27 janvier 2025
Sujet 124 - les participants
25 janvier 2025
Ordonnance. / L'Entille
Ordonnance.
-
Docteur, voici votre ordonnance. Que je n’y comprenne goutte, soit! Mais que
vous mettiez le pharmacien en échec, là c’est fort !
-
Madame, ce n’est pas un charabia, vous vous en doutez. Ai-je le temps pour ces
gamineries ?
-
Vous n’avez pas le temps, j’en suis fort aise. Croyez-vous que mon temps soit
moins important que le vôtre ?
-
Madame, je ne me permettrais pas.
-
Et le pharmacien, ainsi que toute son équipe a tenté en vain de déchiffrer vos
hiéroglyphes.
-
Madame! Il est vrai que mon écriture laisse à désirer mais de là à la comparer
à des idéographes.
-
Ah les grands mots ! Mais, mes grands maux à moi ne sont pas prêts d’être
calmés si l’apothicaire est dans l’impossibilité de me délivrer mes potions.
-
Comme vous y allez !
-
Et vous ? Tenez, regardez.
-
Ah oui, quand même ! Je crois que là je me suis dépassé.
-
Le logiciel pour taper les prescriptions est très au point, vous devriez
l’essayer.
-
Peut-être.
-
A ce niveau vous n’avez guère le choix, à moins d’apprécier les retours
d’expérience très désagréables.
-
J’espère que ça pourrait aider à contrer ma dyslexie.
-
Essayez l’intelligence artificielle. Il paraît que ça résout tous les
problèmes.
Le code / Emma
MARQUES DÉPOSÉES / Galet
MARQUES DÉPOSÉES
- Ben, c’est des lettres, dit Alan avec un haussement d’épaules, en passant la photo à sa voisine, même qu’y a les lettres de mon nom, mais elles sont pas ensemble.
Il était très fier de son savoir fraîchement acquis depuis son entrée au CP en septembre et apposait sa « signature » en lettres bâtons sur les cartes d’anniversaire.
- Bien sûr, bon début de réponse, dit son oncle, mais ce n’est pas celle que j'attends.
- C’est écrit dans la pierre, dit Jeanne – « gravé » la reprit son cousin Jules qui était tout de même en cinquième – mais c’est quelqu’un qui savait pas bien pasque y en a plein à l’envers.
- Exact ! valida Benjamin, mais pourtant tout est correct.
- Je sais ! Je sais ! cria Nicolas, y z’ont presque raison, Alan et Jeanne, c’est un jeu que j’aime bien, y en a un chaque fois dans le programme télé, y faut trouver le mot qui reste quand t’as barré toutes les lettres qui forment d’autres mots qui sont écrits dans tous les sens, en hauteur, à l’envers, même en travers ! Tiens, j’ai déjà trouvé : TOME, CAPE, AN…
Tous étaient maintenant têtes contre têtes au-dessus du rectangle de papier glacé.
- Et moi : TON, AME, BOOM, TOY… renchérit Virginie.
- Ça peut pas, c’est de l’anglais ! contesta Maxime.
- Moi, z’ai trouvé PINGOUIN, zozota la petite Line qui ne savait ni lire ni écrire, mais ne voulait pas être en reste.
Leur oncle s’amusait autant qu’eux à les voir si concentrés, mais encore une fois, ce n’était pas la bonne réponse.
- Et si c’était un message d’un pirate pour indiquer où il a caché un trésor ? suggéra Timothée.
- Non, plutôt un message codé comme pendant la guerre, pour dire quand les Américains vont débarquer par exemple. Il faut remplacer chaque fois une lettre par une autre pour pouvoir le déchiffrer, dit Sonia, l’aînée du groupe. Mais le problème, c’est de trouver si c’est la lettre d’avant, ou d’après, ou de plus loin… C’est pas fastoche !
- Et p’têt bien que c’est une liste de courses, ou une recette de cuisine ! gouailla Steph qui ne pouvait pas rester longtemps sérieux. Allez, Tonton, dis-nous !
Comme tous acquiesçaient, Benjamin expliqua qu’en fait c’était une inscription en grec très ancien, trouvée en Crète, avec d’autres blocs gravés semblables et complémentaires et que l’ensemble n’avait encore pas été complètement déchiffré. Le texte était rédigé en boustrophédon, c’est-à-dire en zig-zag, donc une ligne sur deux était écrite à l’envers, c’est pour cela que Jeanne avait repéré les caractères à l’envers. Si c’était une écriture moderne, ils pourraient lire ces lignes avec un miroir ! Et il leur montra un exemple trouvé sur internet. Les enfants trépignaient, tous voulaient essayer. Les adultes venus jeter un œil dans le bureau s’étaient aussi pris au jeu.
