il est urgent de ne pas louper le prochain. Le week-end de Pâques à venir, les artistes seront présents pour exposer leurs œuvres. Si vous êtes un tantinet aventureux, pourquoi ne pas vous prêter au jeu. Les candidats se bousculent, qui pour une main, une jambe, un visage ou même juste un œil.


Couleur locale ? / K

 



Rouge, jaune, bleu, noir, blanc ...
de toutes les couleurs 

Orange, brun :  
prendre des couleurs 

Bleu ou vert ou ... 
les goûts, les couleurs

Les noirs, les blancs
défendre ses couleurs 

Et même, 
chaque année nouvelle,
bonne princesse 
toujours haute en couleur :

annoncer la couleur
-bonheur -santé -prospérité  
en voir de toutes les couleurs, 
à ne pas toujours en voir la... couleur !

 

LES YEUX / J. Libert

 


 
 
    Avez vous remarqué que certaines personnes ont un œil plus ouvert que l’autre ? Pour autant cela ne nuit en rien à l’harmonie du visage.
    L’œil plus grand, plus ouvert est, peut-être, celui qui regarde le monde, la réalité ou les choses  avec étonnement et curiosité ; celui qui s’emplit de la magie des couleurs, conserve, derrière sa rétine, des souvenirs d’ombres et de lumières ; celui qui fait voir la vie en rose même les jours de pluie ; celui qui transforme le banal en exceptionnel, la laideur en originalité ; celui qui déchiffre les énigmes, en savoure les mystères ; celui qui voit toujours en l’autre, un roi, une princesse, un camarade ou un ami.
 
    L’autre œil, moins ouvert ou plus petit, semble prendre le recul nécessaire à une réflexion intérieure ; c’est peut-être celui qui a besoin de se regarder agir, de s’analyser, mais aussi, celui qui se ferme pour ne plus affronter la réalité parfois décevante ; celui qui voudrait ne plus voir mais se force à rester ouvert, malgré tout ; celui qui filtre les images pour n’y laisser entrer que les plus lumineuses ; celui qui devine la vérité derrière les apparences ; celui qui dénonce les hypocrisies et les faux semblants.
 
    Et puis, il y a l’œil dont on parle peu ; chacun le possède, mais ne l’ouvre pas forcément; il est invisible à l’œil nu : le troisième œil
 
    Reste que nos deux yeux font la paire : complices et complémentaires, jamais l’un sans l’autre, c’est leur petit clin d’œil à la vie.
 

LA PRINCESSE AUX COULEURS MYSTÉRIEUSES / Marie Sylvie

 


Il était une fois,  dans un royaume lointain, une jeune princesse nommée Émilie. 

Elle était connue pour ses yeux d'un bleu profond, semblables à des saphirs étincelants, et pour sa beauté envoûtante qui captivait tous ceux qui la regardaient. 
Mais ce qui la rendait vraiment unique c'était le miroir magique qu'elle possédait, un objet ancien entouré d'un cadre blanc élégant, orné de coups de pinceau grossiers de couleurs vives : bleu, blanc, orange, rouge et noir. 
Le miroir n'était pas qu'un simple objet de décoration; il avait le pouvoir de révéler des émotions et des pensées cachées. 
Chaque matin,  Émilie se regardait dans le miroir, essayant de comprendre les secrets que les couleurs voulaient lui dévoiler. 

Un jour,  alors qu' elle fixait son reflet,  les couleurs autour du miroir semblaient s'animer et danser devant elle. 
Le bleu, brillant comme l'océan, murmurait des promesses de calme et de sérénité. 
Le blanc, pur et éclatant,  lui rappelait la clarté et la sagesse. 
L'orange et le rouge, flamboyant comme le feu,  exprimaient la passion et la force.
Enfin le noir, profond et mystérieux,  lui parlait des défis et des secrets à dévoiler. 
Émilie,  curieuse et déterminée,  sentit que ces couleurs lui racontaient une histoire. 
Elle ferma les yeux et se laissa emporter par les sensations. 
Soudain,  elle se retrouva transportée dans un monde parallèle où les couleurs prenaient vie et formaient un paysage saisissant. 
Elle marcha dans une forêt aux arbres bleus et blancs, baignée par la lumière douce d'un coucher de soleil orange et rouge.
Au centre de cette forêt se trouvait un lac noir,  calme et mystérieux. 
Émilie comprit que pour découvrir les secrets de ce monde, elle devait plonger dans les eaux du lac.

Sans hésiter,  elle plongea dans l'eau et se retrouva immergée dans un tourbillon de couleurs. 
Elle émergea dans une salle de bal somptueuse où des chevaliers et des dames de la cour dansaient autour d'elle. 
Les murs étaient décorés de fresques éclatantes, chaque couleur racontant une partie de son voyage. 
Un vieux sage s'approcha d'elle et lui dit : 
-" Princesse Émilie,  les couleurs de ton miroir t'ont guidée jusqu'ici.
Elles représentent les différentes facettes de ton âme :
La paix,  la sagesse,  la passion et les mystères que tu dois encore découvrir. " 
Émilie comprit alors que son voyage n'était que le début. 
Elle remercia le sage et retourna dans son royaume, prête à embrasser les défis et les merveilles que la vie lui réservait avec les couleurs du miroir comme guide. 
De retour dans son palais,  elle se regarda à nouveau dans le miroir et pour la première fois, elle vit son reflet sourire avec une confiance nouvelle. 
Les couleurs,  maintenant apaisées,  semblaient lui chuchoter des promesses d'aventures et de découvertes infinies. 

Et ainsi, la princesse Émilie continua de vivre en explorant chaque jour un peu plus les mystères de son cœur et avec la certitude que tant qu'elle suivrait les couleurs de son âme, elle trouverait toujours la lumière même dans les ténèbres les plus profondes. 

MORALE DE CETTE FABLE :
La morale de cette histoire est que l'exploration de soi et la quête de la connaissance sont essentielles pour surmonter les mystères et les défis de la vie. 
Les couleurs du miroir symbolisent les différentes facettes de notre être, et comprendre et accepter ces facettes nous permet de trouver l'équilibre et la paix intérieure. 

La fable nous enseigne que la connaissance de soi et l'ouverture à l'apprentissage sont les clés pour découvrir la lumière même dans les moments les plus sombres.

Point de vue - Jill Bill

 





Je lui ai fait confiance, j'ai posé ;

Une heure durant, car,

Je lui avais tapé dans l'oeil à ce peintre de Montmartre...


T'as d'beaux yeux tu sais, bref, on connaît....


Déjà il peint au couteau, original,

Ensuite, la suite.......

Au résultat, j'ai fermé les yeux,

Les artistes, hein....


Mais il se met le doigt dans l'oeil

Si il pense me demander les yeux de la tête, pour, un oeil !!


Ah ma princesse, je te reconnais bien là, ça saute aux yeux,

S'est écrié mon prince charmant !


Aaaaah bon !!!!!!


Moui, ton oeil, lapis lazuli,

Et ta façon colorée d'aimer la vie...


C'est vrai que j'aime la pizza quatre saisons ;-)