La bourse et la vie / Lilousoleil

 

 

 

C'était un petit horloger rue saint Paul. Les Lyonnais connaissent inévitablement cette échoppe que Bertrand Tavernier a mise en exergue dans son film. Oh que non, je ne vais pas vous relater ce drame inoubliable, mais plutôt les souvenirs d’une petite fille qui vivait là dans les maisons renaissance de ce quartier lyonnais. Dans cette rue à l’époque peu passagère, les voitures étaient rares, elle pouvait jouer au ballon sans crainte ; c’était drôle car la rue, pentue et pavée permettait de faire faire des trajets biscornus à la balle et bien malin celui qui arriverait à l’attraper malgré les rebonds sur les cailloux, certains des  têtes de chat qui se dressaient dépassant de parfois de cinq centimètres. Chaque semaine, le samedi après l’école,  oui à cet époque il y avait école  le samedi, un groupe de galopins se réunissait autour du capitaine,  le plus âgé de la bande et nous jouions à cache cache dans les traboules un lieu sacré pour les planques. Et le chef, il en connaissait un rayon pour nous embarquer dans des coins secrets comme ceux que recelaient la boutique de l’horloger et là nous sortions nos sacs et bourses et partagions un paquet de biscuits et quelques bonbons glanés ici et là.

Cela dura quelques années et la petite fille suivit ces parents dans un endroit plus loin du centre du Vieux Lyon, là où il n’y avait plus de copains copines, plus de solidarité. Ce fut une autre enfance.

Vous l’avez deviné cette petite fille c’était moi.

Pour être précise, l’horlogerie n’a jamais existé. Bertrand Tarvernier, Lyonnais, avait créer une horlogerie dans la boutique d’un cordonnier. Quand nous entrions, l’odeur  du cuir et du néoprène nous prenait les narines.