Pourtant l’heure tournait et chaque famille devait regagner son domicile, mais les enfants s’étaient juré d’échanger une lettre par semaine en boustrophédon ! En montant dans sa voiture, Ben souriait, content de son initiative mais très dubitatif quant à ce serment enfantin !
A...B...C… / J.Libert
A...B...C…
Avant son entrée à l’école primaire du bourg, à 5 ans, c’est son père qui lui avait fait nommer, répéter, dans l’ordre, les 26 lettres de ce magnifique alphabet ; mais chaque fois qu’elle se trompait, il la corrigeait sévèrement à en avoir les cuisses bien rougies.
Les lettre entrées dans ses chairs, quelle ne fut pas sa fierté de les découvrir, de les lire sans erreur et d’un trait, écrites à la craie blanche sur le haut du grand tableau noir qui couvrait le mur de la petite classe.
Plus tard, docile, appliquée, la jeune Sonia répétait , journellement, l’enseignement ritournelle mnémotechnique de sa première maîtresse : re la roue, se la souris, pe la jambe à papa, que la jambe cassée etc. Ainsi,l’apprentissage de la lecture lui parut chose facile et fut , pour elle, une activité joyeuse.
Est ce pour ces premiers souvenirs que la vieille Sonia préfère encore, aujourd’hui, le manuscrit à l’ordinateur ? Elle adore manier le crayon pour former des lettres même si celles ci évoluent avec le temps. Elle se demande toujours, naïvement comment on a pu et comment on peut inventer autant de mots avec seulement 26 lettres : tant de mots trésor mais aussi tant de mots tueurs – À nous de choisir !-
A la masse ? / K
Kryptos : -Je te l’avais dit, encore une course au
trésor truquée. Il n’y a aucun levier, aucune trappe, pas de tiroir
secret, tout est bloqué, rien ne bouge, ne rêve pas d’une lettre amovible, tout
est en pierre !
Enigmus -Ah d’accord ! Alors va chercher les cadors !
Puisque là ils nous prennent pour des condors, on va leur montrer qui sont les
ténors, foi de conquistador !
Kryptos alerta leurs deux camarades costauds Kulbutor et Kognesec
qui attendaient à deux pas.
-Les gars, vous êtes prêts? Allez, amenez vos masses. Pas de
quartier.
Les deux bestiaux ne se firent pas prier : ils mirent tout
leur cœur à pulvériser l'obstacle qui contrariait tant leurs bons
maîtres.
Leur œuvre accomplie, enfin, le parchemin s'offrit à Kryptos
et Enigmus.
Ceux-ci malgré leurs efforts ne parvinrent pas à le
dérouler.
- - Kryptos, rappelle les cadors !
À LA RECHERCHE DE L'OR...THOGRAPHE / Marie Sylvie
Les chercheurs d'or / Jill Bill
19 janvier 2025
Sujet 123 - les participants
18 janvier 2025
Pauvre Jean / Lilou
Pauvre Jean
Quand je vois cette photo, si
belle si colorée , je ne peux m’empêcher de penser à cette histoire que l’on se
raconte chaque fois que l’hiver approche.
Jean, homme fort, courageux toujours habillé avec sa chemise à carreaux du Canada, prend sa hache et s’en va vers la remise pour couper son bois. Sûr qu’au mois de novembre c’est un peu tard dans la saison mais Noélie, sa compagne l’a quitté, sur un malentendu et elle est partie convolée avec Justine l’ex de Jean. Le pauvre bougre a mis plus de trois mois pour se remettre de cette trahison.
Alors qu’il est en pleine action,
un jeune de bel indien, plume au chapeau passe par là et tout en lui disant bonjour, il lui
signifie que l’hiver va être rude. Jean qui pensait que son stère était
suffisant pour l’hiver décida de continuer encore un peu. Un peu plus tard, le
bel indien repasse près de lui, voit le tas de bois grossi et hoche la tête et
dit :
« L’hiver sera rude et
même très rude ! »
Dubitatif, Jean regarde son tas
de bois évalue les stères et se dit que si le bel indien, autochtone lui dit qu’il
fera froid et même très froid, c’est que cela va être terrible.
Il décide donc de couper encore
quelques troncs. A la fin de la journée, Jean est épuisé mais très content. Il
aura chaud cet hiver. Son poêle acheté avec Noélie sur un coup de cœur, va
ronfler de toutes ses flammes et avec Totore, sa chienne patou, il va couler
des jours tranquilles.
Alors qu’il se débarrasse de ses
vêtements trempés de sueur, le bel Indien revient et lui dit dans un grand
sourire :
« l’hiver sera froid très
froid, rude très rude ! »
Jean est décontenancé. Pourtant
au tonnage de bois entassé devant la terrasse, il pensait que finalement c’était
bien suffisant. Agacé par cet olibrius, il finit par lui demander :
« Et pourquoi l’hiver sera froid, très froid et rude
très rude et pourquoi pas glacial ? tant que vous y êtes !
»
Le bel indien caresse sa barbe de
cinq jours et lui déclare :
« Chez nous on dit que quand
l’homme blanc coupe du bois c’est que l’hiver sera rude ! »
L’indien entendit soudain le
bruit d’un corps qui tombe ! Jean s’était évanoui !
LE BÛCHERON CANADIEN / J.Libert
Sa veste sur une épaule, son sac à dos sur l’autre, il allait d’un pas allongé qui coulait sur les nappes de mousse. Les conifères dirigeaient leur cime pointue vers le soleil, les grands chênes étalaient leur imposante ramure et l’écorce des bouleaux éclairaient les sous bois d’une blancheur fantomatique. De temps en temps, des feuilles mortes et rousses, que le frimas n’avait pu détacher, flambaient, tordues et ratatinées de sécheresse.
En arrivant à l’étang, une dizaine de barques de pêche, amarrées dans la crique, dansaient sous le clapotis des vagues au son d’un petit bruit métallique.
Une poule d’eau nageait à la frange des roseaux, allongeait le cou par saccades comme un jouet mécanique
L’allée s’infléchit brusquement, déboucha sur une large trouée. Un seul petit nuage se reflétait dans le bleu de l’étang. James s’arrêta, surpris par le silence. Debout, il s’abîma quelques instants dans une bienheureuse contemplation. Il se voyait déjà prenant une pause bien méritée après une matinée d’abattage d’arbres signalés comme étant fragilisés ; Fatigué mais satisfait du travail, il partageait le casse croûte avec ses compagnons avant de s’y remettre et d’achever le nettoyage de la parcelle.
Dommage, le temps pressait ! Il avait rendez-vous dans un quart d’heure à la mairie du village pour s’inscrire comme ouvrier bûcheron… et les contrôleurs des Eaux et Forêts, peu nombreux, ne transigeaient pas sur les horaires de recrutement.
Par intervalles, une douce plume de brise ridait la surface de l’étang de façon fugace.
James, envahi par la beauté du lieu, ressentit, le temps d’un éclair, une sensation d’éternel le délivrant de toute menace humaine. A nouveau, tout lui redevint familier. Il reprit sa marche après avoir jeté un dernier regard derrière lui.
L'INDIEN DECU / Marie Sylvie
Jour de joie à la santé / L'Entille
Jour de départ à la Santé.
Trois détenus se sont éclipsés.
L’un a été hélitreuillé, mal arrimé.
Le deuxième a oublié de respirer
Le troisième a plongé dans les bras de Morphée.
Dixit le dirlo, le couperet va tomber.
Une enquête menée,
Des sanctions distribuées.
Jour de fête à la Santé
Nous les prisonniers,
On n’est pas des lapins du clapier,
On va pas attendre la prochaine levée
Pour distribuer le courrier.
Oui, des têtes vont tomber.
Jour de deuil à la Santé.
Trois plumes se sont envolées.
Nous, les parias de la société
On va chanter leur liberté recouvrée
Du haut en bas des escaliers.
Ils ne pourront pas nous bâillonner.
Jour de joie à la Santé.
Métier d'antan / Galet
Je prends ici la plume pour vous parler d’un métier aujourd’hui disparu, du moins dans sa version initiale, celui de bourreau des cœurs.
Personne ne saurait dire où et quand il est apparu, mais c’était à coup sûr à l’époque où on considérait que le cœur était le siège des émotions, et tout particulièrement l’amour et toutes ses déclinaisons.
Il ne fallait pas confondre ce professionnel avec son collègue décolleur de têtes. Non, lui était plus subtil, il recensait les cœurs meurtris à la disparition de leur enveloppe charnelle et se chargeait de les éliminer à jamais pour que personne n’ai la tentation de se les approprier. La condition principale pour exercer était bien évidemment d’être sans cœur.
Bien sûr, cela n’excluait pas les préférences : un cœur de pierre était un défi, le tranchant de la hache pouvait riper, voire blesser celui qui tenait le manche, il fallait souvent s’y rependre à plusieurs fois avant de créer la faille qui faisait exploser la masse. Le cœur sec, lui, cédait beaucoup plus facilement. Un cœur tendre, par contre, pouvait poser problème, il glissait sous le fil, se déformait, et le travail était parfois moins net. Il lui fallait aussi attacher les cœurs volages au billot de crainte qu’ils ne s’échappent avant que la cognée ne s’abatte. Par contre il refusait les cœurs brisés, la besogne ayant été bâclée en amont, mais il guettait les cœurs à prendre, ils représentaient des clients potentiels. Quant aux cœurs d’artichauts, il les débitait délicatement, comme on effeuille une rose.
Quelques uns cependant sortaient du lot et l’obligeaient à des précautions qu’il jugeait fastidieuses. C’étaient les nobles cœurs, les cœurs fiers ou vaillants qu’il fallait manipuler avec précaution de peur de heurter l’opinion, même s’il pensait parfois que le faire aurait pu révéler quelques failles dans le cœur d’autrui… Sa pire crainte était de tomber sur quelqu’un comme lui, qu’il lui faudrait alors abandonner aux supplices traditionnels. Il savait pourtant que c’est ainsi qu’il finirait.
Le temps et les siècles passant, la charge s’est éteinte, même si la dénomination persiste. Le champ d’action du bourreau des cœurs s’est considérablement rapetissé, seules les âmes faibles se laissant prendre dans la nasse des sentiments. On considère aujourd’hui qu’un cœur peut avoir une seconde chance dans un autre corps, après que des gens jugés très compétents lui aient dénié le rôle qui autrefois le condamnait. Le cerveau, même s’il avait toujours été partie prenante, détient aujourd’hui le monopole des décisions bonnes ou mauvaises qui engagent la vie de tout un chacun. C’est probablement ce que Monsieur Guillotin avait essayé de faire comprendre avec ses nombreuses expérimentations, et son invention n’a jamais été détournée de ses intentions premières. Y manquait la subtilité sans doute, cause de sa disparition.
Euh... / Jill Bill
13 janvier 2025
Sujet 122 - les participants
11 janvier 2025
Le pianiste d'Alicia/Lilou
Le pianiste d'Alicia
Alicia était là comme chaque jour depuis une semaine, après l’école. Il avait plu, une pluie orageuse qui avait laissé quelques flaques qui amusaient les enfants surtout les plus petits. Autour de lui, les passants vaquaient à leurs occupations ; certains pressés faisaient fi des trottoirs glissants d’autres prenaient leur temps et musardaient leur cabas à la main contemplant les vitrines qui à cette heure du jour commençaient à s’allumer. Lui, il ne voyait rien. Il était pris par la musique ; il la vivait au point d’oublier qu’il était installé devant un bistrot, qu’il faisait la manche pour gagner trois sous. Il jouait jouait jouait malgré l’humidité de son blouson malgré ce piano droit qui n’avait rien à voir avec son piano de concert.
Ah ! les concerts, il se souvenait de son rêve. Il
s’était vu à Pleyel ou Berlin ou Carnagy Hall. Il se souvenait de Diane,
violoniste avec qui il voulait monter un duo et en attendant ils s’étaient
mariés et très vite Alicia était venue au monde, un bébé qu’il adorait. Mais
rien de tout cela. Alors qu’il était promis à un avenir de concertiste
brillant, un stupide accident, un bras brisé et le pouce broyé avait mis fin à
sa carrière. Il s’imposa une rééducation longue et difficile pour récupérer de
la dextérité, rééducation durant laquelle Diane le quitta emmenant Alicia avec
elle, pour s’installer en Suisse, auprès de ses propres parents pendant qu’elle
parcourait le monde avec les plus prestigieux orchestres.
Malgré son courage jamais il ne put revenir à un niveau
international.
Maintenant il vivotait de quelques cours de musique et pour
assurer un petit complément il était là le soir et essayait de faire connaître
la musique, la grande musique.
Et puis un jour, Diane, revenue s’installer dans cette
grande ville, l’avait aperçu. Elle en avait été bouleversée et les remords se
réveillèrent. Elle avait alors confié à Alicia que cet homme était son père. Bien
sûr elle lui avait racontée quelques histoires à propos de lui mais les mots
étaient un peu évasifs. Diane ne put empêcher sa fille de se rendre chaque jour
rencontrer ce père qu’elle ne connaissait pas encore.
Voilà pourquoi Alicia calée comme le tronc d’un platane,
venait l’écouter, l’entendre subjuguée par ses mains qui couraient qui
caressaient les touches comme le souffle de la brise.
Elle sait qu’il la voit. Sait-il qui elle est ?
Osera-t-elle lui parler ? Moi je crois que oui.